Comment améliorer le Taux Butyreux en caprin ?

Le TB ayant un impact direct sur le revenu, il est donc intéressant d’intervenir sur son niveau.

Suite à la modification des grilles de paiement du lait de certaines laiteries (et donc des seuils TB et TP du lait de référence), les éleveurs laitiers doivent rechercher des solutions pour obtenir un lait plus riche s’ils veulent maintenir voire améliorer leur revenu. Idem pour les éleveurs fromagers : le TB intervient directement sur l’onctuosité de leur fromages mais aussi sur le rendement fromager. 1 point de TB en plus c’est 90 à 165 g de fromage en plus pour 100 litres de lait (173 g en fabrication picodon).

 

 

 

Origine des matières grasses

Les matières grasses du lait ont 3 origines :

·        Les acides gras à chaîne courte qui sont synthétisés dans la mamelle à partir des acides acétiques (cellulose) et butyriques (sucres) formés dans le rumen.

·        Les acides gras à chaîne longue qui ont pour origine l’alimentation (MG) et les réserves corporelles.

Les acides gras à chaîne intermédiaire qui sont d’origine mixte.

De nombreux leviers existent pour faire varier le TB

 

Facteurs environnementaux

Il existe plusieurs facteurs environnementaux, peu voire pas maîtrisables, qui influencent le TB. Par exemple l’effet saison : diminution des taux avec les jours croissants ; la température : lorsque la température est supérieure à 25°C, les animaux consomment moins de fourrages grossiers et le TB diminue ; le stade de lactation : le TB est plus haut en début et en fin de lactation ; le rang de lactation : TB au plus bas en 3ème année de lactation.

L’effet race : au niveau national, les résultats de CL de 2016 montrent que les alpines produisent 929 kg de lait en 298 jours avec un TB=37,8 alors que les saanens produisent 985 kg en 311 jours avec un TB=35,9.

Heureusement, il existe de nombreux autres leviers que l’éleveur peut utiliser.

 

Travailler sur son troupeau

Malgré l’effet race, il existe de très fortes disparités au sein de chaque race. Pour un niveau de production laitière équivalent, le TB annuel entre les troupeaux peut varier de plus de 6 points. Pour avoir des taux élevés, il est donc impératif de démarrer avec un bon troupeau et de le sélectionner correctement (choix des femelles mais aussi des mâles).

Utiliser ses résultats contrôle laitier pour orienter la sélection génétique de son troupeau est une voie d’amélioration sur le long terme. En 10 ans, le TB moyen des adhérents au Contrôle Laitier en France est passé de 36,2 à 37,0 g/kg avec une augmentation de +156 kg de lait.

 

Bien alimenter le troupeau

L’alimentation est la principale source de variation de TB : +/- 5 à 7 points. Voici quelques points de vigilance :

  • La chèvre est un ruminant et non pas un monogastrique, il est primordial de maintenir une bonne rumination pour conserver un bon TB. Il faut des fibres en quantité suffisante et pas trop petites.
  • La ration ne doit pas excéder 40 % de concentrés (substitution au fourrage, risque d’acidose,…). L’excès d’amidon (>25 % amidon+sucres) a tendance à détériorer le TB.
  • La chèvre valorise les apports alimentaires de matière grasse, allant des graines de tournesol aux matières grasses protégées. Pour optimiser le TB, la ration doit contenir entre 3 % et 4,5% de MG dans la MS totale. Attention, un excès de MG non-protégée peut perturber la microflore digestive.

En résumé

  • S’investir dans la génétique : sur le moyen et le long terme, l’éleveur pourra orienter la sélection de son troupeau davantage sur les taux sans pour autant dégrader sa production laitière.
  • Nourrir avec suffisamment de fourrages (>60%), une proportion de concentrés limitée (<40%) et une teneur en MG de la ration totale comprise entre 3 % et 4,5 %.
  • adapter la ration au stade physiologique : entre le 4ème et le 7ème mois de lactation, le TB bas peut nécessiter une complémentation en MG
  • garder la maîtrise sanitaire de son troupeau en évitant les périodes d’acidose provoquant la baisse du TB

 

Benoit DESANLIS, Adice Conseil Elevage

 

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