Valoriser les cumuls de température pour piloter les dates de fauche

En élevage laitier, la qualité des fourrages récoltée est déterminante pour améliorer l'efficacité de la ration et l'autonomie alimentaire de l'exploitation. Si le rendement disponible et les conditons météo (risque de précipitations) conditionnent souvent le déclenchement des fauches précoces, l'utilisation des sommes de températures est un moyen pour anticiper la réalisation des chantiers et améliorer la qualité des ensilages d'herbe.

 

 

Valoriser les cumuls de températures pour piloter les dates de fauche

 

Quels repères utiliser pour déclencher les ensilages ?

Type de prairie

Repère en somme de température

(cumul depuis le 1er février)

Ray grass italien

600-700°C

Prairie permanente fertile précoce

700-750°C

Prairie temporairie de longue durée

(mélange à base de dactyle et fétuque élevée)

800°C

 

Les variétés de dactyle ou fétuque élevée commerccialisées sont souvent des variétés tardives qui mettent du temps à démarrer au printemps. A 600°C la quantité d'herbe disponible est souvent trop faible pour déclencher la fauche, et il faut attendre 800°C pour disposer d'une biomasse suffisante.

En 2013, les RGI nous ont fait faux-bond : certaines parcelles ont pu être ensilées bien avant le repère de 650°C, car les quantités d'herbe disponibles et les stades étaient au rendez-vous. Mais visiblement cela reste essentiellement le fait des RGI, espèce très précoce et réactive qui a valorisé les journées chaudes et ensoleillées du mois d'avril 2013.

 

Incidence de la date de fauche sur le rendement et la qualité du fourrage récolté

La valeur nutritive des graminées évolue fortement après leur épiaison, aussi la prévision de ce stade est primordiale pour obtenir des fourrages de qualité. Si cette prévision est réalisable par l'observation en prairie monospécifique (rgi, dactyle), il n'en est pas de même en prairie multi-espèces et en prairie permanente.

Des essais réalisées par la Chambre d'Agriculture de l'Ardèche montrent l'évolution des rendements disponibles et l'évolution des valeurs nutritives des fourrages récoltés pour différents types de prairie :

 

 

 

 

 

 

Les prairies permanentes précoces et bien fertilisées sont capables de fournir des quantités de fourrages tôt en saison : si les conditions de portance le permettent, il n'est pas inutile d'aller les récolter très tôt.

 

Fauche précoce : un moyen pour offrir des surfaces "neuves" pour la pâture des animaux en fin de printemps

Si les fauches précoces permettent d'obtenir des fourrages de qualité, c'est également un bon moyen pour favoriser la repousse des prairies et maintenir le pâturage des laitières sur la fin de printemps. C'est d'autant plus vrai dans les zones séchantes de rhône-alpes (nord ardèche, plateau de condrieu, côteaux du lyonnais) où les quantités d'herbe disponibles à la pâture chutent généralement au-delà de 900°C à 1000°C. Les surfaces de printemps (sauf année très favorable) ne suffisent plus pour nourrir les animaux à la pâture : la valorisation de surfaces récoltées tôt (ensilage, enrubannage) permet d'offrir des surfaces neuves aux animaux et de l'herbe de qualité (repousse feuillue), 15 jours à 3 semaines après la coupe.

 

Emmanuel FOREL, Chambre d'Agriculture de l'Ardèche

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