Face au réchauffement climatique, les progrès génétiques du sorgho en font une culture d’avenir.
Les sécheresses de plus en plus fréquentes pointent les limites de la culture du maïs. Pour sécuriser les systèmes fourragers l’implantation de cultures moins gourmandes en eau peut être envisagée. Plus résistant et plus productif que le maïs dans des conditions de déficit hydrique, le sorgho apparait comme une alternative intéressante.
En dérobé après un fourrage récolté au printemps
Il n’y a aucun intérêt de faire un sorgho où l’on peut faire un maïs ensilage à plus de 12 TMS. Il est surtout intéressant dans les parcelles séchantes ou non irriguées. Ses besoins importants en chaleur le destinent en priorité aux zones de basse altitude, en dessous de 600 mètres. Son atout majeur est sa complémentarité dans le système fourrager. Il peut être placé en dérobé après un premier ensilage de méteil, ray-grass/trèfle incarnat….. L’implantation doit se faire sur une terre bien réchauffée, à 12°C minimum, entre le 15 mai et le 10 juin selon les départements et les années. La préparation du sol doit être fine pour assurer un bon contact entre la terre et la graine, à 2 à 3 cm de profondeur.
Priorité au BMR pour la digestibilité
Les variétés BMR possèdent un gène qui leur confère une plus faible teneur en lignine donc une meilleure digestibilité. Pour associer rendement et valeur alimentaire on s’orientera vers des variétés de sorgho fourrager BMR que l’on exploitera en mono coupe destinée à l’ensilage. La sélection s’est accélérée ces dernières années. Les variétés de sorgho mono coupe sont classées en deux groupes, le groupe 1 pour les variétés précoces à demi-tardives et de taille moyenne et le groupe 2 pour les variétés demi-tardives à très tardives et de plus grande taille. Le choix du groupe de précocité devra être adapté à la date de semis et aux sommes de températures potentielles sur le secteur.
Désherbage : un point clé
Le semis doit être réalisé sur un sol propre. Il faut éviter les parcelles fortement envahies en graminées estivales, surtout le panic faux-millet et le sorgho d’Alep pour lesquels il n’existe pas de solutions de lutte chimique dans la culture. On évitera un semis trop précoce pour que le sorgho lève rapidement, de manière homogène afin de prendre le dessus sur les adventices. Deux stratégies possibles : application en post-semis pré-levée ou en post-levée précoce au stade 3 feuilles du sorgho. S’il y a un apport de fumure organique, on envisagera un complément de 60 unités d’azote sous forme minérale pour augmenter les chances de levée rapide. Attention à ne pas trop sur-fertiliser la culture qui a tendance à verser.
27% de MS à la récolte, 1/3 de la ration au maximum
La récolte s’envisage de 110 à 140 jours après le semis pour espérer atteindre le seuil de 27 % de MS. Il convient de régler l’ensileuse pour faire des brins longs sans éclateur, indispensables pour conserver une bonne structure du fourrage au silo et dans la ration des vaches laitières. Dans des conditions idéales on peut viser un rendement de 10 à 12 TMS / Ha. Dans les rations vaches laitières, il est conseillé de l’introduire à raison 30 % maxi de la ration de base. Avec une teneur en sucre entre 22 et 25 %, il se marie bien avec le maïs ensilage et permet de ne pas dépasser 23 % d’amidon dans les rations maïs pour éviter les problèmes d’acidose. Si toutes les conditions sont réunies, on observe une légère augmentation de l’ingestion d’environ 0,5 kg de MS/VL/j et une production de lait identique. Le sorgho peut aussi venir compléter des rations à base d’herbe et de méteil, les apports énergétiques devront être soutenus notamment en amidon (maïs épis par exemple).
Patrice MOUNIER – Haute-Loire Conseil Elevage
" Gaec de l'Etang, Chevroux (01)
Les associés du GAEC ont décidé d’implanter en 2018 du sorgho BMR, pour trouver une solution de substitution au maïs ensilage, qui résiste de moins en moins aux stress climatiques (sécheresse, fortes chaleurs) dans les sols sableux.
Deux variétés ont été semées : la variété « Elite », qui est un petit format, ainsi que la variété « Big Kahuna », qui est une variété de mâles stériles, de grand format.
La technique culturale se rapproche de celle du maïs : faux semis au 15 avril, puis épandage de 30m3 de lisier au 20 mai. Le semis a été fait le 25 mai, à l’aide d’un semoir à betteraves, pour un écartement de 45cm. L’engrais starter a été incorporé au semis. Le désherbage a été fait en pré-levée, et 120 kg d’urée ont été apportés courant juin.
Le sorgho a été ensilé dans la première quinzaine de septembre.
Les valeurs alimentaires se rapprochent là aussi du maïs ensilage avec 0.95 UFL, 46 PDIN et 55 PDIE.
Il s’est intégré dans la ration hivernale, 8 kg d’ensilage de sorgho venant s’ajouter aux fourrages de base : 15 kg d’ensilage de maïs et 7 kg d’ensilage de Ray Grass. Les vaches ont produit 30 kg de lait tout l’hiver.
Florine DAMIANS, Acsel