Depuis maintenant 4 ans, nous avons une estimation des index fonctionnels à travers la génomique, avancée importante pour la sélection du troupeau. Avec l’augmentation de la productivité par vache et du nombre de vaches par troupeau, il est de plus en plus difficile pour les éleveurs de conserver des vaches fertiles avec une mamelle saine.

Des caractères compliqués à sélectionner avant l’apparition de la génomique

La fertilité, la résistance aux mammites et le niveau cellulaire sont des caractères faiblement héritables et appréciables uniquement après au moins une lactation. Avant l’apparition de la génomique, nous utilisions les taureaux pendant au moins un an sans connaître leur niveau d’indexation sur ces caractères fonctionnels. Avec l’arrivée de la génomique, un premier tri très important permet d’éliminer les taureaux les plus détériorateurs avant leur mise en service ; c’est un véritable progrès. Nous avons tous en tête des noms de taureaux très séduisants en production et en morphologie mais qui ont engendré des filles avec des carrières très brèves à cause de problèmes de fertilité ou de leucocytes.

Demain, la génomique au quotidien dans les fermes ?

Aujourd’hui, il est possible de génotyper les femelles pour connaître de façon beaucoup plus précise leurs qualités ou leurs défauts. Cette technique est surtout utilisée pour trier des animaux à haut potentiel et réaliser des collectes d’embryons uniquement sur les meilleurs. Il est probable que cette technique se démocratise et permette de trier avec précision et précocement les animaux améliorateurs de votre troupeau.

L’utilisation combinée de la semence sexée

Cette technique va permettre d’améliorer la pression de sélection sur la voie femelle et de réduire l’intervalle entre générations de façon importante. Ces deux effets cumulés vont permettre comme pour les autres critères sélectionnés, de progresser très rapidement.

Frédéric Padet, Loire Conseil Elevage
 

« SCL Fond Meley, Farnay (42)

Des Holsteins fonctionnelles

Les associés conduisent un troupeau de 90 vaches entre 8 000 et 9 000 kg avec pour objectif qu’elles produisent sur 4-5 lactations. Ils ont pour cela travaillé très tôt sur les index fonctionnels et la diversité génétique. Cela permet de limiter au maximum l’utilisation d’antibiotiques, d’améliorer l’image des produits laitiers et d’avoir un meilleur confort de travail.

Actuellement comment travaillez-vous en génétique ?

Le travail commencé il y a une dizaine d’années, porte ses fruits. Aujourd’hui, nous continuons avec les mêmes objectifs mais avec la génomique et le sexage, pour davantage d’efficacité. Nous utilisons beaucoup de taureaux triés sur l’index longévité et seuls les meilleurs sont utilisés. Pour augmenter la pression de sélection, on utilise presqu’exclusivement de la semence sexée, ce qui permet de progresser plus rapidement.
Nous nous intéressons aussi au gène sans corne car il nous semble que, dans les années à venir, avec des troupeaux de plus grande dimension, les éleveurs seront à la recherche de cette particularité. On se rend compte aujourd’hui que les unités de sélection commencent à s’intéresser de plus près à certains de nos animaux. Ce ne sont pas forcément les mieux indexés de la race en production mais avec des familles originales et des index fonctionnels très positifs.

Avec l’utilisation de la semence sexée, pratiquez-vous le croisement industriel sur les vaches plus âgées ?

Ce n’est pas notre choix. Nos génisses nous permettent de valoriser notre pâturage. Nous les faisons toutes vêler afin de pouvoir conserver leurs filles à l’élevage car ce sont elles qui vont nous amener le plus de progrès génétique. Nous vendons donc des vaches au lait à chaque fois que nous avons besoin d’ajuster notre production au quota. Avec le type génétique que nous travaillons nous avons des vaches relativement faciles à vendre car même en cours de deuxième ou de troisième lactation, elles sont encore très bien conservées et en pleine production.»
 

Propos recueillis par Frédéric Padet, Loire Conseil Elevage

Pour approfondir ce sujet, consultez notre article sur les index fonctionnels pour mîtriser la qualité du lait, ou celui sur les intéractions entre la génétique et la conduite du troupeau