Valeurs des fourrages 2013 dans la Drôme : synthèse des analyses.

Le cru 2013 est marqué par un printemps très pluvieux et froid qui a retardé la récolte des foins notamment des 1ères coupes, dont les valeurs énergétiques et azotées sont faibles. Les 2èmes coupes et enrubannages ont néanmoins de bonnes valeurs, comparables aux fourrages de 2011.

 

 

Des fourrages pénalisés par une récolte tardive

Les 1ères coupes de luzerne et le foin de prairie ont été fauchés avec 3 semaines de retard en moyenne, et une dizaine de jours en ce qui concerne les ensilages d’herbe. Ce retard implique des valeurs énergétiques et azotées plus basses qu’en 2012, alors qu’elles étaient déjà faibles (cf. graphiques 1 et 2).

La perte est constatée davantage sur les protéines, et notamment sur le foin de prairie qui a perdu jusqu’à 15 g de PDIN/Kg de MS soit plus de 2% de protéines.

On peut penser que l’excès d’eau au printemps et la fauche tardive sont les causes d’une forte augmentation de la fibrosité, représentée par les parois totales (NDF) et la cellulose brute (CB) : jusqu’à 86 g de NDF/Kg de MS en plus pour les foins de luzerne (cf. graphique 3) et 15 g de CB/Kg de MS pour les ensilages d’herbe (cf. graphique 4).

Le foin de prairie est le moins touché : la fibrosité a augmenté seulement de 10 à 13 g/Kg de MS.

La différence de valeurs entre les 1ères et 2èmes coupes de luzerne sont très importantes : +4,2% de protéines brutes, +27 g de PDIN et +0,09 UFL pour les 2èmes coupes.

 

 

Il faudra donc réserver les 1ères coupes pour la fin de lactation et privilégier les 2èmes lors du dernier mois de gestation et des 3 premiers mois de lactation.

Pour des rations à base d’ensilage d’herbe et/ou de foin de pré, il faudra complémenter davantage en protéines.

 

… mais aussi des fourrages avec de meilleures valeurs énergétiques et azotées qu’en 2012

Cependant, par rapport à 2012, les teneurs en énergie et protéines des 2èmes coupes de luzerne et des enrubannages sont en augmentation (cf. graphiques 1 et 2).

L’enrubannage de prairie temporaire a été fauché avec une dizaine de jours de retard par rapport à 2012, mais les valeurs azotées sont bonnes : + 5% de protéines brutes et + 11 g de PDIN par Kg de MS. La teneur en énergie reste basse, comme en 2012 : 0,73 UFL contre 0,80 UFL en 2011.

 

 

Quant à la fibrosité, caractérisée par la teneur en CB et en NDF, elle est en baisse par rapport à 2012 (cf. graphiques 3 et 4), mais reste meilleure qu’en 2011.

La qualité globale de l’enrubannage de prairies temporaires (énergie, protéines et fibrosité) est supérieure par rapport à 2012 et proche de celle de l’année 2011.

Les 2èmes coupes de luzerne ont des valeurs comparables à celles de 2011. En effet, les valeurs PDIN, UFL et CB sont sensiblement identiques : 1 ou 2 points de variation. Même si la fibrosité baisse fortement par rapport à 2012, on constate une teneur en parois totales de 14 g/Kg MS en plus par rapport à 2011.

La valeur en parois totales est inférieure à 500 g/Kg de MS, ce qui est faible et implique qu’il faudra surveiller le pourcentage de refus et obliger les animaux à ingérer du fourrage grossier, indispensable au bon fonctionnement du rumen.

Lors de la mise en place de vos rations, pensez donc à vérifier la teneur en CB et NDF qui doit être respectivement supérieure à 18% et 35% sur la ration réellement ingérée par les animaux.

 

 

Le sainfoin est un fourrage intéressant pour les valeurs équilibrées entre énergie et azote et pour les tanins qu’il contient. C’est un fourrage pas trop riche en azote soluble (PDIN) qui se « marie » bien avec un foin de luzerne 2ème coupe, plus élevé en PDIN (> 100).

 

Quelle tendance pour le maïs ensilage ? Une forte digestibilité de la NDF en 2013

 

La tendance des maïs ensilages 2013 montre une valeur de digestibilité de la NDF (d NDF) élevée, 32% contre 26% en 2012, et un taux de CB en baisse de plus de 2%. Il faudra surveiller la fibrosité des rations et utiliser du bicarbonate de sodium pour éviter les problèmes d’acidose dans certains cas. L’analyse de votre fourrage principal est primordiale pour éviter les gaspillages et les problèmes métaboliques. Quant aux valeurs énergétiques et azotées, elles sont stables par rapport à 2012 : 0,89 UFL, 46 PDIN et 71 PDIE.

 

 

 

En conclusion

Les foins de prairie, les foins de luzerne 1ère coupe et les ensilages d’herbe ont des valeurs énergétiques et azotées faibles mais une meilleure structure. S’ils sont utilisés en début lactation, il faudra complémenter les rations pour éviter un déficit énergétique trop important. Sinon, les réserver pour la fin de lactation.

Pour les enrubannages et les foins de luzerne 2ème coupe, les valeurs nutritives sont bonnes, proche du cru 2011. Les distribuer dès la fin de gestation et sur les 3 premiers mois de lactation.

Pour le maïs ensilage, il est trop tôt pour conclure, mais le cru semble plus lactogène qu’en 2012. Il faut donc faire attention à la fibrosité de la ration !

 

Stéphanie CHANAVAT, Yannick BLANC, Sylvie DEMOULIN et Solène DUTOT - Drôme Conseil Elevage

 

Pour aller plus loin :

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De bons fourrages permettent des économies en coûts de concentrés.

L’outil « constat d’alimentation » permet de suivre tous les mois le coût de la ration et la marge au litre de lait. Le principe est simple : chaque mois, à la date du contrôle de performances, vous envoyez à votre conseiller les quantités journalières de fourrages, de concentrés et de minéral distribuées ainsi que les prix d’achat des aliments achetés. Vous lui envoyez aussi votre paye de lait qui permet d’obtenir la marge au litre de lait.

Avec ce service, vous pourrez chaque mois vous situez par rapport au système alimentaire le plus proche. Par exemple, un éleveur en montagne, où les animaux sont nourris au foin et à l’enrubannage en hiver et au pâturage en été, pourra comparer les coûts de sa ration et la marge au litre de lait à un groupe d’éleveurs ayant le même fonctionnement.

Pour plus d’informations, prenez contact avec votre conseiller !

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