Un référentiel foin actualisé chaque année

Pour les prairies à fauche précoce, l’apport d’azote minéral doit être terminé au démarrage de végétation. Dans les Savoie, le réseau fourrage fonctionne depuis une trentaine d’années. Pour répondre aux spécificités des systèmes foin, il actualise chaque année les valeurs des fourrages et capitalise ces données. Ainsi les éleveurs et les techniciens d’élevage disposent d’un référentiel.

 

La force d’un réseau

Pour obtenir ces données 6 types de prairies de fauche, les plus représentatives, sont retenus afin d’être prélevées en vert, à un même stade, chaque année. Ceci permet de comparer l’évolution de la qualité d’une prairie et d’analyser les effets année. Les prélèvements au nombre de 8 pour un type et un stade donnés, sont répartis sur les deux départements. Une vingtaine d’échantillons seront également prélevés directement  dans les granges en sec ; ils correspondent à des prairies prélevées en vert, ceci afin d’approcher avec plus de précisions les pertes à la récolte. Au total, ce sont une centaine d’échantillons prélevés par une douzaine de conseillers de la coopérative Eleveurs des Savoie. La Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc apporte son soutien financier.

 

Le dactyle : repère des stades de développement des prairies

Une observation régulière des prairies du début épiaison à la fructification du dactyle est nécessaire pour repérer les différents stades et prélever l’herbe au bon moment. Dans le même temps, la météo est relevée chaque jour. Toutes  ces observations sont enregistrées sur un calendrier et présentées dans une brochure incluant l’ensemble des valeurs pour chaque prairie.

 

Répondre à la diversité des systèmes foin

En pratique, toutes ces informations vont permettre d’approcher les valeurs nutritives des fourrages constituant la ration dans un élevage. Le conseiller d’élevage pourra, en procédant par questionnement, déterminer à quel stade est récolté le foin, grâce à la date de fauche,  ainsi que le type de prairie récoltée et dans quelles conditions. A tout instant, il est possible de calculer pour un troupeau une ration avec des valeurs de fourrages très proches de la réalité. L’avantage de la base de données  par rapport à un échantillon prélevé dans le tas de foin est de permettre une appréciation de l’ensemble des fourrages récoltés.

Outre la brochure, un fichier informatique est mis à jour chaque automne avec les valeurs des foins et regains (UFL, PDI, Ca, P et Mg) ainsi que les aliments du commerce disponibles auprès des fournisseurs. Ce fichier est intégré dans le module alimentation de SIEL pour le calcul des rations vaches et génisses.

 

S’adapter à l’hétérogénéité des foins et anticiper d’importantes variations interannuelles

L’analyse de fourrages en vert en ferme a l’avantage de donner une tendance précise des valeurs de fourrages pour une période de récolte déterminée. L’analyse du foin permet de mesurer l’effet réel des conditions de conservation du fourrage. Cependant, avec des foins et regains stockés aussi bien en vrac qu’en bottes, il n’est pas aisé d’obtenir des résultats d’analyses représentatifs de l’ensemble des fourrages présents dans les granges, les chantiers de récolte étant bien souvent échelonnés sur 1 mois ou plus. La prise d’échantillon, si l’on souhaite obtenir des résultats représentatifs, relève bien souvent du parcours du combattant.

Dans la pratique, on constate que les calculs de ration réalisés avec les valeurs alimentaires extraites du réseau fourrage, enrichies de l’expertise du conseiller pour s’adapter aux conditions de récolte et de conservation particulières, correspondent aux performances observées sur les animaux.

Etant donné le nombre élevé de prélèvements réalisés, le réseau fourrage donne une tendance précise des valeurs des fourrages de l’année et permet d’anticiper et d’ajuster au plus tôt la complémentation hivernale. L’évolution sur deux années pour un même type de prairie à un même stade peut être très importante : en 2014 par exemple, la faiblesse des valeurs PDI observée sur foins précoces a permis d’anticiper le besoin d’une correction azotée bien plus élevée qu’à l’accoutumée.

 

Gérard Juillet et Jean-Christophe Michaud, Coopérative des éleveurs des Savoie.

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