Les taux cellulaires caprin : un bon indicateur pour contrôler les infections de la mamelle

Les laitiers et les fromagers ont un même combat : limiter la transmission des infections et assainir le troupeau. Les pénalités se durcissant, les comptages cellulaires individuels deviennent un outil indispensable pour piloter les actions à mettre en place dans l’élevage. L’objectif pour chaque chèvre est d’être à moins de 750 000 cellules par ml de lait.

 

 

 

 

 

Cellule : qui es-tu et d’où viens-tu ?

Les leucocytes ou globules blancs sont un moyen de défense de la mamelle. Toutefois, un dénombrement important dans le lait est signe d’inflammation et d’infection de la mamelle. Les bactéries, essentiellement des staphylocoques, pénètrent dans la mamelle par le canal du trayon, via le sphincter. Pour maîtriser ce phénomène, il faut prévenir et guérir.


 

 

 

 

 

 

 

Des mesures préventives pour limiter les nouvelles infections

Pour éviter au maximum la transmission des germes lors de la traite, il faut avoir une machine à traire en état, bien réglée (vérification annuelle, niveau de vide et fréquence de pulsation correcte) et disposant d’une caoutchouterie non craquelée.
Lors de la traite, faisons la guerre à la surtraite, à la « repasse », au massage et à l’égouttage, limitons les phénomènes d’impacts en évitant les entrées d’air à la pose et à la dépose (couper le vide), et regardons l’état des trayons en fin de traite. Tout cela permettra au sphincter de jouer son rôle de « barrière », empêchant l’introduction de germes dans la mamelle.
L’infection de la mamelle est très rapide en début de lactation, surtout pour les primipares. Un ordre de traite s’impose alors : traire en premier les primipares puis les chèvres saines pour terminer par les chèvres les plus gravement infectées.
Le post-trempage permet de réduire de 40% les nouvelles infections sur l’ensemble de la lactation. Il est encore plus efficace en début de lactation, les nouvelles infections sont réduites de 60% pendant les 2 premiers mois ! (Expérimentation AFSSA Niort)


Bien tarir, c’est la mesure curative.

Le tarissement est une période capitale pour assainir la mamelle et réduire le réservoir de bactéries. La mamelle refait ses défenses immunitaires. Il faut donc avoir une durée de tarissement suffisante, soit 60 jours.
La guérison spontanée varie de 20 à 60% en fonction du type de germe et de l’ancienneté de l’infection. Un traitement antibiotique adapté permet d’accroître le taux de guérison, d’autant plus, si les animaux traités sont bien ciblés. Il est inutile de traiter des animaux incurables ou gravement infectés, mieux vaut les réformer.

Alain Drutel, Loire Conseil Elevage

 


« EARL des 3 Prés, Gigors et Lozeron (26) )

Les cellules, un travail à long terme

Les associés de l’EARL ont suivi une formation sur la maîtrise des taux cellulaires à l’automne 2012 proposé par le GDS et Drôme Conseil Elevage. Voici un bilan un an après.


Auparavant, que faisais-tu pour maîtriser les taux cellulaires ?


J’ai toujours fait du post-trempage et les primipares étaient traites en premier dès la mise-bas, mais c’était plutôt parce qu’on sait qu’une chèvre infectée produit moins que ce qu’elle pourrait ! Aujourd’hui, les pénalités liées aux cellules sont lourdes et le seront de plus en plus, alors on fait encore plus attention. Il me paraît important d’y travailler dès maintenant !


Et depuis la formation ?

Quand j’ai recommencé la campagne, on a fait un tri en fonction du statut infectieux des chèvres. Dès le 1er contrôle, j’ai isolé celles qui avaient démarrées avec un taux supérieur à 750 000 cellules et celles qui étaient « G » à la lactation précédente, mais que je souhaitais garder. Elles passaient alors en dernier à la traite, avec les lactations longues.
En fin de campagne, j’ai tenu compte du critère « cellule » pour réformer. Avant, c’était la production qui primait ! Aujourd’hui, si une chèvre est « G », je la réforme, sauf si sa production vaut le coup. Alors je la garde et je la mets dans le lot des chèvres « G » afin qu’elle ne contamine pas les autres à la traite. J’ai également traité une quinzaine de chèvres au tarissement, on verra ce que ça donne…


Justement, après une année, où en est le statut infectieux du troupeau ?

J’ai une moyenne annuelle de tank entre 1 et 1,5 millions, ce qui reste encore correct. Les pénalités ne sont pas trop élevées. C’est plus difficile pour passer en dessous de la barre des 1 million, il faut rester vigilant et rigoureux en permanence, c’est un travail sur le long terme !

 

Propos recueillis par Stéphanie Chanavat, Drôme Conseil Elevage

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