Face aux conditions exceptionnelles de ce printemps 2013 très arrosé et froid et malgré le retard pris, tout est encore possible! Des solutions existent pour reconstituer les stocks de fourrage et faire du lait sans trop de frais supplémentaires. Tous d'horizon de ces solutions :

Le constat

Fin mai les maïs sont encore loin d’être finis de semer et ce  quels que soient  les secteurs. Plus de la moitié reste à faire. Pour les zones les plus précoces mais craignant l’humidité, le séjour prolongé des graines dans l’eau a entraîné leur pourrissement et nécessitera de resemer.

Vu la remontée de la nappe phréatique dans certains secteurs, des parcelles sont inondées. Il sera impossible de rentrer dans les terres avant plusieurs jours ou semaines.

Les ensilages de RGI et prairies temporaires ne sont pas terminés. Pour ceux qui ont pu passer à travers les gouttes, les ensilages sont souvent très humides faute de préfanage. Maintenant le stade optimum est souvent dépassé.

Le pâturage des bovins a été très difficile à cause de la portance des sols. Dernière quinzaine de mai, la pousse de l’herbe a ralenti. Ainsi très souvent les éleveurs ont dû réattaquer les rations d’hiver plusieurs jours d’affilée. En montagne la sortie des animaux accuse 2 à 3 semaines de retard. La neige à 1000 mètres a encore fait son apparition le 25 mai. Le printemps démarre.

Les solutions urgentes

Pour les premières parcelles semées en maïs début mai surveillez vos parcelles. Si d’ici la fin de semaine, les premières feuilles ne sont pas sorties, il faudra envisager le resemis.  Demandez à votre fournisseur un changement d’indice. Visez un indice très précoce (200).

Exemple de variétés en indice culture 200-220 : KONSENSUS – KWS – indice 220 (1325 °c) ; SUREZZO – Saaten Union – indice 220 (1320°c) ; ELIOT – Advanta – indice 230 (1390°c) ; LG 31.90 – ( LG seeds) – indice 210 (1435°c) ; TWEEDI CS – Caussade – indice 200 (1300°c); DOMINATOR – Advanta – indice 220 (1360°c).

Le retard est estimé selon les secteurs de 2 à 4 semaines. Le rendement sera à la baisse. Adapter la fertilisation en conséquence : compter 30 à 50 kg d’azote apporté en moins par rapport à un maïs implanter fin avril début mai. Jusqu’à la mi juin il est encore temps de semer. C’est la priorité.

Après le 15-20 juin pensez au sorgho fourrager.  En effet, cette culture peu exigeante en intrant s’adapte bien à des semis tardifs. Semé en dérobé derrière une orge ou un méteil au mois de juin voir début juillet, on atteint 8 à 10 tMS pour une récolte mi-octobre.

Exemple de variétés de sorgho fourrager et sucrier BMR (pauvre en lignine donc plus digestible) : BMR 333 – SWEET CALIFORNIA de chez Barenbrug ; CHOICE ou SWEET VIRGINIA pour Sémental – BMR 201 ou OCTANE BMR pour Caussade Semence – HONAY GRAZE pour LG semence.

Les ensilages d'herbe  sont bien assez mûrs. C’est la deuxième priorité. Récolter au plus vite (ensilage ou enrubannage) avec les luzernes qui sont encore au bon stade. Faucher haut pour éviter l’incorporation de terre. Ajoutez impérativement un conservateur. Les acides ou les sels d’ensilage seront les plus efficaces pour des ensilages avancés en stade et humide.  Si le beau se maintient, attaquez les foins. Les repousse et regains devraient être importants et pourraient pallier la mauvaise qualité des premières coupes. N’hésitez pas soutenir la croissance en fertilisant. Un passage de lisier suffira. La réduction possible de l’engrais minéral sur maïs peut vous donner un peu de marge et servir à booster la croissance des regains.

Valeur INRA des 2èmes coupes d’ensilages des différentes graminées (repousse feuillue de 6 semaines) :

                                                            UFL                                     PDIN                                    PDIE

Prairie Naturelle :                                 0,84                                     135                                      102              

Dactyle :                                              0,83                                      92                                        62

Fétuque Elevée :                                   0,82                                      88                                        58

Ray Grass Hybride :                              0,82                                       87                                       56                                        

Les solutions possibles

Les premières coupes seront abondantes mais de piètre qualité. Pour les maïs tout dépendra de cet été et de la douceur de l’automne. Fin juin les sols seront encore frais. Profitez-en ! Derrière les céréales à paille ou les méteils en plaine et coteaux, prévoyez de semer des dérobées en visant avant tout la valeur nutritive. Associer graminées d’été (type moha millet), graminées d’automne (RGI) et trèfle (alexandrie, perse, incarnat). Deux à quatre tonnes en une ou deux coupes (automne et printemps suivant) sont possibles avec des teneurs en MAT de l’ordre de 18 à 22%.

Exemple de 4 mélanges fourragers à implanter pour l’été 2013 :

• 15 kg de Moha (variété tardive de préférence) + 15 kg de trèfle (Perse ou Alexandrie) : une coupe de foin ou enrubannage et une pâture possible en 2^ème coupe.
• 10 kg de Moha  + 20 kg de RGI non Alternatif + 12 kg de trèfle (50% Perse ou Alexandrie et 50 % incarnat) : une coupe de foin ou enrubannage suivie d’une pâture en automne et d’une coupe au printemps suivant.
• 15 kg de RGI alternatif + 15 kg de trèfle Perse ou Alexandrie : une coupe d’automne (attention, arrêt de la pousse au-delà de 25 °C pour le RGI)
• 50 kg de mélange d’avoine diploïde + vesce  + 20 kg de RGI non alternatif : une coupe d’enrubannage d’automne plus une coupe d’ensilage au printemps suivant.

Pour aller plus loin, d'autres alternatives existent, consultez notre dossier fourrage, ou  notre dossier Objectif Protéines

Michaël Bonnault et Jean-Philippe Goron   -   Isère Conseil Elevage