Traitement sélectif au tarissement

La plupart des éleveurs utilisent des antibiotiques systématiquement au tarissement. Très peu d’élevages osent franchir le pas du traitement sélectif, qui permettrait de réduire de 30 à 60% l’utilisation des antibiotiques à cette période. Dans le cadre du projet écoantibio 2017, une étude est en cours pour trouver une méthode efficace d’aide à la décision. Ce projet est animé au niveau national par L’Institut de l’Elevage en collaboration avec les organismes techniques (France Conseil Elevage, FNGDS, SNGTV…).

 

Témoignage de l’earl de la Montbéliarde à Huilly sur Seille (71)

Cet élevage comprends 130 vaches Montbéliardes à 7605 kg de lait par vache. La référence du quota est de 1 092 000 litres, réalisé grâce à 3 UMO exploitants + 1,2 UMO salariés. 216 ha de SAU sont également exploités : 45 ha de céréales à paille, 80 ha de maïs dont 40ha autoconsommés, 70 ha de prairies naturelles, 14 ha de prairies temporaires, 7 ha de luzerne et 10ha de dérobés.

Les indicateurs de qualité du lait donnent 160 milliers de leucocytes en moyenne, et 39 seulement mammites sur la campagne 2014-2015. Depuis 1 an les associés de l’EARL de la Montbéliarde raisonnent leurs traitements au tarissement.

 

 

 

 

 

Pourquoi avoir sauté le pas, quels étaient vos objectifs ?

Nous souhaitions réduire notre usage d’antibiotiques tout en conservant des résultats cellules corrects. Sur la campagne 2013-2014 notre moyenne était de 150 milliers de cellules. Laurent Courtot, qui coordonne l’expérimentation en cours sur le département de la Saône-et-Loire, nous a proposé de participer à une réunion d’information et nous sommes partis pour essayer sur 3 ans.

 

Comment faites-vous, quel protocole utilisez-vous ?

Parmi les critères proposés, nous nous sommes fixés trois critères principaux. Nous choisissons des vaches saines, à moins de 100 milliers de cellules au dernier contrôle avant tarissement et n’ayant eu aucune mammite sur la lactation. Nous regardons ensuite que le plancher de la mamelle soit au-dessus du jarret et qu’il n’y ait pas de plaies ni de gerçure sur la mamelle. Nous essayons d’éliminer les vaches qui perdent leur lait au tarissement.

En période estivale, ces vaches ne reçoivent pas d’antibiotique et nous utilisons juste un obturateur de trayon. L’hiver, nous n’avons pas osé passer le pas car les conditions de logement en aire paillée nous semblent plus à risque.

 

Quels résultats obtenez-vous après un an d’essai ?

Le niveau cellulaire moyen n’a pas bougé, nous sommes toujours autour des 150 milliers de cellules. L’indice de guérison n’a pas évolué non plus : il est toujours à 66%. Par contre nous avons diminué de moitié notre taux de nouvelles infections : nous sommes passés de 8% à 4%. Ces résultats sont encourageants.

Nous sommes finalement étonnés de constater qu’il y a plus de vaches qui correspondent aux critères que ce que nous pensions, malgré le fait que les critères que nous avons choisis sont parmi les plus stricts. Nous avons voulu limiter les risques.

 

Déborah DOURY, Saône-et-Loire Conseil Elevage, pour le groupe FIDOCL Qualité du Lait.

 

 

Un nouveau groupe de 12 élevages de l’Ain et la Saône-et-Loire va se lancer dans cette expérimentation au printemps 2015. Ils seront accompagnés par leur vétérinaire traitant et leur conseiller d’élevage. Une première réunion permettra à chacun de décider avec le vétérinaire du protocole à mettre en place. Le choix de traiter ou non sera vu au cas par cas entre l’éleveur et son conseiller d’élevage tout le long de l’année en fonction de la situation de chaque animal.

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