Le pâturage, 1ère source de protéines de l’exploitation

Si l’herbe récoltée est souvent onéreuse, la pâture des vaches et des génisses reste le fourrage le plus économique. Ainsi les exploitations disposant de surface en herbe potentielles ont tout à gagner à les valoriser par du pâturage.

 

 

Un coût de production plus bas avec une herbe pâturée jeune

La clef de la réussite est de faire pâturer à un stade jeune (7-8 cm d’herbe), offrant aux vaches un aliment riche en azote permettant de maximiser la production laitière. Le pâturage confirme alors sa position de fourrage le moins coûteux : avec un coût compris entre 30 et 40 euros par tonne de MS, le pâturage coûte en moyenne 3 à 4 fois moins cher que les fourrages conservés et 5 à 10 fois moins cher que les concentrés énergétiques ou azotés. Bien faire pâturer ses animaux, c’est donc réduire fortement son coût de production.


Le pâturage, intéressant pour TOUS les animaux

L’herbe pâturée est le seul fourrage qui présente un profil équilibré énergie azote. Proche de 0,85-0,9 UFL et 100 g de PDI, un kilo de MS permet aisément une production de 2 litres de lait ou des GMQ de 800 g/jour. Faire pâturer ses génisses 6 à 8 mois sur l’année dans une prairie de qualité, c’est s’assurer des croissances aussi bonnes qu’avec des fourrages conservés mais à moindre coût. Pour les laitières, l’herbe disponible 3 mois au printemps, est à valoriser sans risquer de pénaliser la production laitière, à condition de la faire pâturer jeune.

 

 

Pâturer pour augmenter son autonomie

Plus la part de pâture augmente, meilleure est l’autonomie de l’exploitation, notamment en protéine, car elle ne perd pas de valeur en conservation. Une herbe de bonne qualité car jeune, permet de diminuer les besoins en correcteurs azotés, voir dans certains cas de les supprimer au printemps. Le pâturage a alors un impact beaucoup plus fort que les ensilages d’herbe ou que le foin (hormis séché en grange) sur l’autonomie alimentaire.

Jean-Philippe Goron, Isère Conseil Elevage


« EARL Plambois; Saint Didier de la Tour (38)

Valoriser au maximum l’herbe au printemps pour réduire les coûts alimentaires


Francis VIAL conduit un troupeau de 45 Montbéliardes pour 350 000 litres de lait produit. Après plusieurs années de suivie de la pousse de l’herbe avec l’aide de son conseiller d’élevage, Francis VIAL arrive à tirer le meilleur partie de ses 11 ha de prairies. 25 kg de lait de moyenne par vache sont produits avec de l’herbe pâturée pendant les 3 mois de printemps.


 

Une mise à l’herbe précoce

Les prairies situées autour des bâtiments sont divisées en 7 parcelles d’environ 1,35 ha chacune, avec un point d’eau dans chaque paddock. L’exploitation n’est pas située dans une zone très précoce. Cela n’empêche pas une mise à l’herbe autour du 10 mars, dès que le sol est portant, sur une herbe à peine décollée (4-5 cm de hauteur d’herbe). Au début, les animaux sortent seulement 2 heures, puis rapidement une demi-journée. Au bout d’un mois, les vaches pâturent nuit et jour.


Pâturer de l’herbe de qualité

Pour maintenir le niveau de production du troupeau à 25 kg de lait, les vaches consomment exclusivement une herbe jeune, de 7 à 10 cm de hauteur maximum et retournent dans les mêmes parcelles toutes les 3 à 4 semaines. Au-delà de 15 cm (à mi mollet), la parcelle est écartée, l’herbe sera fauchée pour produire un enrubannage d’excellente qualité. Lorsque le pâturage permet d’assurer une demi-ration aux vaches, l’éleveur n’hésite pas à rationner les parcelles pâturées avec un fil déplacé matin et soir.


Une ration à moins de 70 euros/1 000 litres

Cette optimisation de la pâture est gagnante, puisque l’éleveur limite la complémentation à l’auge au printemps comme en témoignent les constats d’alimentation réalisés par le conseiller de l’éleveur. D’avril à juin, la ration des vaches se résume à de l’herbe pâturée, 500 gr de tourteau tannée, 15 kg d’ensilage maïs et 2 kg de foin de luzerne. Elle coûte alors 70 €/1000 l contre 130 €/1 000 l en hiver. Au final, le pâturage permet de produire du lait à un coût réduit, en produisant entre 6 à 7 tonnes de matière sèche par hectare d’herbe pâturée sur des terres à réserve utile très limitée.
 

Propos recueillis par Jean-Philippe GORON - Isère Conseil Elevage

 

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