Dans le cadre du groupe expert nutrition de France Conseil Elevage, j’ai participé à un voyage d’étude au Danemark en septembre 2014. L’objectif était de comprendre le fonctionnement du conseil et l’organisation du travail dans les troupeaux laitiers de plus de 200 vaches.
La production laitière du Danemark
3000 exploitations produisent le quota national de 5 millions de tonnes. Les troupeaux comptent 220 vaches en moyenne et un quota de 1 450 000 Kg de lait. La production est de 9000 Kg par vache. Les atouts des fermes danoises se trouvent dans la productivité du travail élevée, la formation et la motivation des éleveurs, l’organisation de la filière et des installations de production modernes. Les faiblesses sont liées au taux d’endettement (80%), aux coûts de production élevés et à la pression environnementale. De ce fait, et depuis 2008, des éleveurs ont déposé le bilan, d’autres ont été obligés de vendre, et il devient très difficile de financer les investissements avec l’emprunt seul. On voit apparaitre de nouveaux investisseurs et notamment des fonds de pension qui se proposent de financer les projets.
Des systèmes simples et confortables
Les exploitations danoises fonctionnent avec des salariés surtout d’origine étrangère. Les systèmes alimentaires sont donc très simples pour éviter les erreurs de compréhension. Les rations sont complètes, distribuées une fois par jour et ne contiennent que des matières premières type 50% soja-50% colza et des minéraux en plus des fourrages. Le prix des intrants est très surveillé par les éleveurs et les achats sont faits en fonction du prix du lait.
Les équipements dans le confort, surtout pour la traite, sont nombreux : sorties rapides, plein pied, plancher réglable, rail support de matériel de lavage, chariots de distribution de lait pour les veaux. En dehors des élevages avec robot de traite qui représentent 25% des fermes, les salles de traite sont surtout des TPA équipées pour traire en 2 heures.
La qualité à tous les niveaux
Les rations contiennent 40 à 60% d’ensilage d’herbe. Pour limiter les achats de tourteaux, la qualité des prairies à la récolte est primordiale. Elles sont toujours à base de ray grass et de trèfles, avec des taux de protéines généralement à 18%. Les prairies sont fauchées 4 à 5 fois par an, dès que l’herbe fait 40 cm, hauteur qui est mesurée à l’herbomètre. Le rendement moyen est de 10 tonnes de matière sèche par hectare (13 tonnes pour le maïs). Les vaches pâturent toujours l’été dans certains élevages, c’est obligatoire pour les 10% d’élevages en bio, avec des parcelles et des chemins d’accès adaptés à la taille des troupeaux.
La qualité se retrouve aussi sur le plan sanitaire. Les contraintes d’utilisation de produits vétérinaires sont très fortes au Danemark. Il est donc important pour les éleveurs de faire du préventif et d’avoir des conditions d’hygiène et de ventilation parfaites. Cela se retrouve au niveau des nurseries par exemple, tous les petits veaux sont en cases individuelles extérieures pour un mois au minimum.
Des outils de gestion modernes
Tous les élevages que nous avons visités possédaient un logiciel de gestion de troupeau. Les informations techniques et sanitaires sont regroupées pour une analyse rapide. Un écran d’accès aux données est à proximité de la salle de traite. De nombreux élevages équipent les vaches en permanence ou ponctuellement de podomètre ou détecteur de chaleur/vêlage. Les bureaux sont confortables et vastes pour le rangement de tous les dossiers de l’élevage.
Tous les mois, le vétérinaire de l’élevage fait une visite sanitaire. L’objectif est de surveiller les pathologies et les facteurs de risque. Les enregistrements de traitement et les pharmacies sont contrôlés. Ces données sont regroupées avec celles du contrôle de performance. Cela permet aux conseillers d’élevage d’avoir plus d’éléments pour faire une analyse du fonctionnement de l’exploitation.
Perspectives
Les élevages doivent poursuivre leur recherche de productivité pour rester viables économiquement. Ils vont devoir respecter de nouvelles normes environnementales et de confort pour les animaux en 2015. Les émissions d’ammoniac ne devront pas dépasser 7,31Kg par vache. La couverture des fosses sera indispensable. Pour les animaux seront obligatoires : une place de logette par vache, un box de vêlage, un abreuvoir pour dix vaches, des sols souples en aire d’attente…. Ces équipements permettent d’améliorer le bien-être animal donc aussi la production de lait, et cela quelle que soit la taille des troupeaux.
Anne Blondel, experte nutrition, Conseil Elevage 01/71.