Vers plus d’autonomie alimentaire, des pistes à approfondir

Des silos entretenus pour des pertes limitées.

Pour ne pas dépendre de la fluctuation du prix des matières premières et des aléas climatiques, pour garantir soi-même la qualité des aliments et respecter certains cahiers des charges (AOC, laiteries) … les éleveurs s’interrogent sur les possibilités d’améliorer l’autonomie alimentaire. 

Avant toute chose, la conduite du troupeau, le niveau laitier et le volume produit doivent être adaptés aux potentialités du milieu et aux surfaces disponibles. En zone de plaine on pourra espérer jusqu’à 7 à 8000 litres de lait produits à l’hectare avec de bon rendement en maïs ensilage. En revanche en zone d’altitude, le potentiel des terrains limite la productivité à 3 – 4000 litres hectares.  

D’abord produire ses fourrages et développer le pâturage 

La priorité doit rester l’autonomie en fourrage pour l’ensemble du troupeau. On privilégiera les fourrages les plus productifs de la zone : maïs ensilage, stock herbe, pâture. La quantité doit aussi rimer avec qualité. Quelques points d’UFL ou MAT de perdus c’est autant de concentrés à rajouter ou acheter. Avec le pâturage, la ration de base retrouve pour une partie de l’année une très bonne valeur qui permet de se passer ou de limiter le correcteur azoté et énergétique. C’est le fourrage le moins cher ! 

Utiliser ses céréales et chassez le gaspi 

Si cette pratique occasionne un peu de travail supplémentaire et d’investissements (stockage, reprise, broyage), elle est techniquement facile à maîtriser, ne remet pas en cause le système et est économiquement très rentable.
C’est une étape facile à mettre en place. La bonne conservation des silos reste primordiale pour limiter les pertes. Les concentrés distribués aux vaches laitières, dans tout système, ne doivent pas dépasser 200 à 250g/litre. 

Autonomie et économie 

Une exploitation très autonome se doit d’être performante économiquement. Il ne faut pas que l’autonomie engendre une forte limitation des volumes produits et une surcharge de travail importante. Cependant lorsqu’on augmente son autonomie, il y a de forte chance pour que la marge s’améliore. Le tout est de comparer combien coûte 1 UFL et 1 PDI produit ou acheté. 
 
Jean-Philippe Goron, Contrôle Laitier de l’Isère 
 

Priorité à la pâture des laitières ! 

<< GAEC du Claret Meaudre (38) 
 
Des fourrages de qualité et un pâturage gagnant 
 
Les deux priorités du Gaec du Claret à Meaudre sont de produire des fourrages de qualité et optimiser le pâturage pour conjuguer simplicité et efficacité.

Sortir tôt à la pâture

Malgré un climat rigoureux, depuis 10 ans la mise à l’herbe a lieu autour de la fin avril, le 25 cette année. Cette sortie précoce et une rotation rapide (3 semaines) permettent d’avoir en permanence de l’herbe jeune, appétente et riche. Les surfaces en fauche précoce assurent de bonnes repousses en début d’été. Le correcteur azoté est remplacé par 0,5 à 1 kg de luzerne 23%. Seules les vaches fraîches disposent de céréales, plafonnées à 1,5 kg. Au final de mai à août pour 18 à 20 kg de lait/vache et par jour, les laitières consomment en moyenne 1 kg de concentré/jour.  
Des fourrages en quantité et de qualité sans engrais minéral ou presque ! 1,5 tonnes d’engrais acheté en 2008 et toujours en stock ! « on épand tout le lisier en sortie d’hiver et en fin d’été en petite quantité sur quasiment toute la surface de prairies hormis 20-25 ha éloignés ou trop pentus. La première coupe en enrubannage est très précoce autour du 20-25 mai sur les prairies temporaires. L’objectif est d’avoir un fourrage de très bonne qualité pour limiter l’apport de correcteur azoté.
L’enrubannage permet des chantiers rapides et efficaces. Mi-juin les autres parcelles sont récoltées en foin, plutôt des prairies naturelles. Le mélange des deux fourrages sécurise la ration et permet un bon niveau laitier l’hiver. Les repousses derrière enrubannage et foin assurent en permanence de l’herbe de qualité aux laitières.
Pour 2009, l’été sec nous a obligés à pâturer des parcelles plus éloignées mais sans entamer les stocks du printemps.

Moins de 1 tonne d’aliment/vache/an

Par an 50 tonnes d’aliments sont achetés (2/3 de céréales) pour produire 305 000 kg de lait soit moins de 180 g/kg de lait.  on travaille avec ce que l’on a sur l’exploitation surtout avec la conjoncture actuelle. Tous les aliments sont achetés, on veille à ne pas les gaspiller et faire en sorte que  le lait soit produit au maximum par les fourrages. >>
 
Propos recueillis par Jean-Philippe Goron 
Cournon 2009 Spécial Nutrition
 

 

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