Améliorer la qualité des ensilages

Les animations Silo Scan proposées par les conseillers d’Acsel conseil élevage ont eu un vif succès. C’est l’occasion de revenir sur les bonnes pratiques d’ensilage.

 

 

L’ensilage de maïs est pour bon nombre d’exploitations le principal fourrage distribué tout au long de l’année. Afin d’évaluer sa qualité au-delà des analyses faites en laboratoire, une animation a été mise en place par ACSEL Conseil Elevage, dans l’Ain et la Saône et Loire, totalisant une trentaine d’exploitation participantes. Un tamisage a été effectué sur l’ensilage de maïs ainsi que la ration. Des mesures de compaction du silo et une visualisation à la caméra thermique ont permis d’évaluer la qualité de conservation.

 

Etape 1 : Rester vigilent aux réglages de l’ensileuse !

Bien qu’un chantier d’ensilage soit demandeur en temps de travail, il est important de bien régler l’ensileuse (la longueur de coupe et l’affutage des couteaux !) afin d’améliorer la conservation du fourrage et d’optimiser l’ingestion. il n’y a pas une longueur de coupe idéale. Elle dépend de la machine, de la matière sèche du maïs et des outils utilisés pour la reprise. Idéalement on recherche des particules faisant 15 à 20 mm avec une coupe franche et des grains bien touchés. Avec un maïs sec, il faudra régler la coupe plus fine que dans un maïs humide pour faciliter le tassement.

Le tamis Penn State est utilisé pour trier les parties des ensilages et des rations par taille de particule. Il est très pratique d’utilisation et permet une interprétation immédiate.

Après tamisage de l’ensilage grâce au tamis Penn State on retrouve une moyenne de 12 % de particules supérieures à 19 mm. Elles seront consommées en dernier après avoir été triées ou seront laissées sous forme de refus. L’idéal serait d’en avoir le moins possible. Avec les maïs de l’année 2016, souvent secs, la coupe a été plus difficile.

Les particules les plus intéressantes sont comprises entre 8-19 mm. Ce sont des fibres efficaces qui vont permettre d’une part de faire ruminer et d’autre part de faire un apport nutritif important. Il est donc intéressant d’en avoir le plus possible. La moyenne des mesures se retrouve proche des 70 % ce qui pourrait être amélioré en optimisant les réglages de l’ensileuse afin d’approcher les 80 %.

Vient ensuite les particules plus fines, entre 4-8 mm et inférieures à 4mm. Elles apportent l’énergie soluble mais augmentent les risques acidogènes. Les objectifs de répartition des particules sont de 10-20 % entre 4 et 8 mm et 5 % pour celles inférieures à 4 mm. Sur l’ensemble des silos tamisés il y a une proportion de 12 % pour 4-8 mm et 8 % pour inférieures à 4 mm.

Cela s’explique par les conditions de récolte de 2016. Face à des maïs secs et notamment des grains vitreux, on retrouve plus de farine donc un plus gros risque acidogène qu’au stade pâteux-vitreux.

Le stade de récolte de la plante tout comme le réglage de la machine demandent de l’attention afin d’assurer une bonne qualité du fourrage qui sera celui de l’année…

Les zones moins bien tassées, plus chaudes,

sont bien visibles avec la caméra thermique à Infra-rouge

Etape 2 Silo : ne pas se laisser dépasser !

La qualité et l’appétence de l’ensilage va dépendre en grande partie de sa conservation. Durant l’animation des mesures ont été faites au compactomètre (qui mesure la compaction) sur le front d’attaque ainsi qu’un passage à la caméra thermique afin de voir les zones d’échauffement.

Bien que ce ne soit pas une nouveauté, il a été vérifié une nouvelle fois que le tassage est l’élément principal qui influence la conservation. Les meilleurs résultats se trouvent sur des chantiers ou c’est l’éleveur au silo qui guide l’ensileuse et non le contraire ! Il est impératif de tasser chaque couche. Pour un travail optimal, ne pas oublier de bien gonfler les pneus. Malgré ce que l’on pourrait penser ce ne sont pas non plus les gros tracteurs qui tassent le mieux, il vaut mieux un tracteur de cours, monté pas large, qu’un tracteur de tête avec des pneus larges. Il va de soi que le jumelage est à proscrire. En fin de chantier, l’arrêt de l’ensileuse n’est pas synonyme de l’arrêt du tassage. Il est important de bien finir (continuer minimum 30 minutes après la dernière benne, l’optimum se trouvant à 40-50 minutes).

Les écarts entre silo peuvent être importants suivant les pratiques et l’on retrouve plus de 50 kg de MS au m3 de variation de densité. Les valeurs les plus hautes sont supérieures à 250 kg MS au m3 et descendent à moins de 200 kg de MS au m3 quand la norme est aux environs de 220 kg de MS au m3.

La température adéquate du front d’attaque (à 10-15 cm de profondeur) doit se retrouver à +/- 10°C de la température extérieure. Une mesure supérieure traduit une reprise de la fermentation aérobie, une baisse de l’appétence et des valeurs. Sur les zones moins tassées, où l’air pénètre facilement, des mesures de plus de 50°C ont été relevées et constituent des pertes de fourrages.

Dans un souci technique et économique, la bonne conservation de l’ensilage est primordiale. Cela passe notamment par un bon déroulement du chantier en sachant ralentir l’ensileuse.

Etape 3 - Privilégier le tassage aux conservateurs

L’offre de conservateurs sur le marché est étoffée et il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est important de choisir celui qui répond aux attentes de chacun. Globalement il existe 2 grands types de conservateurs. D’une part les acides (sous forme liquide ou solide) et les « biologiques »  composés de bactéries homofermentaires ou hétérofermentaires. Les acides et les bactéries homofermentaires ont pour but d’améliorer la vitesse d’acidification afin d’atteindre une stabilité rapide après la récolte. Il est conseillé pour les fourrages pauvres en sucre, riches en MAT et ressuyés. Les bactéries hétérofermentaires vont plutôt agir sur l’amélioration de la stabilité aérobie une fois le silo ouvert.  Leur utilisation est à conseiller sur des fourrages riches en sucres et qui n’avancent pas assez vite en période chaude.

 Malgré leur efficacité, les conservateurs sont difficiles à utiliser pour répartir et homogénéiser la juste quantité sur la totalité du fourrage. Le tassage reste la meilleure arme face aux reprises de l’activité fermentaire.

Etape 4 - La vache championne du tri

Dans les rations avec de l’ensilage d’herbe (parfois fait à l’auto-chargeuse) ou des enrubannages ainsi que du foin et de la paille, il est parfois difficile d’obtenir un mélange homogène. Les vaches étant championnes du tri et gourmandes, elles consomment d’avantage les particules fines en premier ce qui pose des problèmes d’ingestion rapide et d’acidose chronique.  Afin de limiter ce phénomène il est important d’avoir un mélange comportant le moins possible de fibres longues (supérieures à 7 cm soit la largeur de la gueule de la vache) ainsi le tri sera rendu plus difficile et l’ingestion des aliments sera homogène et améliorée. Cette longueur se joue d’une part à la récolte mais aussi pendant confection du mélange. Concernant l’ensilage d’herbe, on vise des brins d’environ 40-50 mm. Pour tout ce qui est foin, il est intéressant de le passer dans un outil permettant de réduire la taille des brins. Attention tout de même à avoir une coupe franche et non défibrée  qui enlève l’action mécanique pour la panse. C’est pourquoi l’usure des couteaux des bols mélangeurs est à prendre en compte. Pour un meilleur mélange, il est conseillé de mettre en premier les fourrages secs puis ensuite les fourrages humides en gérant le temps de brassage de façon à ne pas trop découper.

 

Bilan des mesures : des rations plutôt fibreuses

Sur l’animation on retrouve une moyenne de 34 % de particules supérieures à 19 mm ce qui favorise le tri des animaux. Diminuer cette part est possible en portant une attention particulière pendant la récolte et le temps mélange. Certains arrivent à moins de 20 % et optimisent donc leur ingestion et production laitière. Concernant les fibres efficaces de 8-19 mm c’est ici que l’on doit en retrouver la plus grande proportion. La moyenne s’est établie à 40 % mais certains montent à plus de 60 %. Enfin, pour ce qui est des particules fines, il est difficile d’établir une valeur idéale. Cela dépend de chaque élevage et de la proportion en concentré dans la ration ainsi que de leur forme (farine, bouchons…). Néanmoins dépasser 25 % de particules inférieures à 4 mm amplifie le phénomène d’acidose dans des rations facilement triables.

 

La récolte du fourrage de l’année (ensilage de maïs) se fait en quelques heures et demande une charge de travail intense. Cependant il ne faut pas se laisser dépasser au silo et prendre du temps pour régler l’ensileuse. L’enjeu en vaut la peine tant sur le plan technique qu’économique. La ration se doit aussi d’être homogène et pas trop fibreuse afin de diminuer le tri pour améliorer l’équilibre ruminal afin d’optimiser la production de lait.

Tous les outils de la mallette silo scan évoqués dans cet article ont été financés en partie par le conseil régional et ils sont à votre disposition auprès des conseillers.

 

Joris Piroux, Acsel Conseil Elevage

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