Alimentation - Témoignages

Témoignages de Michel Vagneur, nutritioniste indépendant, et Marie-Laure Ocaña, responsable technique chez Zin Pro.

 

 

 

Comment gérer le niveau en protéines de la ration hivernale des VL avec des cours très élevés du tourteau de soja ?

Il faut d’abord fixer les objectifs et la stratégie de l’atelier lait : produire le maximum de lait ? Réduire le coût de production ? Rester dans une production équilibrée ? Désintensifier ? Ensilage de maïs ou pas ? Et quel impact environnemental ?

De ces questions, il faut en déduire, selon le système choisi, le niveau d’énergie de la ration (de 0.85 à 1 UFL/kg MS) et celui des matières azotées

La productivité du rumen, qui conditionne la santé et la production de la vache laitière, dépend d’un bon équilibre entre l’énergie, les matières azotées et les fibres. L’excès de protéines est coûteux, polluant et pénalise la santé de la vache. Le déficit en protéines diminue l’efficacité de la ration, pénalise la production et la santé de la vache. L’équilibre énergie/protéines/fibres est donc capital.

Quand cet équilibre est atteint, l’urée se situe entre 200 et 250 mg/l. (avec une tolérance 180 à 270 mg/l).

  • Le maïs ensilage a de gros atouts mais il est pauvre en MAT et nécessite des quantités importantes de protéines
  • L’ensilage d’herbe jeune ou de méteil est une bonne source de MAT pour complémenter l’ensilage de maïs plante entière
  • La luzerne une excellente source de MAT, aussi bien en système « foin » qu’en système « maïs »
  • Le tourteau de soja (riche en protéine, en énergie, à dégradabilité optimale) est difficile à remplacer. Les tourteaux de colza et de tournesol sont de bonnes alternatives. L’urée sous ses différentes presentations est utilisable.
  • Les acides aminés (méthionine, lysine, …) sous différentes formes permettent des économies substantielles de protéines et assurent une bonne performance en lait et taux

Quelques exemples de rations à envisager :

  • Luzerne + foins+ concentrés énergétiques sur des systèmes désintensifiés
  • Maïs épi + luzerne + foin + concentrés énergétiques + acides aminés + tourteau de colza pour des systèmes intensifs
  • Maïs ensilage maxi 10 kg MS + luzerne + ensilage d’herbe + foin +concentrés énergétiques + 3 kg d’un mélange colza 2/3 et soja 1/3 pour des systèmes intensifs

Quelque soit le niveau de production, les fondamentaux doivent être respectés : accès à l’eau, confort de couchage, ration à volonté, absence de stress. La régularité et l’équilibre hyperfin de la ration permettent des économies de protéines par l’optimisation. Ne pas oublier que c’est la densité énergétique qui pilote la production. La luzerne sous toutes ses formes est à développer en priorité. La diminution de la production n’est pas toujours valable économiquement et sanitairement. Concernant les aspects économiques de la ferme laitière, c’est l’EBE/UTH qui est le critère le plus pertinent.

Michel Vagneur : Docteur Vétérinaire Nutritionniste indépendant

 

 

La transition au vêlage, une période à risque pour les boiteries en lactation

 

Les boiteries en lactation sont majoritairement associées à des facteurs physiologiques et environnementaux associés au péripartum et son management.

Si l’inflammation est un processus normal autour du vêlage, un niveau excessif, en raison d’une infection existante, d’un déficit énergétique ou d’un état de stress thermique, va consommer une grande quantité de glucose et le détourner de la production laitière, impactant négativement le démarrage en lactation. La clé est donc d’utiliser tous les outils de management et nutritionnels disponibles pour réduire le niveau d’inflammation avant vêlage.

Le management de la transition doit chercher à limiter les stress et à maintenir l’ingestion au maximum avant vêlage (large accès à l’auge, espace de repos confortable, 0% de vaches boiteuses au tarissement). La nutrition minérale, avec une combinaison spécifique de chélates d’acides aminés de zinc, manganèse, cuivre et sélénium, joue également un rôle crucial dans la santé du pied, la qualité de la corne, la modulation de l’inflammation locale (pied, utérus, mamelle) et systémique (en préservant l’intégrité intestinale), et la prévention des maladies du peripartum (hypocalcémie, non-délivrance, cétose, métrite, etc…). Enfin, un parage fonctionnel idéalement un mois avant tarissement ou le jour du tarissement permet de démarrer la nouvelle lactation du bon pied !

 

Marie Laure Ocana : responsable technique chez Zinpro

Tags: