Valoriser la pousse d'été et d'automne

Adapter le chargement et la distribution de fourrage et gérer en fonction de la portance des sols.

En automne, la pousse des prairies peut représenter jusqu’à 25 % de la production annuelle. Avec un coût de production de l’ordre de 25 €/TMS, l’herbe pâturée est une ressource bon marché qu’il ne faut pas hésiter à exploiter au maximum.

Pâturer l’été quand c’est possible

 Dans les zones les plus séchantes,  il est difficile à partir du mois de juillet de pouvoir fournir ne serait-ce qu’un tiers de ration en herbe. Dans notre région, le pâturage d’été va se pratiquer surtout en dessus de 700 m d’altitude où un minimum de fraicheur peut permettre la pousse et le maintien de l’herbe. La surface disponible pour un pâturage couvrant 7-8 kg de MS  devra être de l’ordre de 50 ares/VL, le pâturage de nuit sera à privilégier pour protéger les animaux des fortes chaleurs.  En dessous  de 4 – 5 Kg/MS /jour par vache on peut se poser la question de l’intérêt de sortir les vaches l’été.  Sur cette période, attention au sur-pâturage qui peut être fatal pour la prairie.

L’automne limiter la distribution de fourrage complémentaire

A partir de septembre la croissance de l’herbe est garantie, il suffit de la faire consommer quand elle pousse. Pour bien  gérer la pâture,  il faut  limiter la quantité de fourrage conservé. On sortira les animaux au pâturage sans distribuer du fourrage le matin pour qu’ils consomment un maximum d’herbe. Les repousses d’automne sont riches en azote, jusqu’à 20 % de MAT, à condition que  les parcelles aient été correctement fertilisées ou soient biens pourvues en légumineuses. On peut facilement économiser un kilo de tourteau, notamment lorsqu’on fait pâturer des prairies ou dérobées semées l’été.


Ne pas dégrader les parcelles avant l’hiver

Il faut adapter  la sortie des animaux à la portance des parcelles. En cas de période pluvieuse, on privilégiera les parcelles les plus filtrantes.  A défaut  on réduira la durée de pâture à 2-3 heures, une vache peut ingérer 2 kg de MS par heure.  En fin de saison de pâturage on essaiera de  laisser une hauteur de  5cm d’herbe, suffisamment rase pour laisser la parcelle propre. Un apport de lisier ou de fumier après pâture, dans des conditions encore poussantes est idéal pour un redémarrage précoce de la prairie au printemps.

Cyril BONNEFOI, Haute-Loire Conseil Elevage

 

Gaec des Montagines, Bongheat (63)

Le troupeau pâture plus de 200 jours par an, malgré une forte exposition à la sécheresse estivale.

Pour mener le troupeau de 63 vaches à la pâture, les éleveurs ont réalisé depuis trois ans quelques aménagements. 

 

 

 

 

30 ha ont été équipés d’un réseau d’abreuvement

Les 48 ha accessibles au troupeau sont pâturés : comment ?

Les surfaces accessibles emblavées en maïs ou céréales  ont été progressivement remplacées par des prairies. En automne, nous avons implanté des prairies avec chicorée (1kg/ha). Nous avons fait le choix d’un mélange à la fois fauchable et pâturable. En période de sécheresse, ces 5 ha assurent la majeure partie de la pousse d’été. Si le printemps est froid, cette surface est introduite dans le premier cycle de pâturage pour limiter le recours aux stocks.

Pour l’abreuvement, un réseau d’eau couvre  essentiellement des prairies permanentes,  mais aussi des surfaces plus éloignées fauchées en première coupe puis pâturées en été et automne. Avec ces adaptations, les vaches, le plus souvent en fin de lactation, utilisent l’herbe malgré la faible quantité disponible. Il faut exploiter l’herbe quand elle pousse et où elle pousse, surtout en bio.

C’est sur la durée que tout se joue : pourquoi ?

Une année sèche, comme en 2016, l’herbe pâturée l’été n’a représenté  que 2 à 4 kg de MS/VL/Jour.  En automne, elle est montée jusqu’à 6 kg de MS. La qualité de l’herbe consommée au pâturage nous permet d’utiliser nos propres céréales (mélange céréales-pois) sans autre complémentaire azoté durant plus des deux tiers de l’année. Ne pas laisser sécher le peu d’herbe qui pousse en été permet aussi d’avoir des repousses de bonne qualité à l’automne. En broyant le moins souvent possible, on réduit l’effet négatif sur les repousses.

 

Propos recueillis par Jean ZAPATA EDE Puy-de-Dôme Conseil Elevage.

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