Stress thermique chez la vache laitière : que faire ?

Les températures rencontrées actuellement diminuent le confort et pénalisent les performances des animaux et notamment des vaches laitières. Pour optimiser le stress thermique chez la vache laitière, il existe plusieurs activités de maîtrise et de prévention. Elles sont résumées dans le tableau ci-dessous. Elles portent à la fois sur des modifications dans les habitudes de l’élevage, sur les soins portés aux animaux et sur les améliorations de leur environnement.

 

 

Alimentation : Maximiser l’ingestion, éviter le déficit énergétique

La distribution doit s’étaler dans la journée, et passer d’une-deux fois à quatre-six fois par jour si possible. Les vaches consommeront mieux une ration distribuée en petites quantités en évitant à la fois la grosse prise alimentaire et les phénomènes de tri. L’addition de 1 à 2 litres d’eau par vache à la ration complète permet de compenser les pertes de la journée. La plus grosse distribution sera effectuée le soir, à l’issue de la traite.

Pour contribuer à limiter l’impact de la chaleur sur les animaux, la teneur en protéines de la ration totale ne doit pas excéder 14 à 16 %.  Une proportion non négligeable de protéines digestibles dans l’intestin d’origine alimentaire (PDIA) permet de compenser le déficit énergétique en début de lactation. Certains aménagements seront également apportés à la composition : limiter autant que possible les apports énergétiques sous forme d’amidon rapide en privilégiant le maïs et le sorgho ; apporter de la cellulose digestible grâce à des pulpes de betteraves et/ou du son.

En matière de minéraux, les pertes par la transpiration et la respiration seront prises en comptes, surtout si les conditions défavorables perdurent. Elles peuvent être compensées par un apport en sodium (200g de bicarbonate de sodium). De plus, il convient de vérifier la teneur en potassium de la ration complète.

On veillera également à l’accès à l’eau qui pourra, le cas échéant, être refroidie. La mise à l’ombre des auges, ainsi que de l’aire d’alimentation, contribue à limiter le dessèchement de la ration (qui réduit considérablement son appétence) et favorise la prise alimentaire en maintenant les animaux à l’ombre.

 

Vaches taries

Le déficit énergétique du début de lactation (physiologique) doit être anticipé, de manière à amortir et à limiter les effets du stress thermique. Ainsi, une attention particulière sera portée aux vaches taries, tant du point de vue de la consommation (ration appétence, de faible niveau énergétique (< 0,8 UFL) que de l’environnement (rafraîchissement), dès la 4° semaine avant vêlage.

 

Réaliser des ombrages et la ventilation naturelle

Lorsque les vaches sont conduites en hors-sol, les mesures concernant l’alimentation, la « ventilo-réfrigération » et l’abreuvement doivent impérativement être respectées. En outre, il est important de savoir qu’une pente de toit supérieure à 33 % entrave l’évacuation de l’air chaud par la partie supérieure du bâtiment. En outre, pour optimiser la ventilation de ce dernier, les murs latéraux doivent présenter une hauteur d’au moins 4,30 m.

Les zones les plus chaudes de la stabulation peuvent être repérées en observant les vaches aux heures les plus chaudes : fréquentation de certaines parties plutôt que d’autres.

L'ombre naturelle est évidemment prodiguée par les arbres et leur feuillage. Les arbres ne font pas que bloquer les rayons solaires. L’évaporation de l’humidité de la surface des feuilles permet également de rafraîchir l’air ambiant. Améliorant alors la sensation de fraîcheur, l’ombre des arbres est par conséquent très appréciable et appréciée des animaux.

 

Ventilation mécanique

La ventilation mécanique contribue à limiter, pour les animaux, la sensation d’oppression par la chaleur, sans réduire la température ambiante. Les ventilateurs doivent être suffisamment nombreux, en fonction de la taille de la stabulation et puissants pour assurer un flux d’air de 0,47 m³/s. Il faut compter un ventilateur pour 10 vaches ou 13 m² de surface de stabulation, incluant aires d’exercice, d’alimentation et de couchage. Ils doivent être inclinés à 30° par rapport à la verticale. Ils peuvent efficacement être remplacés par des brasseurs d’air : véritables pales d’hélicoptère, d’un diamètre de 7 m, ils tournent beaucoup moins vite qu’un ventilateur mais assurent un brassage optimal et permanent de l’air ambiant, faisant ressentir une chute de la température de plusieurs degrés (expérience vécue). La vitesse de l’air doit pouvoir, dans tous les cas, atteindre 20 km/h et leur mise en route s’effectuera dès que la température aura atteint 22 °C.

Au GAEC des Goulets, utilisation de brasseur d’air de 3 m de diamètre

 

 

Aspersion

Le principe consiste à asperger les vaches d’une fine brumisation et l’évaporation de l’eau répandue assure le refroidissement des animaux.

Pour optimiser la méthode, elle peut être couplée à une ventilation. Pour être efficace, c’est l’arrosage qui est le plus important. Les buses de projection doivent déverser 1,25 litre d’eau par minute et par mètre carré. Les fréquences d’arrosage sont toutes les 5 minutes pour les stress importants et toutes les 15 minutes pour les cas moins sévères.

Le fait d’arroser les vaches produit plus d’effets que la simple ventilation, ceci mesuré par la fréquence des mouvements respiratoires. Les buses siégeront en arrière des cornadis ou de la barre d’auge (optimisation de la prise alimentaire) et sur les aires d’exercice. L’orientation des ventilateurs a également son importance : ils doivent être inclinés de 30° par rapport à la verticale. La salle de traite peut également faire l’objet de l’installation d’un système de brumisation-ventilation.

Au GAEC berne berruyer, utilisation de la brumisation couplée au ventilateur

Yannick BLANC, Drôme Conseil Elevage

 

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