Coaching en élevage : Travailler en société

Organisation du travail, communication, mésentente, conflits de générations...  Intervenir pour préserver le bon fonctionnement de l’exploitation.
 
 
 

Une cohésion indispensable

Dans un contexte économique agricole instable, constamment remis en question, les relations entre associés sont elles aussi parfois tendues. Problèmes d’organisation du travail ou de communication, mésentente, conflit de générations … sont des facteurs qui peuvent altérer le bien-être des associés et donc fragiliser le bon fonctionnement d’une exploitation. Depuis le printemps 2019 ACSEL propose un accompagnement aux éleveurs qui le souhaitent.

 

Agir avant qu’il ne soit trop tard

Le rôle du conseiller de secteur est de déceler un éventuel souci entre associés dans un GAEC (communication, travail etc.…), l’important est d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Il propose alors ce service aux associés avec l’intervention de la technicienne spécialisée Laurence Ponthus. Dans un premier temps elle prend rendez-vous individuellement avec chacun des associés, le but étant de les connaître au mieux et de cerner leurs objectifs. Les éleveurs se livrent plus facilement à une personne neutre, extérieure au GAEC.

L’enchainement  de questions ouvertes amène l’éleveur à exprimer son ressenti et ses attentes. La  synthèse de tous les mots, et surtout des maux, des associés, leurs soucis, leurs objectifs, leurs envies, ce qui leur plaît et leur déplaît permet d’enclencher le diagnostic.

 

Mettre tout  le monde autour de la table

Une fois cette synthèse réalisée une restitution est faite au GAEC avec la présence simultanée de tous les associés. Ce n’est pas une formation, il faut des préconisations concrètes pour résoudre un problème de communication, pour les aider à trouver leur place au sein du GAEC, à réorganiser leur travail ou à organiser tout simplement le rangement d’un bureau…Il faut que chacun y trouve son compte.

Les doléances de chaque associé sont reprises sur des post-it en insistant sur des mots clés. Ils les apposent eux-mêmes sur un tableau papier, comme à l’école ! Qui a dit quoi, qui aurait pu dire cela ? Ces objectifs sont à qui ? A eux de deviner. A ce stade on remarque déjà une cohésion d’équipe, de la communication, on s’aperçoit souvent qu’ils se connaissent bien et que le petit coup de pouce leur fait franchir un cap vers des questions naturelles qu’ils n’auraient peut-être jamais posées sans ma présence.

 

Un climat apaisé, c’est une dynamique retrouvée

A l’issue de cette demi-journée, chaque associé a compris les objectifs des autres, tout simplement en renouant un dialogue et dans la majorité des cas cela suffit. Le tableau reste en élevage pour leur permettre de jeter un œil dessus à chacun de leur passage dans le bureau. Parfois il est quand même nécessaire que la technicienne repasse pour recoller les post-it et redresser un peu le tableau. Dans d’autre cas, elle intervient une fois par semaine pour une réunion de GAEC d’une heure environ avec tous les associés pour les aider à organiser leur travail et leur rappeler leurs objectifs.

 

Laurence Ponthus, ACSEL Conseil Elevage

Pour essayer de délayer toutes ces entraves du quotidien, Laurence Ponthus, conseillère en élevage à Acsel, a pris en main ce service, intéressée par le côté social qu’elle peut apporter à ceux qui en ont besoin.

 

 

 

 

 

« GAEC des Perses, Cesseins Francheleins (01)

"Nous avons réalisé un diagnostic travail puis à la suite du résultat un coaching en élevage."

3 associés, 279 ha, 110 VL, 1 million de litres de lait.

« Lors du départ d’un de nos associés nous nous sommes retrouvés à 3 pour le travail de 4 personnes. Beaucoup de tensions se sont installées petit à petit au sein du GAEC. Laurence qui connaît bien l’exploitation nous a proposé ces deux services pour agir avant que tout ne vole en éclat. Une fois le temps de travail posé sur chacun d’entre nous, nous avons mis en place des modifications pour nous faciliter la tâche. Laurence a ensuite fait un coaching pour définir les objectifs de chacun. C’est une entrée pour parler de choses qu’on ne peut pas aborder de but en blanc. Elle pose des mots sur les maux. Dans les conditions économiques difficiles ça aide à tenir le cap. Aujourd’hui nous nous réunissons tous les lundis matin pour organiser notre semaine de travail à venir, aborder les points qui nous ont pesés et les situations qui demandent des réponses rapides et efficaces. Nous pouvons dire aujourd’hui qu’un œil extérieur au GAEC est primordial, cette œil voit ce que nous ne voyons plus. »

 

Propos recueillis par Laurence Ponthus, ACSEL Conseil Elevage

 

« GAEC Pogevia, Sandrans (01)

Traite : Partager et simplifier les tâches

130 vaches Montbéliardes – 190 ha– 1 million de litres vendus en lait conventionnel.

L’exploitation est répartie sur deux sites situés à 4,5 km environ l’un de l’autre. Le site principal est dédié au troupeau des vaches laitières avec salle de traite, stabulation, pâturage et bureau des associés tandis que le deuxième est utilisé pour les génisses.  Les parcelles situées au centre des deux sites vont être utilisées pour les cultures de maïs, de blé et d’orge.

 

Deux salariés à temps plein sur l’exploitation

La dimension de l’exploitation avec deux ateliers lait et les cultures à gérer sur deux sites, oblige Pascal Blanc et Patrick Goiffon a être organisés. Pas question d’être débordés ni d’être esclave de son travail. Patrick est responsable des cultures, du matériel et de la comptabilité, Pascal du troupeau laitier. Chacun prend quatre semaines de congés par an et participe, notamment l’hiver, à plusieurs groupes d’échanges techniques et journées de formation. Les deux associés ont choisi de travailler avec des salariés. « L’embauche d’un salarié nous a amené un plus sur nos conditions de travail ». Après avoir essayé pôle emploi, les associés privilégient le recrutement sur le « Bon coin », très réactif et local. Pas de compétences spécifiques demandées mais de la motivation. « Un salarié s’il n’a pas d’expérience, ça m’arrange. Tu le formes comme tu veux ». Il faut être exigeant mais aussi savoir être souple sur les horaires et le travail demandé. Côté salaire, « Pas de miracle, mais on paye davantage que le SMIC avec quelques heures supplémentaires ». « Avec nos deux salariés, on est censé faire mieux notre boulot et mieux dominer notre système. Donc le gain technique apporté doit compenser la charge salariale ».

 

 

 

Partager les traites

Pascal traie tous les matins du lundi au vendredi. Les salariés assurent les traites du soir. Les deux associés ne travaillent pas les samedis, réservés à la famille et aux activités extérieures. Un dimanche sur trois est assuré par l’un des associés ou l’un des salariés, c’est le deal au moment de l’embauche ! La traite dure moins de deux heures le matin et 1h30 le soir en faisant boire les veaux en même temps. Ainsi même si la cadence de traite est importante, il n’y a pas de lassitude. Pascal assure ainsi 40% des traites, les salariés 50% et Patrick seulement 10%. Avec la traite du matin Pascal garde la main sur le troupeau. Cet été le rythme a été modifié avec un week-end sur quatre travaillé.

 

Simplifier les tâches

Pour être efficace et productif il faut faire simple. Les génisses sont conduites en deux lots au pâturage tournant dynamique (6 parcelles de 3 à 4 jours) pour assurer croissance et moindre coût. Les vaches disposent d’une ration complète distribuée au bol mélangeur. Les vaches pâturent depuis la mi-février en pâturage tournant dynamique. Les 140 logettes creuses sont paillées avec le bol une fois par semaine (paille entreposée entre les rangées de logettes).

La salle de traite est équipée en 2 fois 8 postes avec décrochage. Les éleveurs ne tirent pas les premiers jets, pas de trempage non plus. Les vaches sont relativement propres. La paille de bois est utilisée pour préparer les vaches. « Chez nous il faut que ce soit simple et que tout le monde puisse traire. On est pénalisé un peu en leucocytes, on perd le super A deux mois dans l’année. Mais on gagne en temps de traite. On ne lève pas les bras pour tremper les vaches, c’est de la fatigue en moins. »

 

Plancher mobile pour la traite

Sur la ferme quatre personnes se relaient pour traire. Pascal mesure 1 mètre 65, certains salariés dépassent  1 mètre 85. Pascal, qui est très bricoleur, a installé un plancher mobile. Ainsi chaque trayeur peut régler la hauteur des quais de 80 à 105 cm. Une salle de traite adaptée à tous, c’est plus confort. Deux tâches sont  encore réalisées manuellement, la complémentation en VL et le nettoyage  des logettes. Avec des vêlages étalés et un part importante de pâture, un aliment type VL est distribué à la casserole soir et matin pour les fraîches vêlées. De même, l’hiver, Pascal ou l’un des salariés fait les logettes. C’est l’occasion de passer dans le troupeau, mais la tâche reste pénible, il faudrait pouvoir la mécaniser. Sûrement la prochaine étape à inventer !

 

Propos recueillis par Jean-Philippe Goron, Adice

Les Ecel de la Fidocl vous accompagnent sur les questions d’ergonomie traite et conditions de travail, en lien notamment avec les MSA. Renseignez-vous !

 

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