Favoriser un maximum le pâturage pour des produits de qualité

Même dans nos zones herbagères, des marges de progrès importantes existent sur la gestion du pâturage. Les avantages du pâturage sont nombreux : entretien des paysages, fourrage économique pour maîtriser les coûts alimentaires, fourrage naturellement de qualité et équilibré.

 

Le pâturage, faire se rencontrer la vache et l’herbe au bon moment

Quel que soit le mode de pâturage choisi, l’objectif est le même : faire pâturer l’herbe au bon stade.

Après pâturage, les graminées dépourvues de feuilles puisent dans leurs réserves pour initier la repousse d’une nouvelle feuille. L’activité de cette dernière reconstitue les réserves et permet la croissance de nouvelles feuilles. Au stade trois feuilles, les réserves sont totalement reconstituées, c’est le meilleur stade pour faire pâturer. La hauteur d’entrée dans une parcelle doit être comprise entre 12 et 14 cm (herbe au-dessus de la cheville pour repère).

Le temps de présence des animaux sur une parcelle influence l’ingestion. En effet, plus ils restent sur la parcelle plus l’ingestion diminue. Le premier jour, l’animal commence à manger le plus facile à prélever puis progressivement se retrouve à pâturer des zones déjà fréquentées ou souillées par des déjections. Il est impératif de sortir les animaux de la parcelle avant qu’ils n’entament la gaine de la plante, soit environ à 5 cm (herbe au niveau du bas du talon pour repère).

Les experts pâturage de nos entreprises de conseil accompagnent les éleveurs dans le choix du mode de pâturage adapté à leur conduite. Un pâturage bien maîtrisé permet de le rendre plus efficace, d’améliorer le confort des animaux et de diminuer le temps de travail de l’éleveur. Les principaux conseils à retenir pour un bon pâturage sont : avoir des paddocks adaptés avec des clôtures efficaces, bien découpés et faciles d’accès, et avoir des points d’eau suffisants dans chaque parcelle.

L’herbe, image verte de la production

La prairie et le pâturage ont toutes les vertus aux yeux des consommateurs : bien-être animal, aliment naturel de la vache, stockage du carbone, contribution à la biodiversité, lutte contre l’érosion. Certains signes de qualité mettent déjà en avant le pâturage pour la valorisation de leurs produits, comme par exemple l’AOP Salers, une des cinq AOP d’Auvergne.

La ration de base de l'alimentation des vaches laitières provient de l'aire géographique de l’AOP, et est exclusivement constituée d'herbe pâturée. La complémentation de la ration de base ne peut être constituée que de concentrés à base de céréales de tourteaux non tanné, de foin, de luzerne déshydratée et de mélasse utilisée à titre de liant. La complémentation est limitée à 25% de la matière sèche ingérée.  Ce fromage produit uniquement à la pâture (entre le 15 avril et le 15 novembre) est reconnu comme un vrai produit de qualité et permet aux éleveurs une meilleure valorisation du lait ainsi qu’une image plus « verte » de la production.

 

Une économie de temps et d’argent

 

 

 

 

GAEC Navarro, Polminhac (15)

Henri et Yannick Navarro, 60 vaches Montbéliarde et Prim’Holstein, à 6978kg de lait, production fermière AOP Cantal et Salers.

En 2019, ils ont choisi d’investir dans un second bâtiment centré au milieu des parcelles de pâturage afin de mieux valoriser l’herbe pâturée.

Pour quelles raisons avez-vous choisi de mettre en place un pâturage tournant ?

Nous avons choisi le pâturage tournant pour mieux gérer l'herbe sans déplacer le fil tous les jours. Pour cela, nous avons choisi l’expertise PaturStart proposée par Cantal Conseil Elevage. Une conseillère spécialisée a fait le tour des pâtures puis nous a proposé un découpage de parcelles.

Depuis, nous arrivons à mieux gérer l'herbe avec des parcelles de maximum 2-3 jours, ce qui favorise une meilleure repousse. Nous constatons également moins de refus à broyer, donc moins de travail. Nous avons réalisé peu d’aménagements pour la mise en place, nous avons seulement créer des entrées de parcelles. La prochaine étape sera de mettre l'eau dans chaque parcelle car aujourd'hui on déplace la tonne à eau.

Avez-vous vu une différence au niveau de la production ?

De plus la production a augmenté d'environ 1kg de lait/vache/jour. Depuis le pâturage tournant, les vaches sont complémentées uniquement avec un mélange de céréales du 15 avril au 1er juillet, ce qui représente une certaine économie.

Elisabeth BONNAL, Cantal Conseil Elevage 

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