Le pâturage un système alimentaire compétitif soumis aux fluctuations (1ere partie)

Dans le système d’affouragement que représente la pâture, la valorisation optimale du fourrage vert figure au premier plan. Cependant, par rapport à l’affouragement à l’auge, dans la plupart des cas, la qualité et l’offre d’herbe à pâturer sont moins bien connues. Malgré cette incertitude nutritionnelle, le pâturage représente un atout économique en proposant le fourrage le moins onéreux (0,06 €/kg de matière sèche (MS)) tout en permettant d’accroître l’autonomie protéique des exploitations par rapport aux systèmes fondés sur l’ensilage de maïs.

 

 

Une alimentation délicate soumise à de grandes fluctuations

La mise à l’herbe des animaux est toujours un moment délicat car elle constitue un changement complet de l’alimentation. Par rapport à l’affouragement à l’auge, la qualité et l’offre d’herbe à pâturer sont moins bien connues et soumises à de grandes fluctuations.

 

De nombreux facteurs peuvent influencer négativement la valorisation de l’herbe pâturée : météo, gestion des pâturages, changement de composition botanique, accroissement des refus en période de forte disponibilité, etc. Par ailleurs, la pâture ne couvre pas entièrement les besoins des vaches laitières à haut potentiel. C’est au stade montaison pour les graminées et boutons floraux pour les légumineuses, que la consommation d’éléments nutritifs digestibles et d’énergie est maximale. Elle peut alors couvrir les besoins pour une production de 25 kg/j, mais pas au-delà (donc insuffisante pour les vaches laitières hautes productrices).

 

La consommation des animaux au pâturage reste tributaire de la disponibilité d’herbe, en fonction de la saison, mais aussi des qualités organoleptiques du pâturage. En résumé, le rationnement alimentaire au pâturage reste variable et quelque peu aléatoire.

 

 

 

La ration hivernale est maitrisée, alors que le pâturage est soumis à de nombreux aléas climatiques et nutritionnels

L’herbe pâturée présente une teneur en MS beaucoup plus faible que les rations hivernales (comprise entre 40 et 85% de MS suivant le système), de l’ordre de 18 à 20 % dans des conditions normales et pouvant descendre jusqu’à 12 % lors de pluies abondantes. Ces pourcentages de MS faibles nécessitent des ingestions supérieures en comparaison aux fourrages des rations hivernales. De plus, l’herbe de printemps contient davantage de sucres solubles et de matière azotée qu’une ration hivernale, mais présente également un défaut de structure (plantes moins lignifiées favorisant des temps de rumination plus courts).

L’alimentation hivernale riche en fibres provoque un durcissement de la graisse du lait comparé au pâturage. En hiver, l’acide oléique (acide gras insaturé) est présent en moins grande quantité, or il fait office de ramollissant. Ces deux phénomènes combinés (défaut de structure et plus grande proportion d’acide oléique) entraînent la chute du taux butyreux (TB) “normalement” connu au pâturage. Si le TB “normal” est compris entre 38 et 42 g/l, des valeurs inférieures peuvent être attribuées à un déficit de cellulose à l’origine d’une situation d’acidose sur le troupeau. La part importante de sucres fermentescibles dans la ration, favorisant la production d’acide butyrique, peut également être la cause de cette situation d’acidose, mais alors le TB n’en est pas l’indicateur principal, car celui-ci a tendance à se maintenir.

 

Eric BERTRAND - FIDOCL Conseil Elevage

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