Un meilleur prix du lait n’est pas synonyme d’une meilleure marge

88 élevages de l’Ain, soit près de 15% des adhérents de Conseil Elevage, ont réalisé un calcul de coût de production cette année, concernant la campagne 2013-2014. Par rapport à l’année précédente, le coût de production moyen se maintient. Globalement, comme le prix du lait s’est amélioré, la marge des élevages est meilleure. Mais cette synthèse cache des situations individuelles très contrastées.

Le produit global des élevages augmente grâce à un meilleur prix du lait, le coproduit viande étant identique à l’année précédente. Le prix du lait moyen s’est établi à 380€ en plaine, soit 50€ de plus que l’année précédente. Il est plus élevé en montagne, jusqu’à 460€ sur les coopératives de Comté.

Pour cette campagne, le prix du lait payé correspond au prix de fonctionnement calculé. Les élevages couvrent le coût de production en rémunérant les associés au niveau de 1,5 smic. La différence d’efficacité entre les élevages se fait au niveau de la quantité de lait produit par unité de main d’œuvre (UMO).

 

En Montagne, le bon prix du lait n’absorbe pas les charges.

 

Le prix de fonctionnement est de 502€/1000l en système Comté et 445€/1000l en système ensilage. Ce sont 40 à 50€/1000l de plus que le prix payé qui s’expliquent par les coûts de travail et de mécanisation, respectivement à 150€ et 180€/1000 litres.

 

 

Les élevages de montagne ont besoin de davantage de surfaces donc de plus de main d’œuvre pour produire le même litrage qu’en plaine. Ils produisent environ 220 000 litres de lait par unité de main d’œuvre contre 330 000 litres en plaine. Cela augmente le coût du travail pour 1000 litres de lait de près de 60€ par rapport à la plaine.

 

En outre, ils ont des charges de mécanisation plus élevées, de 60€/1000 litres de plus que la plaine. Le renouvellement du matériel de fenaison est fait tous les 5 ans pour faire les foins rapidement et dans de bonnes conditions. C’est une sorte d’assurance.

 

Les élevages en robot de traite ont une productivité du travail élevée.

 

Les élevages en robot de traite ont une forte productivité du travail avec 594 000 litres de lait produits par unité de main d’œuvre. Ils emploient autant de main d’œuvre que les autres élevages, avec près de 2 UMO exploitants, et même 0,5 UMO salariés. Ils obtiennent cette grande productivité en produisant près de deux fois plus de lait que les autres élevages avec la même main d’œuvre. Le cout de travail est le plus faible des groupes, à 78€/1000 litres.

 

Les autres charges de ce groupe sont sensiblement identiques aux autres élevages de plaine, à l’exception du coût d’alimentation supérieur de 25€ par 1000 litres. Ce surcoût n’est pas lié au système, il peut être maitrisé. Le coût alimentaire varie en effet de 100 à 200€ par 1000 litres selon les exploitations. C’est une amplitude que l’on retrouve quel que soit le système et il y a individuellement fort à gagner sur ce poste.

 

Finalement, si les prix de fonctionnement des élevages en robot de traite est le plus faible, à 374€/1000l, un lait payé à seulement 362€/1000l ne permet pas tout à fait de le couvrir. C’est pourtant sur cette faible différence que se fait le revenu. Ces 12€/1000l manquants font passer la rémunération permise de 1,5 à 0,5 smic par associé. A l’inverse, sur le groupe Dombes, un prix du lait supérieur de 17€/1000l au prix de fonctionnement permet une rémunération de 1,9 smic au lieu des 1,5.

 

Cécile Pandrot et Anne Blondel

Conseil Elevage 01/71

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