L’urée du lait: un indicateur du rationnement.

Le dosage de l’urée du lait reflète l’urémie moyenne. Par comparaison, l’urémie (sang) n’apporte qu’une information ponctuelle, perturbée par la proximité des repas.

L’aspect intéressant de l’analyse de l’urée du lait est son potentiel pour l’évaluation de la stratégie alimentaire. L’utilisation efficace de la protéine alimentaire est l’un des plus grands défis de l’alimentation de la vache laitière. En plus de contribuer à l’amélioration générale de l’efficacité métabolique de l’animal, ce dosage peut aider à réduire les coûts de concentrés engendrés par une suralimentation en protéines, tout en évitant un gaspillage à la fois de protéines et d’énergie ingérées.
Des questions se posent quant à savoir qui influence le taux d’urée du lait. Est-ce la protéine alimentaire, l’énergie ou la fibre ?
Un taux d’urée élevé : des origines différentes

Un taux élevé d’urée dans le lait peut être causé par un excès de protéines en relation avec l’énergie disponible pour les utiliser. Ce phénomène peut être attribuable à un taux excessif de protéines, à un manque d’énergie fermentescible ou à une mauvaise dégradation ruminale. Dans ce cas, la première étape consiste à réduire la protéine de la ration.
Toutefois, il ne faut pas oublier qu’un manque de glucides fermentescibles, tels l’amidon, les pectines et les sucres, peut provoquer les mêmes effets. Il peut être recommandable d’augmenter l’apport de glucides à la ration (énergie) plutôt que d’abaisser la part de protéines (azote).
Une autre cause d’un taux élevé d’urée serait un environnement ruminal défavorable. Un pH ruminal faible, un taux anormal d’acides gras volatils et un apport insuffisant de fibres efficaces peuvent, en effet, réduire la prolifération des micro-organismes.
Un faible taux d’urée du lait peut traduire un manque d’ammoniac au rumen, résultant d’un niveau trop faible de protéines brutes. Cela aura pour conséquence de limiter la croissance des micro-organismes.
 
Le confort animal se situe entre 0,20 et 0,30 g/L.
Un taux d’urée inférieur à 0,2 g/L exprime une disponibilité limitée en azote dégradable, avec une activité réduite de la microflore ruminale. Des résultats supérieurs à 0,33 g/L (variable selon le niveau de production laitière) révèle une intoxication ammoniacale chronique susceptible d’expliquer par exemple des troubles de la reproduction. Il semble donc que la zone de confort pour
la vache soit comprise entre 0,20 et 0,30 g/L.
Eric Bertrand,
Contrôle Laitier de la Haute-Savoie
 

<<Gaec Le Miribel, Villard (74): Les analyses d’urée du lait permettent d’éviter les gaspillages

Pour quelles raisons avez-vous adhéré au service urée ?
La connaissance du taux d’urée dans le lait nous permet d’ajuster, mois après mois, l’alimentation de notre troupeau. Le contrôle laitier a développé un service urée avec des prélèvements vache/vache en même temps que le contrôle. Les résultats sont ensuite éclatés par stade de lactation (< 90 jours, >200 jours…) sur un graphique et croisés avec les données TB et TP du contrôle.
Comment réagissez-vous ?
Lors de la mise en place du service, j’ai adhéré immédiatement. J’utilisais les bandelettes azotest. Ces bandelettes étaient moins précises, mais permettaient déjà une bonne surveillance des excès d’azote de la ration. Normalement, les taux d’urée sont compris entre 0,25 et 0,35 g/L de lait. J’essaie de rester dans cette fourchette. Le mois où le taux d’urée est élevé, je réajuste la quantité de concentré distribué aux différents stades de lactation en fonction des résultats d’analyses. Cela m’a permis de réduire mon poste concentrés de 20 % car nous avons tendance à distribuer trop d’azote. Ces dosages me permettent d’éviter les gaspillages.  >> Propos recueillis par Eric Bertrand

 

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