Mammite et Vitamine D : quel intérêt?

Une récente étude menée par des scientifiques du service de recherches agricoles de l’USDA (U.S. Département of Agriculture) sur l’utilisation de la Vitamine D comme remède naturel à la mammite a fait réagir le "petit monde" de la qualité du lait. Au premier abord, pour cette solution miracueluse contre les mammites, il s'agit d'un coup de projecteur sur un projet d'étude en manque de financement. Mais dans le cadre de la réduction générale de l’antibiothérapie en élevage, cette communication mérite une attention particulière et le décriptage qui suit :

La vitamine D, ses caractéristiques et son rôle moins connu sur le système immunitaire…

La vitamine D peut se présenter sous plusieurs formes dans l’organisme, des formes assez semblables mais qui lui confèrent des caractéristiques différentes. Cette vitamine est produite dans les couches profondes de l’épiderme quand celui-ci rencontre les rayons du soleil. Elle est connue pour son utilité dans le processus de calcification des os où sa présence permet une amélioration significative de la calcification.

Sous une forme un peu plus élaborée elle  est utile au système immunitaire. Elle joue alors un rôle de régulateur sur les cytokines, de petites molécules qui servent de balises au système immunitaire pour le centrer le plus possible sur le lieu de l’infection. C’est sous ce rôle qu’elles apportent un gain significatif sur le traitement et la prévention des cancers.

Sous une forme plus brute cette vitamine acquière une caractéristique antibactérienne. C’est sous cette forme qu’elle est utilisée dans l’étude américaine. Liée à une pommade intramammaire neutre et injectée dans les quartiers d’animaux ayant une mammite clinique, elle permettrait selon les termes de l’étude "une baisse significative du nombre de bactéries présentes par rapport à un lot témoin n’ayant eu que la pommade neutre". Pas un chiffre n’a filtré outre atlantique sur l’aspect quantitatif de cette baisse, mais cette information reste aujourd’hui intéressante dans la recherche de solutions pour un meilleur traitement des mammites.

Des suites à donner sur l’utilisation de molécules hors antibiothérapie pour le traitement des mammites….

Les précédents à l’amélioration du traitement des mammites hors antibiothérapie n’ont pas donnés de résultats trés concluents. Par exemple, l’administration par voie intra mammaire d’huiles essentielles en curatif n’a pas donné pour le moment de résultats satisfaisants, en France comme ailleurs, même si elle reste une voie à explorer. L’administration de polysaccharides de levures réalisé par l’USDA aux USA n’a pas non plus donner de résultats probants. Le traitement des mammites par homéopathie manque d’études approfondies et son utilisation sur le terrain est trop hétérogène. Ces différentes techniques sont intéressantes en préventif, assurent l'arrêt des symptomes, mais pas la disparition des germes pathogènes.

Aujourd’hui les applicateurs intra mammaires sont composés généralement d’une ou plusieurs molécules antibiotiques et d’une molécule anti-inflammatoire. Dans certains produits à base de pénicillines il est rajouté un inhibiteur de pénicillinase, l’acide clavulanique, qui permet de meilleurs résultats sur l’utilisation de la pénicilline. Avec ces cocktails il est difficile d’espérer plus de 50% de guérison clinique et bactériologique suite à un traitement. La multiplication des traitements n’améliore d’ailleurs que très peu ce résultat.

Généralement la guérison clinique (suppression des symptômes : Inflammation, T°, grumeaux…) apparaît rapidement car l’utilisation d’un anti-inflammatoire permet de cacher les symptômes.

La guérison bactériologique (suppression de la totalité des bactéries présentes) est par contre beaucoup plus difficile à avoir. L’antibiotique donne un coup de pouce aux défenses de l’animal en détruisant ou en limitant la prolifération des bactéries, mais quelques fois ce coup de pouce n’est pas suffisant.

L’idée d’ajouter à ces applicateurs de la vitamine D, qui fait de son côté un travail antibactérien, permettrait d’améliorer le traitement quelques soit la bactérie traitée et le résultat obtenu par l’antibiothérapie. Cependant, le problème rencontré sur le terrain aujourd’hui n’est pas forcement une efficacité trop faible des antibiotiques, mais plus souvent une mauvaise utilisation par les éleveurs. L’utilisation hors AMM faite par certains éleveurs, qui prennent des libertés sur le traitement en utilisant un nombre plus faible ou plus élevé d’injecteurs, est problématique. Cela peut être amplifié par le fait de ne pas toujours utiliser la lingette alcoolisée pour nettoyer le sphincter. Sans parler des cas ou plusieurs antibiotiques sont utilisées ou mélangés dans la mamelle.

Le résultat d’un traitement de mammite, qu’il soit réalisé par antibiothérapie ou non, reste en grande partie lié au temps que prend l’éleveur à intervenir entre les premiers symptômes et le traitement, ainsi que de la bonne utilisation des produits. L’ajout de Vitamine D dans les injecteurs, si elle est reconnue utile au traitement, sera toujours un plus pour améliorer la guérison bactériologique des mammites. Mais seule une meilleure utilisation des produits de traitements permettra une amélioration importante des taux de guérison sur le terrain.

Samuel BOUCHIER, Isère Conseil Elevage

Tags: