Accroissement du troupeau : être cohérent pour éviter la surchauffe

Les clés pour maîtriser son coût de production : adapter le système fourrager à la taille du troupeau, optimiser rapidement le nouveau bâtiment et contenir l’endettement. Bâtiment, fourrages, travail, cheptel sont à prendre en compte. Car l’augmentation de la taille du troupeau et les gains attendus de productivité peuvent être anéantis par une explosion des coûts de production, en premier lieu les charges alimentaires, bâtiment voire frais d’élevage.

 

Anticiper l’assolement et les stocks fourragers

L’augmentation des volumes produits et du nombre d’animaux à nourrir doit se faire préférentiellement par la voie du fourrage. Il est indispensable de planifier le système fourrager sur une période de cinq ans. Cela vous donne aussi du temps pour prévoir des agrandissements de silos ou hangars de stockage. Un fourrage acheté coûte en moyenne 50% de plus qu’un fourrage produit, la recherche de l’autonomie est préférable.

 

Maintenir le taux de renouvellement pour ne pas dégrader la qualité du troupeau

Il faut bâtir en priorité sa stratégie sur les génisses par l’utilisation du sexage, l’achat de petites génisses ou la mise à la reproduction plus jeunes. Vouloir maintenir un effectif en gardant des vieilles vaches peu productives et parfois à niveau cellulaire élevé est une stratégie risquée.  En pénalisant  le prix du lait et l’efficacité alimentaire on augmente le coût de production. Il faut rester très vigilant sur les conditions sanitaires et d’élevage, l’introduction de nouveaux animaux, les modifications du bâtiment, des conditions d’élevage…rendent le troupeau particulièrement vulnérable.

 

Saturer au plus vite le nouveau bâtiment

Un bâtiment construit pour 80 laitières coûte de 500.000 à 600.000 €. Prévu pour 600.000 litres de lait c’est une charge de 40 à 50 €/1000 litres, montant à ne pas dépasser si l’on souhaite maîtriser au mieux son coût de production. Au-delà de 100€/1000 litres d’annuités totales il devient difficile de dégager une rémunération correcte de la main d’œuvre. Toute sous-réalisation de production engendre directement une augmentation du coût de production. Il faut rentabiliser au plus vite l’ensemble des investissements réalisés.       

 

Jean-Philippe GORON, Isère Conseil Elevage

 

 

« GAEC du printemps (Famille Rajon et Garnier) - St Anne du Gervonde (38)

Un développement progressif, anticipé et maîtrisé

L’exploitation compte 100 vaches montbéliardes, livre  800.000 litres de lait et  dispose de 240 ha SAU. Suite à l’installation de David en 2006 et le regroupement de deux exploitations, les trois associés ont construit un nouveau bâtiment pour les laitières en 2008.

Un bâtiment construit en neuf mois avec un coût bien maîtrisé

Le coût du bâtiment, cent logettes paillées, salle de traite, nurserie, fumière et aménagement silo de maïs s’élève à 600 000 €. Sur une durée  d’amortissement de quinze ans et 800 000 litres de lait livrés c’est une charge de 50€/1000 litres. L’investissement a pu être bien maîtrisé grâce à la participation des associés aux travaux en appui aux entreprises. Premiers coups de pelle à l’été 2007 pour une mise en route au printemps 2008 avec 55 vaches à traire pour passer à 70 vaches dès l’automne.

Une augmentation progressive et régulière des volumes produits

La construction du bâtiment s’est réalisée dans la continuité de l’installation de David et l’attribution de références. Les achats complémentaires et les redistributions de quota ont permis aux associés de développer régulièrement les volumes de lait de l’ordre de 50.000 litres en moyenne par an. Ce développement s’est fait par l’augmentation des effectifs et de la productivité des laitières.

Au moins 5 années pour bien maîtriser son outil

”Passant d’une aire paillée à un bâtiment logettes, il y a eu un peu de casse. Mais on a pu facilement monter en effectif d’autant plus que l’on a fait vêler 5-6 génisses plus jeunes. Le tri des vaches s’est opéré naturellement. On a semé davantage de maïs, luzerne et RGI et gardé notre ration 2/3 maïs ensilage 1/3 herbe. Depuis deux ans on progresse vraiment en lait et on sent que l’on maîtrise bien notre troupeau“, nous confient les éleveurs.

De très bons résultats techniques qui portent leurs fruits

Par la maîtrise des taux,  de la qualité et de la saisonnalité, le lait est payé 35 euros en moyenne au-dessus du prix de base. Le coût de production des cinq dernières années est inférieur à 500€/ 1000 litres dont 60€ bâtiment, 100€ mécanisation et 105€ alimentation. Le niveau d’EBE/produit de l’exploitation reste stable à 35 % avec des annuités inférieures à 15% du produit total. Au final l’augmentation de production et de productivité des associés se traduit par une amélioration du revenu.

 

Pierre GONIN - Isère Conseil Elevage

 

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