Avec l’installation d’un robot de traite, la détection des mammites est chamboulée. En traite robotisée, l’éleveur perd le contact avec la mamelle au niveau visuel et au niveau du toucher. Il n’y a plus de palpation et élimination des premiers jets. Il devient donc essentiel de faire confiance à la machine, au logiciel, et d’adapter ainsi ses pratiques.
Apprivoiser la machine : maintenance quotidienne et réglages
Une maintenance quotidienne est essentielle pour prévenir les risques sanitaires. Tout doit rester propre et en ordre de fonctionnement et les consommables à disposition. Attention aussi au changement de manchons qui ne doivent pas dépasser 2500 traites (soit au minimum tous les mois). La désinfection, à la vapeur ou au peroxyde d’hydrogène, donne de très bons résultats et est primordiale pour limiter la propagation des infections.Mais encore faut-il s'assurer de leur bon fonctionnement et réglages !
Le nombre de passages et de traites renseignent sur le comportement du troupeau. Il faut s’assurer que le nombre de refus se situe autour de deux. S’il est trop élevé, le risque est de déclencher l’éjection du lait et l’ouverture des sphincters sans traite. Dans le cas contraire, des traites peu régulières et trop écartées conduisent à des risques de contamination au couchage. Veiller à ne pas dépasser 2.8 à 2.9 traites par vache et par jour pour éviter de trop solliciter les sphincters. Pour les vaches hautes productrices, les intervalles de traites, surtout en début de lactation, doivent être supérieurs à 6 h.
Se former à la compréhension des indicateurs
Il faut savoir interpréter les données par quartier (conductivité, quantité de lait, traite incomplète), mamelle (comptage cellulaire) et synthétique (MDI, MQC…). Ces derniers sont très pertinents pour des mammites très expressives. Par contre, en cas de mammites avec très peu de symptômes ou subcliniques, il est nécessaire de revenir à une analyse plus fine et il faut la confronter à la réalité clinique. Pour cela, un examen direct de la mamelle, pour vérifier la présence de grumeaux, réaliser un CMT et si besoin traiter, doit se faire dans un lieu approprié : quai de traite, box de dérivation.
Passer de l’alerte à l’action
Bien équipé pour intervenir sur la mamelle, le robot permet d’intervenir tôt sur les infections et d’avoir un taux de guérison satisfaisant. Si les résultats cellules sur le tank sont dégradés, réaliser un bilan « santé mamelle » avec son conseiller permettra de trouver les pistes pour les améliorer.
Laurie Hayez, Ain Conseil Elevage.
« Jean-Pierre DUTANG, EARL Bois le Vin, Civrieux (01)
Faire confiance au robot et agir vite
Le choix du robot s’est très vite imposé lors de la réflexion de son projet. Les 120 vaches sont toute l’année dans le bâtiment avec 120 logettes creuses et en ration libre-service, avec complémentation au DAC et au robot. Pour l’éleveur, hors de question de détériorer la qualité du lait avec la mise en place du robot. Le prix du lait est déterminant dans la rentabilité de l’atelier.
Comment gérez-vous les mammites ?
« Il faut faire confiance au robot et de toute façon la machine est plus performante que l’œil humain. La détection se fait dans la plupart des cas plus tôt que lorsque moi-même je trayais. Alexandre et moi sommes vigilants aux aspects de milieu notamment sur le logement et sur les aires d’exercices. Je pense que les équilibres alimentaires doivent être bien maitrisés aussi. Pour le reste, la détection se fait uniquement par le robot. Les vaches en alerte conductivité sont repérées tous les jours et lorsqu’une baisse de productivité est couplée à ce critère d’alerte, dans 80 % des cas nous traitons l’animal. La détection est bonne et précoce. Nous programmons alors ces vaches en traite uniquement matin et soir afin de mettre les tubes généralement sur trois traites. Pour les 20% restant qui sont de plus petites infections, il nous arrive d’en passer quelques-unes en traite immédiate et les vaches se ré-assainissent assez vite.
Les cellules sont elles un critère de sélection ?
Jusqu'à aujourd’hui, nous n’avons jamais privilégié ce critère là au niveau sélection. Nous n’avons pas de soucis pour le moment mais si la situation venait à se détériorer pourquoi pas. Par contre, sur les vaches infectées depuis plusieurs mois via les résultats du contrôle de performance, nous n’hésitons pas à réformer pour limiter les contaminations. »
Propos recueillis par Laurie Hayez.