Suis-je Robot compatible ?

Un robot de traite sur mon exploitation : non merci, ce n’est pas pour moi ! / oui, c’est ce qu’il me faut !  La réponse n’est jamais simple.

Lors d’une évolution de la taille du troupeau ou de la main d’œuvre sur l’exploitation, la question d’une modification ou changement du système de traite se pose souvent.

Un robot de traite est un outil de traite au même titre qu’un roto ou une salle de traite « classique ». Dans un premier temps, il ne faut pas s’interdire d’envisager toutes les possibilités existantes. L’objet de ces quelques lignes est essentiellement de balayer les questions importantes à se poser en amont avant de choisir la traite robotisée, ou de l’exclure.

 

Le temps de la réflexion : anticiper et prendre son temps

 

  • Pourquoi j’envisage un robot de traite sur mon exploitation ?

Est-ce une simple éventualité ou la réflexion est déjà avancée. Quelles sont mes motivations (suppression de l’astreinte, manque de main d’œuvre, nouvelles technologies, …) ?

 

  • Est-ce que je suis, et tous les acteurs de l’exploitation, « robot compatible » ?

Evidement un robot implique de ne pas être réfractaire à l’informatique, d’accepter d’y passer un peu de temps et de lui faire confiance. Mais c’est surtout une idée / un projet partagé par l’ensemble des intervenants de l’exploitation (exploitant(s) actuel(s) et éventuellement futur installé). L’avis du conjoint(e) doit aussi être pris en compte (même si ce n’est pas très fréquent, alerte possible du robot la nuit par exemple).

 

  • Etat des lieux des contraintes et atouts de l’exploitation

Cette étape est obligatoire. Selon les spécificités de l’exploitation, la phase de transition, la localisation du robot dans le bâtiment, le type d’alimentation pourront varier.

  • Le troupeau : production de lait, niveau des cellules, répartition des vêlages, taux de renouvellement, type de ration, santé des animaux …. Des réformes seront éventuellement nécessaires avant la mise en route du robot.
  • Les surfaces : parcellaire, localisation et accessibilité des pâtures des vaches, surface récoltable/non récoltable, autres cultures. Le pâturage des laitières peut être maintenu.
  • La capacité de stockage des fourrages : avec plus de temps de présence dans le bâtiment, les besoins en fourrages sont plus élevés. Des silos supplémentaires sont peut-être à prévoir.
  • Le bâtiment : construction neuve, rénovation, implantation du robot dans un bâtiment existant. Une visite du conseiller bâtiment est un préalable à tout engagement.
  • La main d’œuvre : associés, conjoint, salarié, stagiaire, entraide, service de remplacement. Plusieurs personnes doivent pouvoir intervenir sur le robot, du moins pour les opérations courantes pour que les astreintes ne repose pas sur un seul exploitant.
  • Les évolutions probables à moyen terme : main d’œuvre, surfaces, volume de lait produit, …. Réfléchir à la localisation de la nurserie, de la laiterie et du robot (peut-être une seconde stalle demain ?).
  • Les réglementations spécifiques : AOP, MAE, bio. Quelles sont les obligations de pâturage, de ne pas réchauffer le lait, …. ?

Cet état des lieux doit permettre de diagnostiquer les points forts de l’exploitation et ceux à améliorer en amont de l’installation du robot.

 

  • Anticiper les conséquences sur  mon exploitation ?

  • Une nouvelle organisation du travail au quotidien, à partager entre tous les intervenants. Une partie de l’ancien temps de traite devient du temps d’observation des animaux.
  • Une autre gestion du troupeau sur le plan alimentaire principalement.
  • Des liens possibles avec d’autres logiciels de l’exploitation.
  • Attention à « effet de seuil », une stalle c’est 60 à 65 vaches maximum, au-delà la gestion du troupeau devient plus compliquée. Une seconde stalle peut devenir nécessaire.

Avant toute prise de décision, des visites d’élevages équipés de robot de traite sont nécessaires. Les conseillers d’élevages connaissent les exploitations, ils sont indépendants et peuvent vous guider dans vos choix de visites.

Dans le Puy de Dôme comme dans tous les ECEL de la FIDOCL, des réunions d’éleveurs sont organisées sur ce thème. Des visites individuelles sont aussi possibles. De même un accompagnement est proposé aux éleveurs, qui choisissent d’installer un robot de traite, dans les mois qui précèdent et ceux qui suivent la mise en place du robot.

 

Après plusieurs années de recul, les éleveurs nous font les remarques suivantes :

  • Au niveau travail, moins de stress et de pénibilité, plus de souplesse dans l’organisation quotidienne.
  • Gain de temps mais fonction des temps de traite initiaux. Impact positif sur la vie familiale.
  • Avoir de la patience lors de la mise en service du robot, puis de la rigueur dans la gestion quotidienne, sinon rapides répercussions sur le troupeau et le tank.
  • Même les éleveurs plus âgés se sont mis facilement à l’informatique.
  • Les animaux sont plus calmes.
  • L’augmentation du lait est variable selon la situation de départ. Une hausse temporaire du niveau cellulaire est fréquente dans les mois qui suivent la mise en service.
  • Le suivi du troupeau s’est amélioré.
  • La gestion du pâturage est plus délicate, mais possible.

 

Jean-Marc IZOULET, EDE Conseil Elevage du Puy de Dôme, pour le groupe robot FIDOCL Conseil Elevage

 

 

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