Traitement sélectif au tarissement : les antibiotiques, ce n'est pas automatique !

Le plan ECOANTIOBIO 2012-2016 avait pour objectif de réduire de 25  % l’utilisation d’antibiotique en élevage. Ce fut un succès, l’objectif a été dépassé, une baisse de 37 % a été constatée en fin de plan sur l’ensemble des filières. L’intérêt du traitement sélectif est de limiter la consommation d’antibiotiques et le développement de l’antibio-résistance.

 

 

Traiter sélectivement, c’est quoi ?

Le traitement sélectif au tarissement consiste à déterminer en fonction de chaque vache si son tarissement nécessite un traitement antibiotique ou un obturateur seul, voire la combinaison des deux traitements. Ce choix se fait en fonction de leur statut infectieux et des risques de nouvelles infections inhérents à l’animal et/ou à la conduite d’élevage.

 

Un arbre décisionnel afin d’orienter le traitement au tarissement.

Depuis septembre 2018, Cantal Conseil Elevage s’est engagé auprès d’une cinquantaine d’élevages motivés à réduire l’utilisation d’antibiotiques et à suivre tous les tarissements sur un an. Les conseillers  préconisent le protocole à suivre, suivent, et analysent les résultats cellulaires et l’état sanitaire du troupeau d’un point de vue santé mamelle.

Les autres facteurs de risques tels que la conduite des taries, l’hygiène du logement, la production, la morphologie de la mamelle doivent être pris en compte pour finaliser le conseil.

 

Résultats de 30 élevages en suivi

Sur 2019, un suivi complet du dispositif a été effectué pour 630 vaches, pour lesquelles les trois comptages cellulaires (CCI) avant tarissement et après vêlage ont été relevés ainsi que le traitement utilisé au tarissement. Pour cette population, le taux de nouvelles infections au tarissement est de 8.2 % et le taux de guérison au tarissement de 82.5%, résultats plus élevés que la moyenne 2019 des adhérents CCE.

 

 

Pensez obturateur pour vos vaches saines !

Parmi les 339 vaches saines ayant un CCI moyen avant tarissement < 100 000, 330 vaches pouvaient prétendre à un tarissement sans antibiotique. Au final, 212 seulement ont été traitées avec obturateur par manque d’approvisionnement à l’automne 2018 dans le département.

Les résultats ci-contre confirment que l’utilisation de l’obturateur seul fonctionne pour des animaux qui ont un CCI moyen avant tarissement inférieur à 100 000. En effet, 97% des vaches à moins de 100 000 cellules ne présentent aucune bactérie dans la mamelle. L’obturateur est efficace quand il est correctement appliqué, que les règles d’hygiène lors du tarissement sont respectées, que le logement des taries est adapté et que les caractéristiques physiques de l’animal diminuent les facteurs de risque.

 

 

 

 

Une utilisation raisonnée de l’antibiotique

Pour les vaches ayant un CCI moyen avant tarissement supérieur à 100 000, l’utilisation de l’antibiotique est plus efficace pour obtenir des vaches saines après vêlage.

Dans tous les cas, l’utilisation d’un traitement est fortement conseillée pour des vaches ayant un CCI moyen avant tarissement supérieur à 100 000, en particulier lorsque les facteurs de risque physiques et environnementaux sont élevés.

L’utilisation combinée d’un obturateur et d’un antibiotique montre également de très bons résultats. Elle est préconisée sur des élevages à hauts facteurs de risque ou sur des vaches à haut potentiel.

En conclusion, afin de diminuer l’utilisation d’antibiotique en élevage, il est recommandé pour un même élevage d’utiliser les obturateurs pour les animaux à faible facteur de risque et d’utiliser un antibiotique pour les autres animaux. 

 

« Vincent Maury, Riom-es-Montagnes (15)

Vincent Maury : « Nous sommes sensibles au sujet de l‘antibiorésistance»

Vincent Maury, en individuel depuis janvier 2015, possède une exploitation de 64ha, le tout en herbe. Il conduit un troupeau de 50 vaches laitières de race Montbéliarde à 5000 kg de moyenne, en production AOP Cantal et Bleu d‘Auvergne.

 

Qu’est ce qui vous a motivé à participer à cette étude ?

« Nous sommes sensibles au sujet de l’antibiorésistance qui devient un vrai problème. Nous avons apprécié l’idée d’une nouvelle méthode pour éviter l’utilisation systématique des antibiotiques. Grâce aux recommandations de Laura, notre conseillère d’élevage, nous avons accepté de nous lancer dans ce challenge et nous sommes très attentifs à son suivi. Globalement, nous n’avons peu de problème de cellules sur l’élevage (taux cellulaire moyen au contrôle en 2019 à 200 000 et 18% des VL ayant eu au moins une mammite correspondant à 9 mammites au total en 2019) ».

 

Qu’est ce que cette expérimentation a changé dans vos pratiques ?

« Nous avions pour habitude d’utiliser systématiquement un antibiotique au tarissement pour toutes les vaches. Aujourd’hui, Laura nous aide à sélectionner les vaches qui peuvent bénéficier d’obturateurs seuls. Nous avons posé les premiers à l’automne 2018. Sur la période octobre 2018 à janvier 2019, 36 % des vaches ont été taries uniquement avec obturateurs. Sur 14 vaches ayant vêlées depuis la mise en place du protocole, 9 ont été taries avec antibiotiques. La moyenne cellulaire après vêlage pour les 9 vaches taries avec antibiotiques s’élève à 113 000 cellules. (1 à 3 contrôles/VL). Pour les 5 vaches taries sans antibiotiques au tarissement, la moyenne est de 62 000 cellules (1 à 3 contrôles/VL) ».

 

Quels avantages avez-vous trouvé à l’utilisation d’obturateurs ?

« C’est une méthode pratique et facile à prendre en main. De plus, nous avons remarqué qu’une vache tarie sans antibiotique répond mieux au traitement si elle fait une mammite durant sa lactation qu’une traitée avec antibiotique lors du tarissement ». 

 

« Chantal AUMAR, Bonnac (15)

Chantal AUMAR : « Notre objectif, avoir les vaches les plus saines possibles »

Chantal AUMAR exploite 50 ha en herbe et 2ha de céréales. Elle possède 40 vaches de race Montbéliarde à 6700 kg de moyenne, en production AOP Cantal et Bleu d’Auvergne, filière lait cru de la laiterie de Talizat.

 

Qu’est ce qui vous a motivé à participer à cette étude ?

«  Quand Guillaume, notre conseiller d’élevage, nous a parlé de son souhait de nous inclure dans cette étude, nous lui avons fait confiance. Nous attendons systématiquement les résultats du contrôle pour tarir les vaches. C’est pourquoi nous avons accepté de tester cette méthode ».

 

 Qu’est ce que cette expérimentation a changé dans vos pratiques ?

«  Nous utilisions systématiquement des antibiotiques au tarissement. Dorénavant, nous utilisons des obturateurs avec ou sans antibiotiques. Nous sélectionnons avec Guillaume les vaches à tarir avec seulement l’obturateur en suivant le protocole établi. Sur la période octobre 2018 à janvier 2019 nous avons tari 10 vaches dont 3 avec obturateurs uniquement. Ces trois vaches ont ensuite mis bas et ont eu un premier comptage cellulaire en dessous de 100 000. Globalement, nous avons peu de mammites (uniquement 3 en 2019). Nous avons également de bons résultats cellulaires (70 000 en moyenne au contrôle sur 2019). Nous sommes très sensibles à la problématique des cellules, nous avons un protocole d’hygiène et de pratique de traite que nous appliquons à la lettre que ce soit à l’intérieur en hiver ou à l’extérieur à la cabane en été. Il nous est arrivé de réaliser quelques bactériologies sur certaines vaches pour mieux cibler les traitements, ce qui a toujours été efficace ».

 

Elisabeth BONNAL, Cantal Conseil Elevage

 

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