La qualité du lait maximisée pour relever le prix du lait

Sur le secteur des Terres Froides en Isère, Le GAEC de la Richardière a choisi de maximiser la qualité du lait afin de relever le niveau payé du prix du lait, tout en ayant une bonne maîtrise des charges. Zoom sur un des points forts de cet élevage.

 

 

« Témoignage du GAEC de la Richardière, Blandin (38)

Cette exploitation spécialisée en production laitière sur la commune de Blandin est un GAEC à deux associés (Benjamin DURAND et sa mère) avec l’aide du père retraité actif. L’élevage compte environ 90 laitières de race montbéliarde pour une production totale de près de 800 000 litres. Les associés exploitent 73 ha tous destinés au troupeau laitier (30 en maïs ensilage, grain humide ou épis, 20 en prairies temporaires et 23 en prairies naturelles). Les génisses sont mise en pension chez un voisin proche pendant les périodes de pâture pour libérer de la surface. L’exploitation livre son lait à l’Etoile du Vercors (Lactalis) en IGP St Marcellin.

 

Cellules, germes, butyriques.. un ensemble de petites choses qui font que ..

«Sans être maniaque, la traite on y passe du temps (2X2h30 tout seul), on met le temps qu’il faut. La salle de traite est ancienne, trop petite maintenant (2*5 simple équipement sans décrochage automatique) mais on l’entretient très régulièrement. Pareil pour le bâtiment qui a été agrandi et réaménagé. C’est un peu juste en nombre de places (90 logettes). En revanche on tient les vaches au propre : raclage tracteur 2 fois/jour des couloirs, 4 à 5kg de paille par logette, on fait les logettes matin, midi et soir. Même si on achète toute la paille, on met ce qu’il faut. Et au final on a du fumier pour nos maïs et un fumier compact plus facile à travailler. Les logettes sont équipées de tapis, les dimensions sont assez standards, les vaches se couchent mieux dans les logettes depuis la pose de bastaing au sol. Pour la traite on mouille très peu : mousse + essuyage papier. On a une lavette pour quelques vaches sales. Comme on a 8 lots de vache par quai on n’hésite à nettoyer les quais pendant la traite. On fait attention aux butyriques lors de la réalisation des silos d’herbe notamment : les prés sont roulés au printemps, on ne fauche pas trop ras pour éviter les taupinières. Tous les ensilages sont sur béton. Pour le tassage on prend le temps de bien faire les choses.

 

 

 

Des taux avec la ration de base

On tourne en taux butyreux à 40g de moyenne et en taux protéique entre 34 et 35g avec une petite baisse l’été. Pour respecter le cahier des charges IGP, on a réintroduit plus d’herbe pâturée, d’ensilage d’herbe et du foin à volonté. Pour maintenir une ration très énergétique on y associe du maïs ensilage et grain humide l’été ou de l’épi de maïs l’hiver. Notre point fort je pense c’est la qualité de l’herbe. Cette année on a récolté 60ha d’herbe en 5 coupes avec l’autochargeuse. L’ensilage d’herbe vaut entre 16 et 18% de MAT. L’hiver avec 2.5  kg de tourteau de soja, on arrive à faire plus de 9000 kg, des taux et en limitant les achats extérieurs. Les vache sont en état, il n’y a pas de mystère ! Comme nos génisses vêlent précocement, elles profitent de la ration très concentrée pour continuer leur croissance. C’est sûr on pourrait mettre de la VL avec un DAC notamment pour les meilleures mais l’investissement et le coût supplémentaire ne seraient pas rentable. Pour la reproduction, je m’adapte. Je n’hésite pas à inséminer assez tard une fois que la vache reprend bien de l’état. L’intervalle vêlage-vêlage est élevé (>420 jours) mais comme on fait du lait toute l’année cela ne me dérange pas.

 

 

 

La régularité, une adaptation au bâtiment

On est limité en nombre de places dans le bâtiment. Avec l’augmentation des volumes produits on a joué avec la production par vache et cherché à étaler les vêlages. On fait vêler un tiers de nos génisses en début de printemps (mars-avril-mai). A cette période les lactations démarrent bien. On trait quasiment le même nombre de vaches toute l’année mais on fait un peu moins de lait l’été avec les grosses chaleurs, le pâturage et beaucoup de vaches vieilles au lait. Avec le lait d’été on touche une prime entre 15 ou 25 euros par mois en juillet, aout et septembre. Ca reste intéressant et le système ne nous oblige pas à freiner la production au printemps.

 

 

 

 

La qualité, ça paye

Sur le dernier exercice comptable (octobre 2014 à septembre2015), on n’a pas été pénalisé mais on perdu deux fois le super A avec  280 000 en cellule au lieu des 250 et 176 en coliformes au lieu des 50 à cause d’une mammite colibacillaire. C’est 3 à 4 euros de perdus sur le volume total. Cet été on a eu 2 fois sur 3 la prime maximale de régularité de 25 euros. En prix payé toute prime confondue on arrive à 378 euros soit plus de 70 euros au-delà du prix de base. La campagne dernière on était payé 424 euros, soit plus de 60 euros de mieux. Du coup avec la baisse du prix de base on a perdu presque 50 euros. Ca compte. La qualité je la recherche toujours, je livre un produit de qualité pour des consommateurs et c’est important pour moi. Comme je n’ai pas trop d’investissement récent important hormis la mise aux normes et l’aménagement des bâtiments existants, ma situation financière est correcte.

 

 

 

 

 

Des projets pour 2016

La crise du lait n’a pas modifié nos projets. Mon cousin doit s’installer cet hiver pour à terme remplacer mes parents. On va en profiter pour faire un 3° silo bétonné. Cela donnera plus de souplesse notamment pour les ensilages d’herbe. La salle de traite sera aussi modernisée. On n’a pas encore choisi mais on va garder un système simple pour gagner en cadence et en confort de travail. L’investissement sera raisonnable.

 

Propos recueillis par Jean-Philippe GORON -  Isère Conseil Elevage

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