Systali : La rénovation du système d’alimentation des ruminants

La modélisation des nouvelles tables et recommandations alimentaires pour les ruminants  est en cours de finalisation.  Ce nouveau système sera intégré dans le futur rationneur des conseillers d’élevage. Rumin’AL, c’est son nom, a été développé dans un partenariat INRA et SIEL.

Le moteur de calcul (Inration 5) va gagner en précision pour la prise en compte des interactions digestives et métaboliques. En effet, le rationneur ne se contente pas d’ajouter les valeurs nutritives des aliments. Il intègre les  pratiques alimentaires et  l’évolution des performances des animaux.

 

 

Plus de précision dans l’approche des interactions digestives

Le tube digestif (flore du rumen, absorption intestinale…) transforme les aliments de la ration en nutriments. Toute la matière organique ingérée n’est pas réellement valorisable par le ruminant. Le pourcentage de concentrés de la ration et la quantité totale de matière sèche ingérée ont une incidence sur les processus de digestion.  Lorsqu’ils augmentent, la ration est globalement moins bien valorisée. Cela est mesuré par les interactions digestives.

Plus la part de concentrés d’une ration augmente, moins bonne est la digestibilité de la matière organique alimentaire totale. Au-delà de 40% de concentrés, les interactions avec le reste de la ration sont au maximum. Un apport supplémentaire n’aura donc aucun effet sur la production.

Par exemple, le fait de passer de 30 à 50% de concentrés dans une ration diminue de 2,3 % la dMO.

Lorsque le niveau d’ingestion de l’animal augmente, une partie plus importante de la matière organique n’est plus dégradée. Cela s’observe régulièrement avec des bouses contenant des aliments de la ration qui sont presque intacts. Dans ce cas, les interactions digestives seront plus élevées avec Inration 5.

 

Un nouveau critère pour le rationnement: la BalProRu.

La BalProRu (Balance Protéique du Rumen) tente de refléter la synthèse microbienne de l’azote, les PDIMN et PDIME. C’est la différence entre les matières azotées ingérées et celles sortant du rumen et qui vont être absorbées au niveau de l’intestin. Ce critère est fortement corrélé au rapport PDIN-PDIE/UFL qui, lui, est bien connu. La digestibilité de la ration totale est améliorée lorsque le niveau de l’azote n’est pas limitant. Les interactions digestives sont donc moins élevées.

Une BalProRu équilibrée correspond à un taux de MAT de 14,8%. Si la BalProRu est inférieure, l’azote est un facteur limitant, les performances sont réduites. Si la BalProRu est élevée, l’azote excédentaire est gaspillée (éliminée dans les urines) et entraîne une surconsommation d’énergie.

 

Les valeurs des aliments dépendent de la ration dans laquelle ils sont distribués

Le moteur de calcul de ration prendra les valeurs de référence des aliments ingérés mais réévaluera la digestibilité réelle de ces aliments en fonction du pourcentage de concentrés, du niveau d’ingestion et de la BalProRu de la ration totale. Si la ration est bien équilibrée entre NDF et concentrés, la motricité du rumen est optimum et minimise  les risques de sub-acidose. Dans tous les cas l’efficacité zootechnique est maximale avec des aliments de bonne valeur en digestibilité, un transit normal, sans ingestion élevée ou rapide et avec un niveau d’azote optimum.

Les nouvelles équations vont corriger les problèmes de rationnement rencontrés avec les aliments atypiques et l’évolution des productions des vaches. Avec le rationneur actuel,  il faut ajouter de l’azote au-delà des recommandations Inra 2007 pour assurer la production des vaches à plus de 35 kg de lait. Avec Systali, ces ajustements, faits intuitivement par les conseillers, seront inutiles.  Par contre, faire une ration sans moteur de calcul sera impossible, les paramètres de calculs étant plus nombreux et corrélés.

 

Plus de précision dans le calcul du rendement des protéines

Le taux de PDI par kg de MAT était de 67% quels que soient les aliments. Avec Systali, le rendement des protéines dépend du niveau énergétique et azoté de la ration. Lorsque la ration est moins riche, le rendement augmente. Lorsque la ration est riche, le rendement diminue. La flore microbienne améliore son potentiel de transformation lorsque la ressource en azote est limitante.

 

Plus de précision dans l’évaluation des besoins des animaux

Jusqu’à présent, les besoins d’entretien azotés des vaches laitières étaient évalués autour de 400 g de PDI quel que soit le niveau de production. Avec Systali, les besoins d’entretien d’une vache suivent sa production. Par exemple, une vache produisant 30 kg de lait aura des besoins azotés augmentés de 200 PDI / j environ par rapport aux tables 2007.

Les besoins azotés pour la production vont dépendre du rendement des protéines de la ration. Dans les rations à moins de 100 g PDI /kg MS, les besoins seront inférieurs à ceux des rations à plus de 100 g de PDI /kg MS.

Les besoins énergétiques d’entretien sont toujours liés au poids de l’animal et à son activité. Ils évoluent à la hausse du fait d’un réajustement de la valeur de l’UF  (UFL systali = 1760 Kcal).

 

Plus de précision dans l’évaluation de la vitesse de transit

Dans les tables Inra 2007, la vitesse de transit des aliments dans le tube digestif était estimée à 6% par heure. Avec Systali, la vitesse de transit des fourrages est évaluée à 3,8% par heure et celle des concentrés à 5 % par heure. Avec un transit  moins rapide dans le tube digestif, la matière organique alimentaire a plus le temps d’être dégradée.  

Il en résulte, dans les tables de valeurs des aliments, une hausse globale des valeurs énergétiques (UFL) des fourrages comme des concentrés.

Dans les tables Inra 2007, la production de matière azotée par la flore du rumen était évaluée à 145 g par kg de matière organique fermentescible. Avec Systali, l’efficacité de la croissance microbienne est moins bonne pour les régimes riches en matière organique fermentescible et meilleure pour les régimes pauvres ou pour les régimes alimentaires transitant lentement (rations foin ou paille). En moyenne les fourrages augmentent de +0,06 UFL et perdent 4 à 5g de PDIE.  Pour les concentrés les changements sont faibles.

 

Anne BLONDEL, ACSEL Conseil Elevage

 

 

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