10000kg de lait sans propylène glycol au robot

L’utilisation de propylène glycol se développe de plus avec les robots de traite grâce aux pompes automatiques, mais attention aux dérapages ! En effet, il est simple de programmer sur un ordinateur la distribution de propylène plutôt que de l’administrer manuellement à l’animal. De ce fait, les quantités distribuées peuvent vite déraper et ne pas être ciblées aux animaux qui en ont vraiment besoin.

 

Un coût élevé

La programmation fréquemment rencontrée dans les élevages pour le propylène est 250 g pendant 1 mois puis 150g les 2 mois suivants, pour tous les animaux du troupeau. A cela s’ajoute les vaches hautes productrices qui en reçoivent durant presque toute leur lactation.

Pour un animal, c’est donc 16 à 20 litres consommés. Les produits de qualité coutent environ 3500€ les 1000 litres. Le surcoût alimentaire engendré par une utilisation en systématique revient donc à près de 67€/VL soit 4500€ pour un troupeau de 65 VL.

 Il ne faut pas oublier que le propylène n’est pas un aliment et que son utilisation est préconisée en curatif sur des animaux ayant des signes d’acétonémie ou en préventif sur des animaux à risque !

 

Gérer l’alimentation pendant la lactation…

Tout commence en fin de lactation, l’objectif est d’avoir des vaches arrivant au tarissement entre 3 et 3.5 de note d’état. Les animaux avec un état corporel trop faible n’expriment pas leur potentiel laitier et sont fragiles. Les vaches trop grasses présentent des signes d’acétonémie avant vêlage : le volume du rumen diminuant en fin de gestation, ces vaches ont tendance à facilement démobiliser leurs réserves graisseuses plutôt qu’à consommer leur ration pour couvrir leurs besoins. Le foie, engorgé, ne sera pas capable de recycler les graisses en glucose et des corps cétoniques circuleront dans le sang. C’est le début de l’acétonémie avant vêlage. L’appétit de ces vaches diminue et le cercle vicieux commence : c’est le « syndrome de la vache grasse ». Ces vaches peuvent avoir des troubles métaboliques allant jusqu’au retournement de caillette. Elles perdront beaucoup d’état, les ovaires seront au repos et elles ne pourront être mises à la reproduction rapidement. Elles féconderont tardivement, s’engraisseront en fin de lactation et le problème recommencera au vêlage suivant. Evitons cela !  Il faut adapter la durée de tarissement sur les vaches qui s’engraissent trop en fin de gestation c’est-à-dire que le niveau de la ration des laitières est trop haut par rapport à la production de ces animaux. Mieux vaut les tarir à 6 mois de gestation et les mettre au foin. Elles gagneront le lot des taries à 7.5 mois de gestation et le lot de préparation à 8.5 mois. En fonction des effectifs, on peut également envisager leurs réformes anticipées. Elles sont souvent prêtes à vendre.

 

…et au tarissement

Dès le tarissement, les vaches sont parées systématiquement pour permettre une locomotion optimale et ainsi une bonne ingestion au tarissement et en début de lactation. Ensuite, elles passent dans le lot des taries. Elles retrouveront les fourrages de la ration des laitières (1/4), du foin à volonté et un minéral spéciale taries. Ainsi, la flore du rumen gardera sa capacité à dégrader l’amidon et la cellulose. 3 semaines avant vêlage, il est nécessaire de reconcentrer la ration pour éviter l’acétonémie, préparer la vache à vêler et à démarrer sa lactation. Le volume de panse passe de 15kg de MS ingérer au tarissement à moins de 10 kg au vêlage. Pour couvrir les besoins en UF et en PDIN avec une ingestion plus faible, il faut apporter plus de fourrages, riche en UF, appétents, et de concentrés. Ainsi seront évités l’acétonémie, et les non délivrances associées, et les risques liées à une BACA élevée (fièvre de lait, retournement et torsion de matrice, non délivrances). Une bonne qualité de colostrum sera au rendez-vous pour des veaux en forme.

 

La prévention de l’acétonémie dans l’élevage Dutour

Dans l’élevage EARL André Detour,  un robot a été mis en route en mars 2013 pour un troupeau d’environ 65 Prim’holstein avec un niveau de production de 10 000kg de lait.

Il a été fait le choix de ne pas utiliser de propylène au robot mais plutôt de travailler sur la prévention. Dans cet élevage, tout est fait pour maximiser l’ingestion des vaches en début de lactation. Ainsi, la mobilisation trop importante des réserves corporelles est limitée et évite l’acétonémie

 La base de cette ration des taries est composé de foin, d’ensilage de maïs, de tourteau et de minéral spéciale taries. Une fois vêlées, les vaches disposent d’une ration de qualité et équilibrée. Tous les fourrages sont analysés pour pouvoir choisir la complémentation adaptée à leur qualité. Une grande importance est apportée à la récolte des fourrages pour assurer leur qualité. L’ensilage de maïs recherché doit être digestible (+ de 70 DMO), de 33 à 35% de MS et avec plus de 30% d’amidon. Pour l’ensilage d’herbe, le premier objectif est d’avoir 40% de MS pour assurer la fibrosité de la ration. Il est réalisé le plus tôt possible dès que les conditions climatiques le permettent. Ainsi ces fourrages favorisent l’ingestion. Ces taux de MS élevés sont visés pour sécuriser le transit. 

 

Le foin, le sel et l’argile sont à volonté. C’est un moyen de détection rapide de vaches malades. Lorsqu’une vache n’ingère pas son tourteau au robot, la ration à l’auge et qu’elle vient au foin, elle a le rumen vide et a de fortes chances d’être sujette à l’acétonémie.

De plus, l’élevage a fait l’acquisition de ventilateurs pour avoir une meilleure circulation des animaux en période estivale et ne pas avoir de chute d’appétit sur les animaux lors de fortes température. Les ventilateurs tournent également l’hiver pour favoriser la circulation de l’air et limiter l’humidité dans le bâtiment. Ainsi, l’ambiance, l’hiver, est aussi améliorée.

 

L’utilisation du propylène dans l’élevage Dutour

Malgré toutes ces précautions, Il arrive tout de même que des laitières montrent des signes d’acétonémie. A ce moment-là, les éleveurs distribuent du propylène manuellement à ces animaux-là. Sont ciblés en priorité les vêlages douloureux ou stressant, les boiteries, les mammites. Les symptômes sur ces animaux se traduisent par moins de passages au robot, une baisse de la production, un écart important entre le TP et le TB, une odeur de pomme de l’haleine, des bouses plutôt sèches, des signes nerveux (excitation, léchages répétés, démarche fébrile…). Dans ces cas-là, le propylène est distribué en curatif.

Pas d’alerte alimentation dans l’élevage Dutour

 

 

L’utilisation de la pompe n’est pas à proscrire mais il faut veiller à ne pas faire d’excès. L’utilisation de propylène les 15 jours suivant le vêlage peut se faire en systématique. Ensuite, il faut juger de l’état de forme des vaches : vérifier l’écart entre le TP et le TB, observer l’appétit et le remplissage de panse. Faites le point avec votre conseiller d’élevage. Ainsi le propylène sera arrêté progressivement sur les animaux ne présentant pas de risque d’acétonémie et maintenu sur les vaches à risques et fragiles. A vous de juger.

 

Hervé BRUYERE, Loire Conseil Elevage, pour le groupe technique Robot FIDOCL

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