La maitrise des coûts de production et la cohérence dans la gestion de son exploitation chez Emeric BARBIER

Eleveur laitier à Burcin en Isère, Emeric Barbier reste très vigilant aux coûts de production de son exploitation et a accepté de partager son expérience lors de la conférence Conseil Elevage du 10 février 2017 à La Côte St André.  Il exerce son métier avec passion mais rappelle que comme tout métier il doit servir à vivre et que « vu le métier que l’on a et les heures qu’on passe, si il y a pas 2000€/mois sur le compte c’est qu’il y a un problème ».

Après avoir travaillé à l’extérieur, il s’installe au sein de l’exploitation familiale en 2000 et la fait évoluer petit à petit de manière à ce qu’elle reste viable. Aujourd’hui, il exploite 80 hectares de SAU avec un troupeau de 50 montbéliardes pour une production de 400 000 litres livrée à Sodiaal. Bien que les deux dernières années n’aient pas été simples, Emeric a su rester vigilant dans tous les domaines de manière à passer le cap et à envisager l’avenir. 

 

Une évolution des bâtiments et des investissements raisonnés

Lors de son installation en GAEC avec sa mère et son père en conjoint collaborateur, Emeric a pour projet de construire un nouveau bâtiment. Pour ce faire il définit ses objectifs, à savoir un bâtiment fonctionnel pour pouvoir profiter d’un weekend sur deux et à la fois modulable suivant la stratégie qui sera prise lors du départ en retraite de ses parents dans une quinzaine d’années.

Et « bien que plein de choses fassent envie » Emeric a su « surveiller le budget ». En souhaitant utiliser moins de paille et avoir des vaches propres « les logettes et les racleurs se sont imposés d’eaux même » par contre les tapis ne sont pas rentrés dans le budget. Ayant réalisé beaucoup de visite de bâtiment avec son père au préalable, son choix s’est porté sur un bâtiment agriconfort en entravé. Son père lui a laissé carte blanche dans ses choix car le bâtiment était pour son avenir à lui  mais avec une seule mise en garde « vu notre évolution la structure est capable d’assurer une annuité à  1500€/mois. Ce repère économique a été précieux. Le bâtiment a été réalisé beaucoup en auto construction.  Pour le bâtiment des génisses il a fallu attendre 12 ans de manière à avoir fini de payer le bâtiment principal. »

 

Des coûts de production calculés tous les ans

De manière à savoir où il va, Emeric reste vigilant sur ces charges et ces produits. En ce qui concerne l’alimentation l’éleveur tient à garder une ration simple : « n’importe qui sur la ferme peu la faire vite et bien ».

L’achat groupé de la protéine lui permet d’avoir un coût pour celle-ci inférieur à 50€/1000L. De plus il le dit lui-même « pour moi tout est pratique car je ne fais pas grand-chose. Je fais toute confiance à ceux qui s’en occupent.  Je pars du principe que l’achat de tourteau en semis remorque est toujours moins cher que seul » et cela permet aussi « de garder du lien entre nous ».

Pour ce qui est du matériel, « la philosophie familiale a toujours été de pas être hyper équipé en tracteur ».  Emeric a donc suivi naturellement ce que son père pratiquait déjà avec réussite à savoir l’adhésion à des CUMA et l’achat de matériel en copropriété. « Je ne me voyais pas payer un tracteur tout seul pour l’utiliser 200h/an » Le peu de matériel en propriété a été acheté d’occasion et Emeric est très vigilant à l’entretien car « la casse coûte chère ».  

A propos des produits Emeric reconnait qu’ « on n’est pas maitre de tout mais on essaie de faire au mieux ». Il est donc très attentif à la qualité du lait et dès que « les cellules dépassent 150  000 j’appelle pierre mon conseiller. Il faut faire vite car une fois que c’est déréglé faut plus d’un an pour remettre en ordre ».

Concernant les cultures Emeric utilise beaucoup d’engrais de ferme et achète des produits en se regroupant avec d’autres éleveurs de manière à limiter des frais.

 

Une organisation du travail modulée avec les évolutions de structure

Bien qu’étant à la retraite, le père d’Emeric l’aide encore beaucoup sur la ferme : il s’occupe de l’alimentation des VL et d’une partie des travaux dans les champs. « On a un binôme qui se fait naturellement avec mon père ».

Toutefois,  Emeric ne souhaite pas que ces parents aient la charge de travail quand il n’est pas là à cause de ces engagements. Pour pallier à cela il avait embauché un salarié à temps partiel mais celui-ci à finit par s’installer.

 

 

 

Actuellement Emeric partage un apprenti avec  un autre éleveur.  Grâce à ce système il peut garder ces mandats extérieurs, prendre deux semaines de congé par an et des dimanches soir : « il n’y a pas pire que d’être invité le dimanche et d’être le seul à devoir partir à 16h pour aller faire le boulot ».

 

De manière à faciliter le travail, toutes les informations sur le troupeau sont notées sur divers papiers « c’est plus facile pour celui qui reprend même au pied levé» et les outils sont rangés avec rigueur «tout le monde si retrouve ».  Pour l’avenir Emeric est à la recherche d’un associé pour définitivement remplacer ses parents.

 

Adeline PORRET - Isère Conseil Elevage

 

 

Pour rappel, colloque organisée grace à l'aide financière de la Région Auvergne Rhône Alpes et du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes

Tags: