Investir dans un salarié en élevage laitier : un vrai choix !

Pour réduire son temps de travail ou gagner en productivité, les investissements matériels et équipements sont souvent plébiscités. Certains font d’autres choix : Ils embauchent. Retours d’expériences réussies.

 

 

La traite mais pas que la traite

Pour un éleveur, il est toujours délicat de confier la traite. C’est un acte technique qui nécessite une bonne connaissance des animaux. Néanmoins, cette tâche d’astreinte est facile à déléguer : elle est quotidienne et répétitive, les consignes faciles à exposer, le matériel robuste. Il en est de même pour l’alimentation. Selon ses compétences et le temps disponible, le salarié peut réaliser de l’entretien ou des travaux des champs

 

Employeur, une nouvelle facette du métier d’éleveur

Gérer son employé au quotidien demande de nouvelles compétences. La communication entre employeur et salarié est primordiale. Elle doit être régulière et réciproque. Les supports peuvent être variés : oral, téléphone, tableau, papier. Des procédures simples mais claires doivent être écrites, notamment pour le traitement des mammites.

Un échange régulier est important pour évoquer les points à améliorer. Il faut être à l’écoute pour tenir compte des capacités et des goûts du salarié, mais aussi savoir recadrer si nécessaire. Déléguer des responsabilités, tenir compte de ses avis sur le troupeau, proposer un travail varié permettent d’entretenir sa motivation.

 

Combien ça coûte ?

En plus de la rémunération nette, l’employeur verse la totalité des charges à la MSA (salariales et patronales). Bien souvent la gestion administrative des payes et des contrats peut être déléguées : CER France, groupement employeur... Pour un temps plein, 35 heures par semaine, avec une rémunération au SMIC, le coût total du salarié avoisine les 20 000 € par an. Ce montant peut varier selon le type de contrat, la durée du travail, les exonérations possibles et le nombre de dimanche travaillés (heures majorées).

 

Des bénéfices indirects

Dans la situation où la surcharge de travail nuit à la sérénité de l’éleveur et à l’efficacité de l’exploitation, l’embauche d’un salarié doit avoir un effet positif sur le revenu. Dans bien des cas, l’embauche oblige le patron à clarifier et préciser les tâches à conduire et optimise donc la conduite technique. Le temps dégagé permet à l’éleveur de réfléchir aux choix stratégiques de l’entreprise. Il peut pallier aux coups durs : accident, remplacement au pied levé... Enfin, si le salarié a son caractère et ses propres manières de faire les choses, il peut être source de remise en question et d’amélioration des pratiques et des résultats.

Jean-Philippe Goron, Isère Conseil Elevage.

 

« GAEC du Mas d'Illins, Laurence et Jérome LAVAL, Luzinay (38)

Se libérer du temps. Objectif : une journée complète par semaine

120 ha – 90 vaches – 700 000 litres produits dont une partie en transformation fromagère. 2 associés – 2 salariés (1 temps plein + 1 temps partiel). L’exploitation familiale a toujours eu des salariés. Lors de la reprise de l’exploitation par Jérôme et Laurence, ce fonctionnement a été gardé car il présente plusieurs avantages.

 

Un salarié autonome sur le troupeau

« Ces dernières années, j’ai été amené à recruter plusieurs nouveaux salariés. Je recherche avant tout des personnes ayant un bon feeling avec les animaux, de la souplesse dans les horaires et une rigueur au travail. Une formation initiale « élevage» est toujours préférable mais pas indispensable. Les tâches confiées à mon salarié affecté à l’élevage sont dans un cadre et lieu précis, salle de traite et bâtiment d’élevage, où il est finalement assez simple de se former. Je passe du temps au démarrage pour l’accompagner et cadrer les interventions. Ensuite je cherche à ce que le salarié soit autonome sur le troupeau. Il faut accepter que le travail soit parfois fait différemment mais cela permet d’être plus efficace, de gagner réellement du temps. Le salarié est ainsi valorisé sur le long terme.

 

Des investissements réfléchis et progressifs

Tous les investissements en bâtiment et équipement sont réfléchis pour gagner du temps, mais pas seulement. Je recherche aussi de la simplicité de fonctionnement. Aujourd’hui le raclage est encore effectué au tracteur, et la ration complète est simplement mélangée au godet : je réfléchis à automatiser ces tâches sans désorganiser notre fonctionnement. Ainsi l' automatisation du raclage et de l'alimentation va nous permettre d' intensifier le bâtiment en logeant les vaches et les génisses. Le travail d'astreinte devrait diminuer d'une heure par jour de manière à ce qu'une seule personne puisse assumer au quotidien le travail d'élevage .

 

 Un retour positif sur le long terme

J’ai fait le choix de garder du salariat plutôt que d’installer un robot de traite par exemple, car mon salarié nous remplace entièrement un jour par semaine et dix jours pendant les vacances. Etant autonome sur le troupeau, il est capable de gérer le quotidien sans souci et de mon côté je peux partir l’esprit tranquille. C’est une assurance en cas de problème de santé. Employer du personnel oblige à anticiper les travaux et à rationaliser le travail. C’est un plus indéniable, source d’amélioration continue.

Enfin, avoir un ou plusieurs salariés, c’est créer de l’emploi et participer à la vie locale. »

 

Propos recueillis par Jean-Philippe GORON

 

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