Cultures intermédiaires, conditions d"efficacité

L’essentiel du nitrate présent dans les eaux de surface et les nappes phréatiques est dû aux excès de fertilisation azotée, ainsi qu’à la production naturelle de nitrate par minéralisation des matières organiques du sol. Entre deux cultures, l’introduction d’une culture intermédiaire piège à nitrate (CIPAN) permet de capter l’azote minéral résiduel du sol avant la période de drainage et ainsi de réduire les fuites d’azote et la concentration nitrique de l’eau de drainage. Une étude de l'INRA fait l' état des connaissances sur la gestion de l’azote en période d’interculture pour les différents systèmes de grande culture français, et sur les conditions d'efficacité des CIPAN pour réduire les fuites de nitrate.

Quelques conclusions de l'étude:

•  Les CIPAN sont efficaces pour réduire la teneur en nitrate de l’eau de drainage  (sauf pour les cas d’interculture longue après récolte tardive).

•  Les légumineuses peuvent être utiles pour réduire les fuites de nitrate même si leur efficacité est  deux fois  plus faible que celle des espèces non légumineuses (crucifères et graminées).

•  Les repousses de colza et de blé sont efficaces pour réduire la concentration en nitrate de l’eau de drainage, à condition que le couvert soit dense et homogène spatialement. 

•  L’inefficacité des  CIPAN  après  maïs grain impose une gestion très stricte de la fertilisation azotée pour éviter des pertes de nitrate.

•  Le mulch de cannes de maïs broyées laissées en surface ne réduit pas les fuites de nitrate après maïs grain : l’enfouissement est préférable bien que son efficacité soit très modeste.  A contrario, le mulchage est favorable au stockage de carbone dans le sol  (car la décomposition des résidus est moins rapide et l’humification plus élevée), et assure une certaine protection du sol.     

•  Les cultures intermédiaires ne sont vraiment efficaces que si la fertilisation azotée de la culture précédente, bien ajustée, n'a laissé qu'un reliquat à la récolte faible ou modéré.

•  L’épandage d’effluents  d’élevage au semis des cultures intermédiaires est compatible avec la réduction des fuites de nitrate à condition de respecter impérativement certaines règles.

•  Les jours potentiellement disponibles pour la destruction des CIPAN à l’automne ne sont pas un facteur limitant drastique pour réaliser l’intervention, sauf en sol argileux (> 37% d’argile) .

•  Sur les sols argileux labourés à l’automne, des CIPAN même détruites précocement  restent généralement efficaces pour réduire les fuites de nitrate . 

•  La réussite de l’implantation de la CIPAN nécessite d’adapter la date de semis pour réduire les échecs de semis .

•  En climat méditerranéen, les problèmes de levée ne remettent  pas en cause l’intérêt des  CIPAN  pour réduire les fuites de nitrate les années "drainantes" . 

•  Les cultures intermédiaires réduisent le drainage mais n’ont pas d’impact sur l’alimentation hydrique de la culture suivante si la date de destruction est adaptée.  

•  L’impact des  CIPAN  de crucifères et de graminées  sur le rendement de la culture suivante est  légèrement positif ou nul, sauf  parfois  en  situation  d’interculture courte  où il peut être négatif ; l’impact est toujours positif pour la vesce 
 

Choisir ses espèces de couvert en fonction du contexte de l'exploitation (ARVALIS)

 

 

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