Améliorer son autonomie protéique avec du méteil grains

Une culture économe, une conduite en toute simplicité : tu sèmes, tu récoltes, pas de traitement. Autrefois utilisé principalement en élevage biologique, la culture du méteil grains a le vent en poupe ces dernières années. En cause, la hausse du prix des aliments protéiques mais aussi l’image vis-à-vis du consommateur qui souhaite que les animaux soient nourris avec des aliments produits sur l’exploitation ou localement. Cette culture répond parfaitement à ces problématiques et présente des intérêts multiples tant au niveau agronomique qu’économique.

 

Au niveau agronomique, cette culture permet un allongement des rotations mais surtout une meilleure structuration du sol.<--break->

 

Un itinéraire cultural simplifié

« Tu sèmes, tu récoltes, pas de traitement ». Cette formule est souvent répétée par les producteurs de méteil qui apprécient cette conduite culturale simplifiée.

Il existe une grande diversité de méteils grains. Ils sont composés d’un mélange de céréales (1 ou 2) et de protéagineux (1 ou 2) allant de 2 à 9 espèces, avec une moyenne de 4. Les espèces les plus fréquentes sont le triticale, le pois fourrager, l’avoine, la féverole et la vesce.

Le lupin est un protéagineux très intéressant (35% MAT et 1% amidon) mais sa culture peut s’avérer délicate. Lors des choix des espèces, il faudra veiller à ce que les stades de récoltes soient compatibles. Il existe une complémentarité entre les céréales et les protéagineux au niveau de la fixation de l’azote.

 

 

Un labour peu profond suivi d’un passage de herse rotative ou de vibroculteur suffiront à préparer le lit de semences. Les semis sont réalisés entre le 15 octobre et le 15 novembre pour avoir une moisson fin juillet début août.

Le semis peut être réalisé en 1 passage ou 2 (croisée ou volée+en ligne). Il est conseillé de mettre 10% de graines de protéagineux avec de la féverole pour récolter un mélange entre 16,8 et 18,7% MAT avec un rendement compris entre 39 et 45 quintaux. La densité de semis est comprise entre 200 et 220 kg/ha.

 

Une culture économe et sécurisante

Les méteils, peu gourmands en intrants notamment en pesticides, permettent une économie d’engrais grâce à la complémentarité entre céréales et légumineuses sur l’utilisation de l’azote.

Un apport d’engrais azotés n’est pas nécessaire mais a tendance à augmenter le rendement.

La proportion de protéagineux est variable avec les conditions climatiques annuelles

 

 

Le coût moyen du méteil est de 140-150€/T récolté pour un rendement de 30 à 42 quintaux et une valeur de 14 à 17% de MAT.

Le fait de semer plusieurs espèces couvre les aléas climatiques et assure une stabilité du rendement compris entre 30 et 50 quintaux. Par contre la valeur alimentaire peut fortement évoluer selon les années, allant de 11 à 21% de MAT.

Un aliment équivalent à une chèvre laitière

La culture de méteil grain améliore l’autonomie alimentaire et protéique de l’exploitation en produisant un aliment équilibré en protéines et en énergie équivalent à une chèvre laitière.

Le méteil en graine entière est distribué par 80% des éleveurs (source enquête Redcap ).

La paille de méteil est également très appréciée par les chèvres et les chevrettes.

 

Quelques points à surveiller

Il n’est pas toujours aisé de trouver des espèces avec des stades de récolte similaires.  

Attention à la disponibilité des variétés, il faut s’y prendre à l’avance auprès de ses fournisseurs de semences.

 

Le semis et la récolte demandent une certaine technicité ; la présence de protéagineux peut inquiéter les Entreprises de travaux agricoles (ETA) à cause des risques de casse de barre de coupe en terrains caillouteux.

Une formation à ce sujet a été proposées aux chauffeurs des ETA de l’ouest.

Les variations interannuelles ne permettent pas de prévoir la valeur alimentaire du méteil avant sa récolte. D’autre part, cette valeur est mal connue sans une analyse biochimique.

Le tri par espèces d’un échantillon de 200-300g puis sa pesée est indispensable pour déterminer la valeur alimentaire du méteil par comparaison avec les tables INRA.

L’association Céréales /protéagineux permet un gain de valeurs protéique d’environ 2.5 % (sources INRA) par rapport à la culture en pure.

Il peut être intéressant de confirmer les valeurs par une analyse en laboratoire et ainsi affiner les calculs de rations.

Pour plus d’informations site Redcap  http://redcap.terredeschevres.fr/

 

Benoit DESANLIS, ADICE

 

Des témoignages similaires

« GAEC la Chèvrerie du Rafour

(60 chèvres à 1266kg TB=32,3 TP=33,6)

Pourquoi cultiver du méteil grains ?

Je cultive du méteil afin d’être plus autonome sur mon exploitation mais aussi pour maîtriser mon coût de production et ne plus subir les variations de prix d’achat des concentrés.

Quel itinéraire technique ?

Dose de semis environ 190 kg/ha : 80 kg de féverole, 30 kg de pois, 30 kg de vesce, 50 kg de lupin en 2018.

ITK : labour, passage d’une herse plate, semis combiné, passage d’un rouleau cambridge.

Aucun intrant.

Récolte fin juillet, 25 quintaux/ha. L’idéal est de ne pas remplir les cellules directement pour limiter le risque d’échauffement. Attention la présence d’herbe augmente ce risque.

Le méteil est ensuite stocké dans des cellules à grains.

Méteil récolté en 2017 20% pois, 35% vesce, 45% féverole => 24,8% MAT (tables INRA)

Incorporation dans la ration ?

Le méteil est distribué en grains entiers, à raison de 400 à 550 g/j/ch.

Et à l’avenir ?

Avec l’envie de passer en bio, je réfléchis à remettre des céréales dans le mélange.

 

« GAEC la ferme des Bacholles

(128 chèvres à 830kg TB=35,5 TP=35,6)

Pourquoi cultiver du méteil grains ?

J’ai choisi de produire du méteil pour être le plus autonome possible au niveau de l’alimentation de mes animaux. Cette culture permet également de varier la ration des chèvres. Enfin, le méteil est intéressant pour la simplicité de sa conduite culturale.

Quel itinéraire technique ?

Dose de semis 213 kg/ha : 50 kg féverole, 25 kg pois fourrager, 7 kg vesce, 40 kg épeautre ; 40 kg orge, 40 kg triticale, 10 kg avoine

ITK : suivant le précédent, un apport de 10 T/ha de compost avant le semis peut avoir lieu. Ensuite soit je laboure puis sème ou je déchaume puis sème.

Aucune intervention avant la récolte mi-juillet.

Sur les 13 ha semés, le rendement moyen est de 40-45 quintaux.

Le méteil est stocké dans des big-bags.

Méteil récolté en 2017 40% pois, 20% vesce, 5% féverole, 5% orge, 15% triticale, 5% épeautre => 18,4% MAT (tables INRA)

Incorporation dans la ration ?

Le méteil est distribué aplati suite à des problèmes de consommation du pois fourrager. Depuis, le TP est plus élevé.

La quantité distribuée varie entre 650g et 1kg/j/ch.

Et à l’avenir ?

Continuer la culture de méteils grain. Depuis 2 ans, j’incorpore moins de vesce pour limiter la verse.

 

Propos recueillis par Benoit DESANLIS, Adice

 

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