Synthèse de la campagne de pousse de l'herbe Patu'RA en Isère

Après 2 mois de pousse d’herbe très ralentie par la sécheresse et la canicule de cet été, les repousses actuelles offrent des opportunités de pâturage intéressantes dès les premiers jours de septembre. Le premier bilan de la pâture de ce printemps peut vous donner des idées pour cet automne.

 

 

Le plan PATUR’RA en Isère

Dans le cadre du PEP BOVIN LAIT et de l’action régionale Pâtur’RA, des mesures d’herbe hebdomadaires ont été effectuées cette année en Isère dans trois exploitations du département à Varacieux, St Didier de la tour et Miribel les Echelles.

Ces mesures permettent de suivre semaine après semaine la pousse de l’herbe afin de rédiger un bulletin à destination des éleveurs et des conseillers pour les aider à gérer au mieux le pâturage. Ces données viennent aussi alimenter une base de données régionale et nationale pour établir des références et valider des modèles de prévision de pousse en fonction du type de sol, du type de prairie… Afin de valoriser les résultats obtenus pour cette année, une journée de restitution a été organisée auprès des éleveurs participants au projet et leurs conseillers.

 

Trois éleveurs et trois stratégies pour valoriser l’herbe

Globalement, l’année 2015  jusqu’à la mi-juin a été une année plutôt favorable au pâturage grâce à une bonne pousse de l’herbe. Cette pousse a été plutôt régulière à Saint Didier de la tour entre 2 et 4 mm chaque jour, alors qu’elle a été plus intense de mi-mars à mi-mai (plus de 4 mm par jour) à Miribel les échelles et Varacieux avant de chuter à 2 mm par jour.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

EARL de Plambois : « un surpâturage » bien maîtrisé

Le matin, Mr et Mme VIAL ont reçu les participants sur leur exploitation laitière à Saint Didier de la Tour de manière à leur exposer leurs pratiques.

Les vaches laitières sortent à la pâture le plus tôt possible « dès mars, herbe ou pas, dès qu’il faut  beau elles sortent » et jusqu’au mois de novembre. Les  7 paddocks d’environ 1,3 hectare chacun sont répartis autour de la ferme et les vaches n’ont pas besoin de traverser de route pour aller pâturer. Dès que la pousse de l’herbe est suffisante, l’éleveur rationne les vaches au fil en le déplaçant deux fois par jour. Avant la gestion du pâturage se réalisait au paddock mais l’éleveur constatait trop de refus. Depuis qu’il a changé cette méthode Mr Vial estime gagner un jour d’herbe par paddock.

Le retour dans une parcelle se réalise alors après un cycle de 21 à 28 jours. Par ailleurs, une parcelle est débrayée quand la hauteur d’herbe à l’entrée des animaux dépasse la cheville. Une fois la parcelle pâturée, l’éleveur intercale une fauche de refus à 4-5 cm avec un passage de herse, afin de laisser ces prairies les plus propres possibles. Pour ce qui est de la fertilisation, il apporte 100 kg d’ammonitrate fin février et 80 kg d’urée en mai. Mis à part les bouses, aucune fertilisation organique n’est réalisée.

Concernant l’alimentation de son troupeau, l’éleveur conserve toute l’année un fond d’ensilage de maïs qu’il associe à de l’enrubannage de luzerne, du tourteau de soja, du tourteau de colza, et un mélange de céréales. Il observe les refus à la crèche et adapte le nombre de repas qu’une mélangeuse va faire en fonction de ceux-ci « au début une mélangeuse va me faire 1 jour puis 1.5 jour. Au printemps une mélangeuse peut me faire 2 jours mais c’est la limite pour que la ration ne se détériore pas. » Le dosage du tourteau se fait au jour le jour en fonction des bouses.

Cette année, une parcelle va être renouvelée avec un mélange type BTPL de 5 kg de RGI, 10kg de dactyle, 10kg de fétuque et 3 kg de trèfle blanc. Pour ce faire, l’éleveur a désherbé avec du roundup avant de réaliser un semis direct.

L’éleveur souhaite conserver environ 40% de la ration de base même durant la saison de pâturage. L’herbe ingérée permet ainsi une réduction de la consommation des concentrées, qui passent de 160g/1000L de lait en hiver à 100g/1000L de lait l’été. Mr VIAL grâce à son système poussé sur la gestion de l’herbe arrive à valoriser quasiment toute la quantité produite.

 

GAEC du Sully à Varacieux : pâturage et sécurité

Les éleveurs veulent rester prudents en maintenant les concentrés à 25% de la ration totale et jouent davantage sur la diminution de la ration de base.

Les concentrées restent stables toute l’année à 210g/1000 L de lait. Au GAEC de Sully une partie de la pousse de l’herbe n’est pas valorisée et constitue un stock sur pied perdu. Pour limiter cette perte, une piste de réflexion sur la baisse des concentrés pour inciter les vaches à pâturer davantage a été émise. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Guillaume VESSARD Guillaume  à Miribel les Echelles : un système tout herbe

L’éleveur de par son systhème (enrubannage interdit/ ration toute herbe) est obligé de valoriser au maximun la pousse de l’herbe printanière. Il distribue donc un peu de foin dès que l’herbe manque mais reste avec un niveau de concentré stable sur l’année à 150g/1000L de lait.  Mr VESSARD malgré les contraintes de son cahier des charges arrive à valoriser une grosse partie de la pousse de l’herbe.

 

 

 

 

 

 

 

Un coût proportionnel à la quantité d’herbe ingérée

Au final, ces trois stratégies entrainent des côuts alimentaires variables de janvier à juillet mais qui s’équilibrent en moyenne à 130 euros /1000L pour les trois structures durant la période. Parmi les constats d’alimentations réalisés durant la saison de paturage, le coût de la ration est directement fonction de la proportion d’herbe ingérée. Ainsi pour une ration avec 37% de paturage et 23 kg de lait produit parvache, le coût est de 132€/T de lait et pour un autre élevage avec 78% d’herbe le coût de la ration passe à 6€/T de lait.

 

Adeline PORRET et Patrick PELLEGRIN – Isère Conseil Elevage

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