Tracer l’énergie et le méthane grâce aux Acides Gras du lait

L’analyse des acides gras dans le lait est possible à l’heure actuelle. Nos ECEL participent à la mise en œuvre de deux méthodes d’interprétation : Profilage sur le flacon de l’animal et ZoCoRA sur le flacon tank en partenariat avec le laboratoire Galilait.

 

Des repères et des variations 

Les acides gras analysés en routine sont au nombre de 6.  Ce sont les acides gras saturés (AGS), les acides insaturés (AGIT), les acides mono insaturés (AGMI), les acides gras poly insaturés (AGPI), l’acide palmitique (C16 :0) et l’acide oléique (C18 :1). Les plages de variations sont importantes à cause des fourrages et de leurs teneurs en AGPI. Les rations à dominance ensilage maïs favorisent des profils élevés en C16 :0. Au contraire, un régime pâturant engendre une teneur forte en AGPI. L’introduction d’un ensilage herbe de bonne qualité sur un régime maïs est une solution intéressante. L’intérêt est triple : nutritionnel, sanitaire et environnemental.

La ZoCoRA est la zone de confort rumen animal. Elle traduit la capacité d’un animal dans un bâtiment adapté (temps de repos suffisant) à valoriser de manière efficace les aliments proposés. Pour chacun des acides gras cités, un niveau a été déterminé par régime. En hiver, les niveaux souhaitables sont de 11 g/l pour le C16 :0, 7 g/l pour le C18 :1 et 1.5 g/l pour les AGPI.

 

 

 

 

 

 

 

Déficit énergétique anticipé et efficacité alimentaire réduite

Des zones d’inconfort ont été définies. Des taux butyreux supérieurs à 44 g/l synonyme de moindre valorisation de la ration seront mieux appréhendés en fonction des acides gras. Des rations déficitaires en énergie se traduiront par un niveau de C18 :1 au-delà de 7.8 g/l. Un travail sur les rations taries et débuts de lactation sera réalisés. Nous pourrons aussi nous focaliser sur la densité énergétique du mélange proposé. Cet hiver, le manque de production était dû en partie à une digestibilité moindre de la partie tiges et feuilles des fourrages.  Le C16 :0 en a été le témoin en dépassant les 13 g/l.

Le méthane est directement lié à la teneur en C16 :0. Optimiser le fonctionnement du rumen à teneur garantie à 11 g/l de C16 :0, c’est déjà être à moins de 20% d’émission de CO2 et répondre à l’engagement sur l’environnement. Les profils au pâturage sont naturellement différents, du fait de la présence en forte quantité d’oméga 3 qui conduit à une diminution du C16 :0 et donc du méthane. Il est important avant de se lancer dans l’interprétation des acides gras de revenir aux fondamentaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le lait de tank, une première approche nutritionnelle

Le taux protéique est le premier marqueur du niveau énergétique de la ration. Un objectif de 34 g/l en moyenne sur l’année est un challenge à atteindre. Un lait de tank inférieur à 32 g/l doit alerter. Le taux butyreux et le rapport TB/TP sont les premiers indicateurs sanitaires de la ration. Un rapport de 1,20 et TB de 41,0 g/l sont de bons repères. Les acides gras seront un plus pour analyser des évolutions vers des zones d’inconfort. Le lait produit par vache par jour est un critère technique et économique important. L’urée donne une belle image de la nutrition azotée. 0.25 g/l est un niveau souhaitable. Moins de 0.15 g/l et plus de 0.35 g/l sont des résultats qui demandent de la vigilance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les maladies métaboliques et le fonctionnement du rumen

L’acidose et l’acétonémie sont deux maladies métaboliques importantes. L’analyse des rapports et niveaux de taux est une première approche avec des imperfections. Aujourd’hui, l’acétonémie est prédite avec précision dans le lait à travers deux méthodes appelées Cétodétect et Cétomir sur le flacon mensuel de la vache. L’acidose, la baisse d’efficacité alimentaire et la dépression de la matière grasse sont des dysfonctionnements qui seront anticipés par la connaissance des acides gras du lait. Le mauvais fonctionnement du rumen est un facteur majeur dans l’apparition de ces troubles. Analyser l’équilibre entre la cellulose brute de la ration, l’amidon et la matière azotée sera une vraie piste de travail pour nos conseillers.

Une amélioration de la digestion ruminale aura un effet sur la réduction des émissions de méthane.

 

Patrice DUBOIS , Rhône Conseil Elevage


 

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