Stress thermique, attention coup chaud pour les vaches !

Baisse de l’ingestion, consommation d’eau marquée, augmentation du rythme respiratoire et de la température corporelle, besoins en énergie supérieurs, le stress thermique favorise une réduction de l’activité et une altération du bien-être. Les effets du stress thermique se caractérisent par une baisse de la production, un amaigrissement et baisse de l’état corporel, de l’acidose ruminale. Cela engendre des baisses d’immunité qui se traduisent par des troubles de santé : avortements, non délivrance, mammites, infertilité, …

 

Une alimentation aux petits oignons

Le réchauffement climatique demandera d’être des pro de la nutrition en été.

La gestion de l’alimentation se doit de gérer ces conditions qui engendrent des animaux qui consomment moins, en moins de temps, qui trient avec des besoins en énergie et minéraux supérieurs. De ce fait, il faut un rumen au top de ces compétences.

 

Bichonner les taries

Le premier levier passe par une gestion des vaches taries exemplaire. Les 4 règles sont du volume, du volume de panse, des papilles développées, une flore adaptée et des minéraux adéquats. La ration distribuée se doit de répondre de façon simple, hygiénique et journalière à cette équation. Viser 12 kg MST, 10 UFL, 1000 PDI norme 2007 avec 15% d’amidon et 14% de protéines. 2 points de vigilance : du bon foin renouvelé matin et soir et du tourteau en quantité suffisante.

 

Distribuer des top fourrages

Le second levier passe par la distribution de top fourrages pour répondre au défi nutritionnel de nos animaux. Il faut anticiper pour distribuer pour ces périodes les meilleurs fourrages de l’année. La valeur énergétique élevée doit être au rendez-vous pour apporter beaucoup d’UFL à la vache en peu de bouchée. Une gestion exemplaire des fronts d’attaque et de la qualité hygiénique des fourrages doit être de rigueur. La flaveur des aliments doit compenser le manque d’appétit des animaux. Le respect de la fibrosité chimique est fondamentale où l’usine Rumen doit permettre une activité optimale des flores cellulolytiques et amylolytiques. La trilogie : 35% de NDF, 20% d’amidon et 16% de MAT doit être respectée. Trop de cellulose mobilise trop d’énergie dans le processus de digestion qui engendre une production d’extra chaleur. Trop d’amidon et pas assez de protéines, c’est l’acidose assurée.

 

Maîtriser le film alimentaire

Le troisième levier est de distribuer le soir. Cette adaptation permettra de limiter l’échauffement des aliments à l’auge. De plus, l’expérience montre que les animaux ont un comportement moins boulimique par rapport à une distribution de matin. L’autre point de vigilance est le tri. La fibre se doit d’être courte. Le tamisage de la ration avec le tamis Pennstate revisité est le bon test. La norme est qu’aucune particule soit au-dessus de la grille de 40 mm. Il faudra veiller à apporter les bonnes quantités de sels. Bicarbonate de sodium et levures pourront être utilisées si nécessaire.

 

De l’eau, de l’eau…

Fournir une eau fraîche, propre, et en quantité non limitée permet d’aider les vaches à refroidir leurs corps et compenser les pertes par extra-chaleur. Un repère : un abreuvoir de 2 m à niveau constant avec un débit suffisant pour 20 vaches. Pour 80 vaches, il faut 4 abreuvoirs de ce type bien répartis et accessible dans le bâtiment. En forte chaleur, une vache boit plus 100 l par jour.

 

Patrice Dubois, Rhône Conseil Elevage

 

Du confort pour les animaux

L’augmentation avérée des périodes de fortes chaleurs (fréquence, durée et intensité) nécessite d’aménager les bâtiments pour les périodes estivales

 

Un bovin est très sensible à la chaleur

Un bovin ne craint pas le froid et produit beaucoup de chaleur (1000 Watts/vache). La température de confort est comprise entre 10 et 20°c. A partir de 25°c il fait des efforts d’adaptation importants. Entre 30 et 35°c, commence une situation de souffrance. Au-delà de 42°c l’animal peut mourir si la situation perdure.

 

L’humidité joue un rôle important dans l’inconfort thermique

En été, elle accroît les difficultés de l’animal à évacuer la chaleur qu’il produit en excédent. Le THI est un bon indicateur de stress thermique combinant température et humidité relative. Par exemple à 32°c et une humidité relative de 30% (très chaud et sec), le stress est modéré. Si l’humidité passe à 90%, le stress devient alors marqué

 

 

Des périodes de stress thermique plus fréquentes

Les simulations faites par JC Moreau de l’Institut de l’Elevage (programme ClimaLait) montrent l’augmentation très forte des périodes de stress thermique dans nos régions dans un horizon moyen terme. Ainsi le nombre de jours de stress marqué entre les périodes 2000 et 2050 sera multiplié par deux soit plus de 20 jours en période estivale. Il faut donc dès à présent anticiper sur la conception et l’aménagement des bâtiments d’élevage.

Mon bâtiment l’été : un parasol

En été le courant d’air est bénéfique. La température perçue par l’animal est d’autant plus basse qu’il est exposé à un courant d’air. Cela peut suffire à éviter un pic de stress thermique. Pour cela il faut

  • Limiter l’ensoleillement direct
  • Réduire les translucides en toiture
  • Diminuer le rayonnement des parois. Isoler la toiture, éviter le béton banché ou les agglomérés de ciment sur les murs exposés, préférer des bardages de couleur claire
  • Limiter la largeur du bâtiment. Préférer, pour les gros troupeaux, les structures multichapelles.

Le bâtiment doit ressembler à un parasol mettant les vaches à l’ombre sans le moindre obstacle à la circulation de l’air.

 

Réaliser un compromis avec les besoins hivernaux

Il est impossible d’avoir un bâtiment bardé sur les 4 faces avec des matériaux fixes. Le bâtiment adapté aux besoins toute l’année doit avoir des ouvertures très modulables pour la ventilation.

  • Poser des bardages ajourés (Ouverture possible jusqu’à 50%)
  • Généraliser la présence de portails
  • Installer des bâches ou filets enroulables

Un premier diagnostic de la ventilation naturelle doit être réalisé avant de se lancer dans des investissements

 

Abaisser la température perçue par l’animal par des moyens mécaniques

En situation à risques marqués et fréquents (plaine, bâtiments chargés), l’installation de ventilateurs est intéressante. Oublier les anciens ventilateurs de faible diamètre (~ 1m). Ils sont peu efficaces sauf en salle de traite. La zone couverte est peu importante et les animaux se concentrent sous le brasseur. Préférer les ventilateurs à flux horizontaux et encore mieux les ventilateurs brasseurs de grand diamètre. Néanmoins leur efficacité reste relative. Pour avoir un réel effet il faut un nombre suffisant de ventilateur (tous les 6 à 10 m selon les modèles). L'investissement est important.Demandez l'avis de nos conseillers d'élevage.

 

 

La brumisation est efficace ou dangereuse selon son utilisation

La brumisation peut effectivement abaisser la température de quelques degrés (1 à 1,5°C). Mais elle contribue à augmenter l’humidité du bâtiment et donc l’inconfort des animaux. Les technologies ne sont pas toutes équivalentes

  • Rampes de pulvérisation basse pression : gouttes trop grosses pour permettre l’évaporation. Beaucoup d’humidité et peu de refroidissement
  • Rampes haute pression : bonne efficacité du refroidissement. Mais entretien délicat.
  • Disques rotatifs à grande vitesse : gouttes très fines et refroidissement élevé. Investissement important.

Suite à ces aménagements, assurez-vous que les animaux soient bien répartis dans l’ensemble du bâtiment.

 

Jean-Philippe GORON, Adice

 

 

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