Formation coût de production : une journée riche d'enseignement!

Jeudi 20 novembre, à Méaudre, Isère Conseil Elevage organisait la remise des résultats « coût de production ». Cette formation a réuni 9 éleveurs du Vercors. Pour la 3° année consécutive les exploitants ont pu comparer leurs résultats techniques et économiques et surtout échanger sur leurs pratiques. L’après-midi le groupe a travaillé sur la question récurrente et majeure du secteur, à savoir « l’autonomie fourragère et alimentaire ». Retour sur la synthèse des débats.

 

 

UNE PRIORITE 

  • Privilégier en premier l’autonomie fourragère avant d’envisager de produire ses propres céréales (paille + grain). Les fourrages bio ou non coûtent toujours trop chères et sont souvent de piètre qualité. En revanche il est toujours plus facile de s’approvisionner en céréales ou aliment type VL.
  • Viser, si possible, une autonomie supérieure à 100% soit environ 20% supplémentaires des besoins en stocks annuels. Exemple : si récolte nécessaire de 140 t MS de foin ou enrubannage pour les 6 mois d’hiver vaches et génisses, les  stocks avant les premières coupes du printemps doivent approcher les 25 à 30 tonnes soit l’équivalent de 45 jours de ration hivernale des vaches. Cela doit permet de passer un mauvais printemps ou limiter la casse en cas d’aléas fort (sécheresse, campagnols).

 

RENDRE PLUS PRODUCTIVE LES PRAIRIES

  • Dans la mesure du possible augmenter la proportion de prairies temporaires tout en respectant les engagements pris (PAC, MAE). Renouveler régulièrement les PT avec un objectif fixé à 15% par an. Viser une durée maximum de 8 années pour une PT productive et de bonne qualité. Réimplanter les PT en rotations avec les céréales, quand leur culture est possible.
  • Les bonnes prairies naturelles mécanisables peuvent aussi être améliorées. Objectif : 10% par an. Le sursemis, dont la réussite est souvent aléatoire, est à réserver aux parcelles sales et très abimées (ex après dégât de campagnols). Le resemis peut s’envisager après un travail superficiel du sol pour créer de la terre fine.
  • Dans tous les cas de figure le semis doit être de qualité (ressuyage de la parcelle, roulage avant et après semis). Les mélanges d’espèces et variétés, à choisir selon le type de sol et l’usage attendu (fauche précoce ou tardive, pâturage..) sont à privilégier (qualité d’implantation, durée de vie, appétence, résistance aux aléas). Le semis sous couvert d’avoine permet une bonne coupe l’année du semis et une bonne implantation du mélange.
  • La fertilisation azotée, moteur de la prairie, est très importante et parfois délaissée. Le lisier trouve une meilleure valorisation au printemps avant pâture et/ou fauche. Garder un délai de 15 jours à 3 semaines entre épandage et pâturage. Apporter de petite quantité (10 à 15 m3/ha) sur toutes les parcelles à pâturer sans chevaucher les épandages de manière à avoir une répartition homogène et éviter aux vaches de choisir. L’azote minéral apporté après les premiers passages de pâture et/ou après 1° coupes sécurise les repousses. 30 unités sont souvent suffisantes. Il vaut mieux investir dans de l’engrais que recourir régulièrement aux achats de foin. Enfin ne pas hésiter à remettre de la chaux notamment lors des implantations de PT. Confirmer son intérêt avec une analyse de sol.

 

JOUER AUSSI SUR LA CONDUITE DU TROUPEAU

  • Au-delà de la mise en alpage des génisses, la mise en pension (génisses l’hiver) voir l’externalisation de l’élevage des génisses peuvent être une solution en cas de manque important de surfaces et de fourrages. Cela permet aussi de réduire les investissements en bâtiment et limiter la charge de travail.
  • Sans vouloir faire du vêlage précoce, gagner 2 à 3 mois de précocité de vêlage des génisses c’est vite 1 t MS de fourrages d’économisée par génisse. Pour cela ne pas hésiter à mesurer ses génisses (poids ou taille) et inséminer dès l’objectif atteint (ex 400 kg à l’IA). Pour cela l’insémination en alpage ou au près l’été (groupage des chaleurs ou achat d’un râtelier avec cornadis) est indispensable. L’étalement des vêlages ou mieux les vêlages de printemps permettent de mieux valoriser l’herbe au pâturage et limiter les stocks hivernaux.
  • Un renouvellement trop important (> 30 à 35%) dans un élevage sans problème sanitaire majeur (mammites, boiteries ou reproduction) oblige à un nombre important de génisses à élever et donc des besoins fourragers plus importants. En croisière un taux de renouvellement de 25% doit être suffisant. Vendre les mâles et génisses à 3 semaines plutôt que tout garder, faire du croisement industriel pour les valoriser au mieux. Si nécessaire compléter des lots par l’achat de proximité de petites génisses. Sur un troupeau de 40 vaches passer de 35 à 25% de renouvellement c’est 4 génisses de moins à élever soit 30 tonnes de foin ou pâture économisées par an.

 

SECURISER SES APPROVISIONNEMENTS EXTERIEURS

Vouloir produire l’ensemble des fourrages nécessaires à l’alimentation de son troupeau est parfois impossible ou très aléatoire. Dans ce cas de figure le recours à des ressources extérieures au territoire est nécessaire. Plutôt qu’acheter au cas par cas, il peut-être plus judicieux de travailler directement avec un ou plusieurs agriculteurs fournisseurs. Très développé par les éleveurs bio, pour les céréales mais aussi pour les fourrages, des accords verbaux ou écrits permettent de sécuriser ses approvisionnements. Les agriculteurs du Trièves ou des secteurs de plaine Isère et Drôme peuvent être intéressés pour introduire des luzernes dans leur assolement ou revendre en direct leurs propres céréales.

 

Les prochains groupes « coût de production » se réuniront courant février dans les autres secteurs. Une thématique à définir avec les éleveurs – autonomie alimentaire, travail, efficacité alimentaire, ..- sera aussi développée.

 

Jean-Philippe GORON - Isère Conseil Elevage CIEL

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