Récoltées en ensilage, les céréales associées au protéagineux montrent des niveaux de rendements réguliers (de 8 à 10 tonnes) et une qualité alimentaire améliorée par la présence de protéagineux. Quelque soit le contexte climatique, La régularité des rendements de ces mélanges céréales protéagineux se confirme.
Les mélanges céréales protéagineux présentent des avantages certains, permettant notament de :
- sécuriser le système fourrager en diversifiant les périodes de récoltes,
- constituer des stocks pour combler un déficit ponctuel,
- sécuriser une ration vache laitière par l’apport de fibres et celluloses digestibles,
- alimenter en plat unique les génisses ou vaches allaitantes.
L’objectif est d’obtenir un mélange fournis en protéagineux (valeur alimentaire) et qui ne verse pas, voici les recommandations pour la campagne 2014 :
Chaque espèce associée contribue au rendement et à la richesse alimentaire et joue un rôle complémentaire dans le mélange (fertilisation, salissement, rôle tuteur). Nous préconisons au moins l’association de trois espèces. Les mélanges complexes (2 céréales associées avec un ou plusieurs protéagineux) vont produire plus et verseront moins à la récolte. De plus, la valeur alimentaire en protéine mais aussi en énergie augmente avec la présence des protéagineux.
Au-delà de 2 tonnes MS/ha de légumineuses récoltées (vesces ou/et pois), la teneur en MAT du mélange augmente très fortement (120 à 140 g/kg MS) et on atteint 0,8 UFL.
Nos préconisations sont les suivantes :
- Triticale / Blé, environ 80 kg/ha, assure plus de la moitié du tonnage. Il convient de choisir des variétés précoces et résistantes à la verse. Le triticale a l’avantage de produire 50% de paille en plus par rapport au blé tendre et de mieux supporter des conditions de milieux difficiles.
- Avoine, à 50 kg/ha, contribue au rendement sans concurrencer les autres espèces et apporte un intérêt sur le plan agronomique. De plus, elle ramène de l’appétence au mélange et de matière sèche à la récolte. Préférer les avoines précoces. Eviter de prendre des avoines potentiellement gélives.
- Pois fourrager à 30 kg/ha ou la vesce de 20 à 30 kg/ha, intéressant pour la valeur alimentaire et intérêt agronomique (étouffe les mauvaises et effet tampon sur la matière sèche). Préférer la variété la plus précoce. Sur sol riche (matière organique ou potasse), réduire la dose de semis pour éviter les risques de verse. Attention dans les doses de semis, bien prendre en compte le poids de mille grains (PMG) spécifique à chaque variété.
Les variétés préconisées :
Triticale
L’objectif étant de choisir une variétés productive, epu sensible à la verse et aux maladies (rouille jaune), les semences fermières sont aussi une bonne alternative, à semer un peu plus épais :
KORTEGO (Sem Partners – 2001) : résistant à la verse et productif en altitude (très résistante au froid), peu barbu.
TRIBECA (Florimond Desprez - 2008) : très bon potentiel, peu sensible à la verse malgré sa grande taille et tolérant aux rouilles.
VUKA (Sem Partners 2010) : potentiel correct dans la moyenne depuis 4 ans, par contre, cette variétés est très résistante aux maladies (très bonne résistance à la rouille jaune en 2014) et à la verse.
TRIMMER (Momont - 2008) : bon potentiel, variété précoce à épiaison.
A noter que VUKA et KORTEGO sont parmi les variétés les plus résistantes à la verse.
RAGTAC (RAGT - 2007): Productif et résistant, intéressant en itinéraire allégé.
MATINAL (Agri Obtention – 2003) : bon potentiel mais irrégulier, attention à la verse et à la rouille jaune.
Blé tendre
Préférer des variétés résistantes aux maladies et la verse, quelques exemples :
EPIDOC (Serasem – 2005) ; GRAINDOR (Unisigma – 2005) ; PALEDOR (Secovra – 2004)
Pois fourrager
3 variétés commercialisées :
ASSAS (la plus commune), PICAR (Carmeau Frères) et ARKTA (Sem Partners), Arkta présente une meilleure résistance au froid.
Vesce
Il existe 3 familles de vesces fourragères, privilégier la résistance au froid :
La vesce commune est la vesce la plus utilisée mais légèrement plus sensible au froid, on note RUBIS (Jouffray Drillaud) parmi les variétés ou TOPAZE ou encore PEPITE de précocité intermédiaire
Les vesces velues, plus résistance au froids, on trouve SAVANE (la plus productives des essais du PEP).
Les vesces de Bengale ou vesce de Pannonie sont des vesces typées hiver très résistante au froid et producdives. On trouve comme variétés BINGO (vesce pourpre de chez Jouffray Drillaud) amis aussi DETENICKA (Sem Partners).
Avoine
Voici les variétés type les plus recommandées :
OURASI (Momont – 2005) moins productives mais résistante à la rouille et à la verse; UNE DE MIEL (Momont – 2006) la plus cultivée, un bon compromis rendement et résistance maladie ; CHARMOISE (Serasem – 1999) la plus productive ; SW DANGUISE (Sem Partners) productives et régulières, plus sensible à la rouille.
Des mélanges prêts à l’emploi sont aussi commercialisés, voici leurs compositions :
Méloprop (Jouffray Drillaud) | 50 kg/ Ha + 100 kg de céréales | 70 % pois fourrager, 30 % vesce, conseillé également à 25 kg/ha en complément de pois protéagineux |
Proté’mix (Caussade) | 50 kg/ Ha + 100 kg de céréales | 60% pois (protéagineux et fourrager) et 36 %vesce. |
Procé’mix (Caussade) | 150 kg/ha | 12% de Vesce commune, 22% de Pois protéagineux, 20% de Blé tendre, 26% de Triticale et 20% d’Avoine |
Préco’mix (Caussade) | 150 kg/ha | 10% de vesce commune, 24% de pois fourrager, 22% de blé tendre, 24% de triticale et 20% d’avoine, pour des récoltes précoces |
QUALI METEIL (Agrileader) | 100 kg/ha en pure ou + 30-50 kg de triticale/blé | 80% Avoine Noire (UNE DE MAI) + 20% Vesce d'hiver (MAXIVESA) |
GEO VERT TPA (Sem Partners) | 150 kg/ha | 64% Triticale (Kortego) + 7% Avoine (SW Dalguise) + 20% Pois fourrager (Arkta) |
ENSIL + (Sem Partners) | 150 kg /ha | Epeautre + Vesce de pannonie + pois fourrager (Arkta), mélange adapté aux zones froides |
Adaptation à l’altitude et au froid (plus de 700 m) : Le froid et les risques de gelées sont plus importants. Dans ces contextes particuliers, on adaptera le mélange en remplaçant l’avoine par de l’épeautre ou du triticale et en remplaçant la vesce commune et le pois fourrager par de la vesce de Cerdagne (ou vesce velue) ou la vesce de Pannonie plus résistante au froid. Pour les pois fourrager, on note une meilleure résistance de la variété ARKTA.
La conduite de la culture
Place dans la rotation : les mélanges peuvent être cultivés en 2ème paille, derrière un maïs/tournesol, ou derrière une prairie temporaire. Les associations constituent un bon précédent pour semer des prairies, une luzerne ou pour la mise en place d’une culture fourragère en dérobée (maïs, sorgho, moha, millet).
Type de sol : Avant toute implantation, vérifier la fertilité chimique de votre parcelle, les protéagineux se développent si les teneurs en Potasse sont satisfaisantes et si le PH est proche de la neutralité. L’absence de désherbage nécessite d’implanter le couvert sur un sol propre (faux semis ou labour).
Le semis : Malgré les différents PMG, le mélange pourra être semé en un seul passage à 2-3 cm de profondeur. Viser une densité de semis de 350-400 gr/m2.
Date de semis : Ne pas semer trop tôt pour éviter les risques de salissement et de gel de pois/vesce trop développés. Entre le 15 octobre et 15 novembre en plaine (au delà, on pénalise le développement des protéagineux).
Fertilisation P et K : Pour un rendement moyen de 9 t MS, les exportations sont de 45 kg de phosphore et 150 kg de potasse. En tenant compte de la richesse du sol, l’apport sous forme matière organique (exemple fumier à 20 t/ha) est largement suffisant.
Fertilisation azotée : il convient de favoriser la fixation symbiotique des légumineuses associées, pour cela, 40 à 6 kg d’azote à apporter au stade épis 1 cm des céréales suffisent.
Michael BONNAULT– Isère Conseil Elevage CIEL
Témoignage d’éleveur
Sébastien Loup du GAEC du TERRON est éleveur laitier sur la commune de Saint Agnin sur Bion. Pour assurer du stock fourrager en fin de campagne, Sébastien a semé l’automne dernier un mélange à base de triticale, d’avoine et de pois fourrager, soit environ 180 kg de semence dont 40 kg de protéagineux sur une parcelle de 4,2 ha.
Pour l’itinéraire technique, seul un apport de 100 kg d’ammonitrate fut apporté courant mars en plus du lisier apporté au semis. La récolte réalisée au 10 juin a permis de sortir pratiquement 70 m3 à l’hectare d’un mélange homogène et de surcroit non versé. Un maïs a été semé derrière le méteil juste après la récolte.
Côté valorisation, le méteil ne remplace bien entendu pas un maïs ensilage, mais apporté à hauteur de 14 kg brut par vache, cette ration plus fibreuse a permis de maintenir le niveau de production des vaches à 26 kg de lait durant l’été.
Convaincu de l’intérêt de cette culture tant sur l’aspect agronomique et zootechnique, Sébastien compte semer cette année du méteil mais en associant vesces et pois fourrager dans le mélange.