Produire beaucoup de lait à l’hectare, une orientation possible

L'intensification laitière est une nécessité pour conserver la cohérence dans certains systèmes d’exploitation. La densité laitière se définit par le nombre de litres de lait produits par hectare de surface fourragère principale (SFP). Une base de comparaison est de 5 000 litres de lait par hectare.

 

De 7 000 à 15 000 litres, des niveaux d’intensification très étendus

A partir de 7 000 litres de lait produits par ha, la densité laitière commence à devenir élevée. Au-delà d’un certain niveau, densité laitière et autonomie fourragère s’opposent. Trouver un juste équilibre devient économiquement vital. Dans nos départements où les coproduits sont accessibles, des densités avoisinant les 9 000 litres par ha de SFP sont déjà des niveaux d’intensification importants.


Une ration équilibrée avec l’ensilage de maïs comme pivot

Produire beaucoup de matière sèche à l’ha devient une nécessité. L’ensilage de maïs trouve toute sa place dans ce contexte et occupe au minimum 30 % de la SFP. La facilité de mise en place et de conduite de la culture devront permettre des rendements significatifs d’au minimum 10 tonnes de matière sèche. Il est distribué tout au long de l’année avec une quantité d’environ 30 kg par vache par jour.
Le pâturage est limité voire abandonné. Cependant, maintenir une base herbe est important pour la qualité sanitaire de la ration : ensilage d’herbe, foin, luzerne, dérobées…

 

Intensifier tout en restant efficace

A travers ces choix, se jouent l’autonomie et l’efficacité alimentaire de la ration. Dans ce système, la production par vache est soutenue avec une moyenne de 30 kg. L’achat de concentrés est nécessaire, ils doivent être raisonnés avec comme repère 80 € pour 1 000 litres. La conjoncture actuelle et l’envolée des prix affectent fortement ces exploitations intensives. Dans le même objectif, l’élevage des génisses doit tendre vers un vêlage à 24 mois.

Patrice Dubois, Rhône Conseil Elevage



GAEC dans le Vent, Saint Martin en Haut (69)

Une densité laitière maîtrisée avec des vaches productives

Le Gaec dans le Vent comprend 3 associés et un salarié pour gérer 104 vaches Holsteins et Montbéliardes et cultiver 132 hectares. Le niveau d’intensification est de 8 200 litres par ha de SFP pour des vaches à 9 200 kg.


L’ensilage de maïs, le pilier de la SFP

Les 32 ha de maïs cultivés permettent de couvrir 50 % des besoins fourragers. Un quart des maïs sont implantés après un ray grass d’Italie ensilé pour sécuriser le système fourrager et pour diversifier la ration. 64 ha toujours en herbe, conduits de façon moins intensive, assurent la production du foin et le pâturage des génisses. Stéphane Guyot confirme : « Nous avons abandonné le pâturage pour les laitières. Nous cultivons un peu de luzerne mais cela est difficile. Nous allons tester les mélanges multi-espèces toujours dans le souci de produire de la fibre efficace. »


Un troupeau productif et en forme

En 2012, 920 000 litres de lait ont été livrés à Danone. Sébastien Fontagnères affirme : « 30 kg d’ensilage de maïs sont distribués tous les jours. Avec un bon maïs, le lait est toujours au rendez-vous. Par contre, il faut rester vigilant sur l’excès d’amidon dans la ration. Ensilage d’herbe et foin de qualité sont les garants de la santé animale. » Franck Chipier souligne : « Nous savons que notre exploitation est dépendante de la fluctuation du prix des matières azotées. Nous achetons 115 tonnes de tourteau de colza chaque année. L’objectif de limiter le poste achat d’aliment à 80 € pour 1 000 litres est un challenge ».


Le dernier levier, des investissements progressifs

Dans ce contexte, la santé financière de l’exploitation passe aussi par des investissements progressifs. L’outil de production mis en place s’est fait par aménagements successifs : un bâtiment avec 95 logettes confortables pour les laitières, un bloc traite récent avec un couloir de liaison dans l’ancienne stabulation avec le lot des taries, une nurserie réaménagée avec DAL et les génisses sur l’ancien corps de ferme. Le niveau d’annuité s’élève malgré tout à 94 € pour 1 000 litres mais devrait baisser dans les 5 ans de 20 à 30 €.
Et les associés de conclure : « Nous sommes prêts et confiants dans l’avenir même si la conjoncture est difficile. Et c’est avec plaisir que nous avons ouvert notre exploitation lors de la quinzaine du conseil. »


Propos recueillis par Florence Fargier, Rhône Conseil Elevage

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