Antibiotiques et inhibiteurs

Définitions  29/03/2012 Révision en cours

Les Inhibiteurs sont des substances capables d’empêcher à faible dose (résidu) le processus vital des microorganismes.
Attention : - certains inhibiteurs ne sont pas des résidus : les inhibiteurs naturels secrétés par la vache au niveau du canal du trayon.
                  - certains résidus ne sont pas des inhibiteurs : antiparasitaires.
 
D’où viennent-ils ?
 
Les inhibiteurs ont 2 origines principales :
- Les résidus d’antibiotiques administrés aux animaux dans un but préventif ou curatif.
- Les antiseptiques utilisés pour la désinfection des surfaces en contact avec le lait (matériel de traite, lavettes, peau des trayons, …)
 
 
Quels risques ?
 
Les risques sont de 2 natures : risques pour les fabrications et risques pour le consommateur.
 
Les risques pour les fabrications : La présence d’inhibiteurs dans le lait a pour effet de bloquer ou ralentir les fermentations microbiennes et conduire à une mauvaise ou une absence de coagulation du lait dans la cuve du fromager.
 
Les risques pour le consommateur : La présence de traces d’antibiotiques dans le lait est une préoccupation majeure de santé publique. Ces risques attribués aux antibiotiques sont essentiellement les risques d’allergie et les risques d’antibiorésistances.
 
Les médicaments administrés aux animaux ont donc une lourde responsabilité quant à la présence de résidus inhibiteurs dans le lait et sont soumis à une réglementation stricte.
 
La réglementation du médicament
 
Chaque médicament doit faire l’objet d’études longues et coûteuses.

Pour la matière active du médicament, il est nécessaire de déterminer la L.M.R. (Limite Maximale de Résidu). C’est une définition européenne qui garantie la sécurité du consommateur.
Le médicament quant à lui doit disposer d’une Autorisation de Mise sur le Marché (A.M.M.). Ces contraintes expliquent que l’on dispose de peu de médicaments avec AMM pour les petits ruminants.(dossier trop lourd en rapport à l’effectif).
 
Le médicament est l’association d’une molécule et d’un excipent (support).
Le support est aussi important que la matière active. On peut avoir 2 médicaments renfermant la même matière active et la même dose mais avec un délai d’attente très différent lié à l’excipient.
L’A.M.M. précise les conditions d’utilisation du médicament et tout particulièrement le délai d’attente.
Le délai d’attente est le temps qui s’écoule entre la dernière administration du médicament et le moment où la teneur en résidu est inférieure à la L.M.R.
 
L’antibiotique se fixe sur les protéines du lait et par conséquent, 80 % du produit est éliminé à la première traite.
La teneur en résidu croît avec le nombre d’injections ; Plus le nombre d’injections est élevé, plus le délai d’attente sera long pour redescendre en dessous de la LMR.
 
Le délai d’attente étant directement lié à la quantité de produit administrée, on ne peut qu’insister sur la nécessité de respecter scrupuleusement la posologie précisée dans le cadre de l’AMM.
 
Type de délais d’attente
- Délai de x jours après la fin du traitement.
- Délai nul ou 0 jour : le lait est livrable dès la fin du traitement, par précution attendre un traite après le dernier traitement.
pour les produits hors lactation, ce délai sous-entend : dans les conditions normales d’utilisation (durée de tarissement + 7 jours de colostrum). Un produit hors lactation ne doit surtout pas être utilisé pour un traitement en lactation. La plus part des produits de tarissement mentionne, maintenant un délai et la conuite à tenir en cas de vêlage précoce.
- Délai sans objet : le lait est livrable pendant le traitement sous réserve de respecter la dose.
- Délai non mentionné pour les vaches laitières : Ce médicament ne doit pas être utilisé pour les vaches laitières.
 
La réglementation pour le producteur
- Absence de résidus dans le lait.
- Respect des doses préconisées et des délais d’attente.
- Interdiction de livrer le lait d’une vache pendant les 6 jours qui suivent le vêlage.
- Livraison d’une traite totale et ininterrompue (pas de possibilité de détourner un quartier..).
- Livraison du lait des vaches bien portantes.
-Utilisation de produits ayant fait l'objet d'une ordonnance et inscription dans le carnet sanitaire du traitement.
 
Les contrôles
Le lait est un des produits alimentaires le plus contrôlé : + de 6 000 000 d’analyses (recherches inhibiteurs) par an en France. C’est une garantie pour la filière.
Les tests de détection sont nombreux, ils diffèrent par leur méthode, leur sensibilité et leur spécificité.
On distingue :
Les tests d’inhibition : non spécifique mais les moins sensibles. C’est le test Eclipse3G utilisé dans la méthode officielle pour le dépistage par les laboratoires interprofessionnels et le Delvotest utilisé en usine par les laiteries.
Les tests enzymatiques : plus rapides, un peu plus sensibles mais spécifiques de certaines molécules. (ex : le penzym fait en 20mn, utilisé généralement dans le camion de collecte,mais spécifique des bétalactames, famille des pénicillines .)
Les tests immuno-enzymatiques (ex : le SNAP spécifique des bétalactames + trétracyclines).
Les tests immuno-chromatographiques (ex : le BETA-STAR réalisé en 2 mn, spécifique des bétalactames, pénicillines et céphalosporines).
 
Tous les tests rapides n’intègrent pas de chauffage préalable et ne détruisent donc pas les inhibiteurs naturels du lait. Ils doivent être réservés à des laits de citernes ou grand mélange. Ils sont généralement utilisés en contrôle arrivé usine et en autocontrôle pour les producteurs.
 
Attention : Ces tests ont tous leur propre sensibilité (généralement plus sensible que la méthode officielle) et sont spécifiques de certaines molécules.
Un lait positif à un test rapide peut se révéler négatif à la méthode officielle (sensibilité moindre en méthode officielle).
Un lait négatif à un test rapide peut se révéler positif à la méthode officielle (molécule non détectée au test rapide).
 
La méthode officielle de détection des résidus d’inhibiteurs

Seule la méthode officielle pratiquée au laboratoire agréé fait foi pour le paiement du lait. Les tests en ferme ou en usine sont des outils d'aide à la décision pour prévenir toute livraison ou utilisation d'un lait contenant des résidus. Au laboratoire la détection des résidus d'antibiotiques dans le lait s'opère en deux temps. Un premier test dit de dépistage permet de trier les résultats négatifs. Les laits contenant potentiellement des résidus (résultats positifs) subissent deux tests de confirmation par des méthodes différentes afin de confirmer ou non le résultat.

 
65 % des laits dépistés sont confirmés du fait des différences de sensibilité des souches utilisées.
 
Les causes pouvant être à l’origine de laits positifs aux inhibiteurs
 
Une enquête réalisée en Rhône Alpes entre 95 et 99 sur 1000 producteurs détectés positifs a fait ressortir :
- 51 % des cas liés aux traitements mammites cliniques
- 19 % des cas liés aux traitements tarissement
- 9 % des cas lies à des traitements par voie générale
- 3 % des cas liés à des soins externes des trayons
- 1 % des cas liés à l’ingestion de farines destinées à d’autres espèces
et - 17 % des cas non identifiés ou non révélés
 
Les erreurs les plus fréquentes pour le traitement des mammites :
Le non retrait du lait d’une vache traitée (défaut d’identification ou de consignes)
Mauvaise utilisation du produit (dose, nombre injections, délai d’attente…)
Lait résiduel dans la griffe
Bidon de dérivation trop petit
 
Pour les tarissements :
Traite d’une vache tarie
Durée de tarissement trop courte
Non respect de la période colostrale
 
Exiger une ordonnance, respecter la prescription, identifier les animaux traités et passer les consignes constituent la base de la prévention. 
 
Pierre FATET, Contrôle Laitier de L'Ain, base documentaire Fidocl 18/10/2005

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