Faucher tôt pour des ensilages d’herbe de qualité

La pousse des parcelles de Ray Grass d’Italie (RGI) est très hétérogène : le suivi de 11 parcelles de la Drôme montre que l’épi est monté de 7 cm en moyenne en 2 semaines. Quelques parcelles ont déjà des épis à plus de 20 cm. Le rendement des 3 parcelles de RGI début avril était déjà à plus de 4 tonnes de MS à l’hectare avec des valeurs élevées 1 UFL et 23% de MAT. Pour des animaux à forts besoins et pour réduire la facture de tourteaux, il faut prévoir d’ensiler quand l’épi du RGI est à 25 cm.

 

 

 

L’ensilage en 1 jour : Obtenir 30 à 40 % de MS

Les conditions de récolte (journée ensoleillée) et la conception des silos jouent un rôle primordial sur la qualité et l’ingestion de l’ensilage d’herbe. Les plantes sèchent plus vite si elles ne sont pas conditionnées. Le principe est le suivant : la plante qui a été coupée continue de respirer comme si elle était toujours reliée à ses racines. Le processus de photosynthèse par l’action du soleil fait en sorte que les feuilles respirent et évacue l’eau par les stomates. Si l’on brise les tiges, ce principe ne s’applique plus. L’objectif est d’atteindre 30-35% de matière sèche pour les graminées et 35-40 % de matière sèche pour les légumineuses. A ce stade, l’ingestion et la conservation sont optimisées. Une longueur de coupe entre 3 et 5 cm maximise l’ingestion, la conservation et la qualité du mélange offert aux animaux.

 

 

Un andain large : 80% de la largeur de coupe

Avoir un andain large permet de diminuer le temps de séchage. En effet, celui-ci reçoit trois fois plus de soleil qu’un andain étroit. Un andain large permet également une élévation de la température plus importante au cœur de l’andain. L’humidité au centre de l’andain s’évacue mieux car les stomates de la plante s’ouvrent au soleil et se ferment à l’ombre. Ces conditions sont favorables à la perte rapide de point de MS et donc à l’ensilage en 1 jour.

 

 

 

Faucher haut : 7 à 10 cm

Faucher entre 7 et 10 cm de hauteur de coupe pour permettre une meilleure ventilation de l’andain et reprise plus facile de la prairie. En dessous de 7 cm, le risque de mélange avec de la terre est élevée, la contamination en butyriques est alors importante. Le redémarrage de la prairie est plus difficile et la pérennité est diminuée. Un point de MAT gagné entre une hauteur de 3 cm et une hauteur optimale de 7 cm. Pour infos, 1 cm par hectare représente 3% du rendement pour des graminées et seulement 1% du rendement sur des légumineuses pour un 5 TMS récoltés. Il ne faut donc pas hésiter à faucher à plus de 7 cm. Moins de risque de butyriques, une prairie plus pérenne, un temps de séchage diminué et une reprise plus facile.

 

 

 

 

 

 

 

Du conservateur : zoom sur les conservateurs biologiques

Les conservateurs sont peu utilisés sur le terrain, avec souvent comme argument leur coût. Cependant, ils permettent de limiter les pertes et d’améliorer les valeurs alimentaires.

Le graphique ci-contre permet de classer l’aptitude à la conservation des ensilages en fonction de leur taux de sucres et de leur pouvoir tampon. La luzerne comme le trèfle violet sont ainsi des fourrages plus difficiles à conserver, et l’utilisation de conservateurs sur ces espèces s’avère donc intéressante.

Les conservateurs les plus utilisés sont les conservateurs biologiques, la concentration s’exprime en UFC/g de fourrages frais. Il existe deux grandes familles de bactéries avec des objectifs différents:

Les Bactéries Homofermentaires : Lactobacillus Plantarum,  produit de acide lactique à partir des sucres, font baisser le pH rapidement ce qui permet d’optimiser la fermentation, de limiter les pertes et d’augmenter la valeur alimentaire, le coût à l’hectare est d’environ 50 à 70 € en fonction du rendement.

Les Bactéries Hétérofermentaires : Lactobacillus Buchnéri, produit des acides lactique, acétique et propionique qui évitent les échauffements à la reprise des fermentations. Elles apportent une stabilité aérobie sur des silos d’été ou l’avancement est insuffisant. Le coût à l’hectare est de l’ordre de 120 € en fonction du rendement.

D’autres types de conservateurs existent, pour les découvrir, vous pouvez consulter l’article sur les fondamentaux pour réaliser un ensilage d'herbe de qualité

Malgré leur coût qui peut paraître élevé, leur emploi sera un investissement rentable si et seulement si votre ensilage a été réalisé dans des conditions optimales de récolte et de confection au tas. Un fourrage jeune, avec une MS de 30 à 40 %, fauché entre 7 et 10 cm de haut en andain large et séché le plus rapidement possible réunira tous les atouts pour récolter et réussir un ensilage en un jour !

 

Yannick BLANC, Drôme Conseil Elevage pour le groupe Nutrition FIDOCL

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