Produire une matière grasse de qualité, un enjeu pour la filière

 La composition de la ration détermine la teneur en acides gras du lait. Les acides gras du lait sont constitués pour 72 % par des acides gras saturés (AGS) et pour 28 % par des insaturés représentés par 2 familles, les mono insaturés (AGMI) à hauteur de 25 % et des poly insaturés (AGPI) à hauteur de 3 %.

 
 

Produire une matière grasse de qualité 

Les acides gras du lait et la santé humaine

La consommation en quantités importantes d’AGS augmente le risque de maladies cardiovasculaires. Ceci est démontré notamment pour l’acide palmitique (C16 : 0). En revanche, de nombreux AGPI sont indispensables. Les oméga 3 sont bénéfiques sur les maladies cardiovasculaires et le développement du cerveau. L’acide ruménique a des propriétés anticancéreuses et ralentit l’arthérosclérose.
Les enjeux sur la composition en AG des laits sont de maîtriser les teneurs en AGS et d’accroître les bons AGPI par le rationnement des vaches laitières.
 

L’herbe pâturée améliore la qualité du profil en acides gras  

En faisant varier le rapport herbe/ensilage de maïs, l’accroissement de la part d’herbe entraîne une augmentation des AGPI jusqu’à 4,5 % et une diminution des AGS en dessous 65 %.  Le pâturage est un levier efficace et peu coûteux pour améliorer la qualité des laits.
La teneur en AG du lait dépend essentiellement de la composition des fourrages. Pour que le lait soit riche en AGPI, il faut que le fourrage distribué soit lui aussi riche. C’est le cas de l’herbe dont les oméga 3 représentent 65 % des acides gras totaux. On a une corrélation très forte entre l’entrée des oméga 3 dans la gueule de la vache et la qualité nutritionnelle du lait à la sortie. 
Un régime riche en oméga 3 est un régime qui contient au minimum l’équivalent de 160 g d’oméga 3. Ce régime correspond à un pâturage couvrant 70 % des besoins des animaux.
Les modes de récoltes de l’herbe ( ensilage, enrubannage et foin) diminuent de moitié à deux tiers cette teneur. L’ensilage de maïs ne contient presque pas d’oméga 3. La possibilité d’introduire un pâturage en quantité, qualité et durée est un atout considérable pour produire de la matière grasse de qualité.
 

Un autre levier : les concentrés produits à partir de la graine de lin

Les régimes hivernaux, et notamment ceux à base d’ensilage de maïs sont dépendants d’apports de concentrés capables d’orienter vers le bon profil en AG. Le tourteau de colza, contrairement au tourteau de soja, va dans le bon sens même si son effet reste insuffisant. 
Les concentrés à base de jus de luzerne commencent à porter un effet mais, seuls les concentrés produits à partir de la graine de lin ont un impact fort et notamment, la graine de lin extrudée. Sur un régime 100 % ensilage de maïs, un kilo de graine de lin extrudée est nécessaire pour apporter les 160 g d’oméga 3.
C’est la dose nécessaire à une modification suffisante du profil en acide gras du lait. Par contre, le coût de ces concentrés n’est pas négligeable.
 
Patrice DUBOIS - Rhône Conseil Elevage
 
 
« SCL du Pavillon, Salt en donzy (42)

Paturage et graine de lin, au service de la filière

Christine Savy et Pierre Séon gèrent un troupeau Holstein de 50 vaches à 9 000 kg de moyenne.
Innover et être à l’écoute de la filière a toujours été pour eux un leitmotiv. S’engager dans la démarche «blue» proposée par leur coopérative laitière a été naturel. 
Cette démarche gérée par un cahier des charges et un engagement de moyen a pour but d’obtenir un lait dont le profil en acides gras lui permet d’acquérir le label «bleu-blanc-cœur».
Passionnée d’alimentation, Chritine voit dans cette démarche une source de motivation pour adapter la ration des vaches laitières aux exigences de cette action.
 
 

Profiter des 15 ha de pâturage

Pâturer tôt et le plus longtemps possible en fonction des contraintes climatiques a toujours été une règle d’or dans l’exploitation.
Au 15 mars, les animaux sont dehors et l’ensilage de maïs est progressivement diminué et limité à 15 kg.
30 ares par vache et une rotation rapide permettent aux animaux d’avoir de l’herbe de qualité. Nos fameux 160 g d’oméga 3 sont à disposition des vaches. Cela se traduit dans le lait par  des teneurs en acide palmitique très faible ( < à 22 %) et en oméga 3 très forte ( > à 1 % ).
 
 

Introduction progressive et raisonnée de graine de lin extrudée

Vers le 15 juin, les terrains sèchants de l’exploitation nécessitent l’introduction d’ensilage d’herbe, mélange de ray grass et de trèfle violet. Rapidement, ce sont 20 à 25 kg d’ensilage d’herbe et autant d’ensilage de maïs qui sont distribués à des animaux en début de lactation, lait d’été oblige. 
Beaucoup moins de pâture, plus d’ensilage de maïs et un peu d’ensilage d’herbe se traduit pas une réduction des oméga 3 à 60 grammes. Le relais est pris par la graine de lin extrudée à hauteur de 600 grammes pour arriver à la dose prescrite. Les résultats restent encourageants, acide palmitique stoppé à moins de 25 % et oméga 3 stabilisé à 0,9 %.  »
Propos recueillis par Patrice DUBOIS, Rhône Conseil Elevage
 
 

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