Après 1 an de fonctionnement et de réflexion du groupe ROBOT constitué au sein de la FIDOCL, un document synthétique compilant quelques indicateurs-clés des élevages robotisés de la zone a été élaboré. La concrétisation de l’outil a été permise grâce au travail de Pierre EVRAIN (EDE du Puy-de-Dôme, Conseil Elevage Lait). Cet outil se décline mensuellement et annuellement. Retour sur 1 an de résultats compilés.
Le groupe de travail a permis le recensement de plus de 225 élevages répartis sur l’ensemble de la zone FIDOCL (11 départements de la Haute-Savoie au Puy-de-Dôme et de la Saône-et-Loire à l’Ardèche). Chaque élevage a été caractérisé par divers critères : année de mise en route, race principale, le type de logement, l’existence du pâturage ou non, la marque du robot, le nombre de stalles,… Ainsi différents groupes ont pu être identifiés pour faciliter la comparaison.
La robotisation des élevages de la zone FIDOCL a démarré en 2005 et depuis 2010, nous assistons à une forte augmentation des installations.
2015 est marquée par un ralentissement significatif.
Les principales caractéristiques des 225 élevages robotisés de la zone FIDOCL :
En moyenne, les troupeaux comptent 64 vaches présentes. Par stalle il y a 49 vaches traites. 34% des élevages valorisent le pâturage avec une part significative d’herbe ingérée (+ 5Kg de MS par jour). Les bâtiments sont en majorité de type logette et avec une stalle de robot.
Présentation du document VALO ROBOT
Analyse des 98 élevages en suivi VALO ROBOT de la région
Des données techniques ont été collectées dans 98 élevages soit 44% des élevages robotisés recensés, répartis sur 7 départements.
Cette première année de collecte d’informations auprès de 43% des élevages robotisés fournit quelques indicateurs :
Il n’existe pas de logique de robotisation, le choix du robot relève d’une stratégie propre à chaque éleveur et répond généralement à une amélioration des conditions et du confort de travail.
C’est sûrement sur le plan du logement des animaux que l’on constate le changement le plus significatif : l’installation des robots s’est, dans un certain nombre de cas, accompagnée d’un passage en logettes.
Des facteurs de variation différents suivant les thématiques
Pour se situer par rapport à d’autres, l’outil VALOROBOT permet de comparer votre élevage à différents groupes : en fonction de la race (3 groupes), le type de logement (2 groupes), la pratique du pâturage ou non et le nombre de stalles (1 stalle, 2 et plus).
Effet race sur la production
Quelques facteurs influencent particulièrement les différences de résultats. Ainsi, le facteur « Race » est celui qui impacte le plus les variations constatées au niveau de la productivité des robots.
En effet, que ce soit sur le lait produit/jour, le lait/VL ou le nombre de VL contrôlées/stalle, les principales différences constatées le sont entre Prim’Holstein et Montbéliarde :
Globalement, avec un nombre de vaches par stalle de 50,6, les robots de la région ne sont pas saturés (encore moins dans les élevages à 2 stalles et plus où le nombre passe à 45) et restent conformes en moyenne aux recommandations des constructeurs. Ainsi, la fréquentation est bonne et la circulation fluide (2,5 traites/VL en moyenne).
Ces différences s’expliquent par une aptitude naturelle de la race Prim’Holstein à être plus productrice et à libérer son lait plus rapidement augmentant la productivité (débit de lait moyen 2,3 kg/min contre 2,0 kg/min en race Montbéliarde).
Des niveaux cellulaires relativement hauts fortement influencés par les conditions de logement
D’un point de vue qualité, les taux butyreux et protéiques mesurés dans les élevages robotisés sont similaires à ceux que l’on rencontre habituellement (TB moy = 39,1 ; TP moy = 33,1). Les variations d’un groupe à l’autre sont peu significatives.
Par contre, le niveau des comptages cellulaires est élevé (285 000 en moyenne) : 38% des élevages ont une moyenne des comptages supérieure à 300 000. Le robot ayant tendance à détériorer le critère cellules, la conduite en robot requiert une vigilance accrue sur :
- la propreté des aires de couchage, logettes et particulièrement les aires paillées ;
- les maladies métaboliques (acidose, acétonémie) qui fragilisent les animaux.
Les facteurs influençant les indicateurs de traite
Concernant les indicateurs de performance traite que sont le nombre de refus, d’échec,… ils sont fortement influencés par la marque. Chaque marque ayant sa propre méthode de calcul, il est difficile de comparer les résultats. Ainsi, sur ces critères, il convient donc de rechercher des objectifs :
- nb d’échecs maximum 6% de l’effectif à traire
- 1,5 refus/VL.
Une forte variabilité alimentaire
Le niveau de complémentation total (auge+DAC) des élevages robotisés s’étale de 174 à 232 g/kg de lait.
D’un groupe à l’autre, la complémentation en concentrés varie de 7,1 à 9,6 kg de concentrés total (DAC+auge)/VL, la moyenne sur la zone FIDOCL se situant à 8,4 kg. En moyenne, 53% des concentrés sont distribués au robot. Les formes de concentrés et donc les coûts alimentaires associés sont eux aussi très variables : matières premières en totalité (ex : tourteau, corn gluten), aliments du commerce en totalité, combinaison matières premières et aliments du commerce (ex : tourteau+VL du commerce). Quoi qu’il en soit, pour soutenir le niveau de production et assurer une fréquentation efficace au robot, la maîtrise de l’alimentation à l’auge (qualité et quantité) et des boiteries est fondamentale.
Zoom sur les élevages pâturants
Il est intéressant de constater qu’un tiers des élevages robotisés de la zone FIDOCL a maintenu la pratique du pâturage et surtout que cette pratique affecte peu la performance des élevages par rapport aux autres.
63% des élevages qui pratiquent le pâturage sont en race Montbéliarde (ce pourcentage monte à 71% si on rajoute les élevages en Abondance et en race mixte). Les principales différences portent sur l’effectif trait (49 vaches en moyenne contre 50,6 sur la zone et 50 en race Montbéliarde), sur la production totale et par stalle.
Plusieurs stratégies existent en termes de pratique et sont fonction de l’organisation des surfaces de pâturage vis-à-vis de la position du robot : ainsi certains peuvent faire du libre pâturage ; d’autres vont fonctionner par lot (1 lot pâturant pendant qu’un autre lot reste dans les bâtiments) et d’autres enfin vont laisser pâturer la totalité du troupeau par période. L’important dans ces élevages est de valoriser au maximum les surfaces et d’optimiser les coûts de production en cherchant à faire du lait peu cher. D’un point de vue alimentaire, cette pratique permet l’économie de 20 g de concentré/kg de lait, soit une économie de plus de 3 700 kg de concentrés sur la période de pâturage (évaluée en moyenne à 150 jours).
Cette première campagne de collecte de données donne une première tendance : les indicateurs techniques des élevages robotisés sont plutôt positifs. Toutefois, au-delà du positionnement technique, une analyse économique complémentaire serait intéressante à mener pour évaluer le coût au regard du taux de renouvellement important (30% en moyenne), du rang moyen de lactation (2,6), des quantités de concentrés distribuées.
Sylvie Demoulin, Drôme Conseil Elevage pour le groupe robot de la Fidocl