Solutions alternatives à l'usage des antibiotiques

Gilles GROSMOND, est intervenu le 24 février 2017 au colloque organisé au Lycée Agricole du Valentin par les Conseil Elevage de l’Ardèche, Drôme et Isère dans le cadre de la Quinzaine du conseil en élevage. Une cinquantaine de personnes ont bénéficié de sa vision sur les alternatives à l'utilisation des antibiotiques en élevage laitier. L'objectif principal est pour lui d’arriver à apporter la sérénité dans l'élevage. Cette journée était gratuite pour les éleveurs grâce au soutien financier du Conseil Régional Auvergne Rhône Alpes et du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes.

 

 

Le contexte autour de l’antibiorésitance

L’antibiorésistance : c’est un phénomène qui existe depuis toujours lié à l’adaptation des bactéries au milieu. L’utilisation d’un antibiotique à un moment donné permet de résoudre un problème sur une courte durée mais du coup les bactéries s’adaptent aux antibiotiques et ils ne sont alors plus efficaces.

On sait que 30% des bovins ont été confrontés aux antibiotiques au moins 1 fois dans leur vie (15% chez les poissons, 110% chez les volailles). S’il y a traitement cela conduit forcément au relargage dans le milieu, donc on impacte l’environnement. L’élevage bovin est donc loin d’être le mauvais élève par rapport à l’utilisation d’antibiotique.

Pour autant, l'Etat a mis en place un plan écoantibio orienté sur 4 axes :

  • Le bon usage des antibiotiques
  • Le développement d’alternatives pour limiter l’utilisation des antibiotiques
  • Le renforcement de l’encadrement pour réduire les pratiques à risques
  • Le suivi par l’état d’« antibiorésistance ».

 

La gestion du tarissement

Un focus a été fait autour du tarissement car à ce moment là, l’éleveur laitier utilise de façon trop systématique les antibiotiques et crée un phénomène d’antibiorésistance. Pour Gilles Grosmond, iI faut revoir son protocole et roder sa technique car 85% des vaches ne devraient pas recevoir d’antibiotique lors du tarissement. Il faut commencer par cibler les animaux nécessitant un traitement ou pas.

Mais comment tarir autrement ? Il faut couper le lait et cela va se faire grâce à un déficit énergétique drastique (de la paille et de l’eau), mais aussi par la rupture des rythmes : la vache ne devrait plus entendre la machine à traire. Des solutions en homéopathie peuvent aider à passer ce cap.

La vache va subir une surpression au niveau de sa mamelle ; c’est un phénomène normal qui va entrainer la libération de lactoferrine qui elle a pour rôle de nettoyer la mamelle. Les sphincters vont s’ouvrir un peu naturellement, puis se refermer en créant un bouchon de kératine en 15 jours chez la vache. L’autre période à risque est la période des 3 semaines avant la mise bas : l’équilibre alimentaire est là un élément majeur. En effet une suralimentation protéique à un effet congestif sur la mamelle qui entraine l’ouverture des sphincters.

La chèvre quant à elle ne subira pas ce phénomène d’ouverture des sphincters du fait de leur plus grand dynamisme. Il s’agit donc bien la de la 1ère période à risque en terme de contamination. Cela se gère par un logement irréprochable avec de la paille de qualité.

 

L’état de bonne santé

Les solutions alternatives travaillent sur le potentiel de réactivité de l’animal. Il faut travailler sur l’immunité globale du troupeau pour parvenir à un état stable de bonne santé.

L’état stable de bonne santé est lié à 3 éléments :

  • Homéostasie, c’est le respect de l’animal pour qu’il se règle tout seul quand il en a besoin) L’homéostasie est lié entre autre à l’Eau et la Soif, L’alimentation et la Faim, L’Oxygène, la Température de confort, le Bien-être et les Conditions d’élevage.
  • Immunité, c’est la capacité à résister aux microorganismes nuisibles. 80% de l’immunité est innée et 20% est adaptative en fonction des maladies rencontrés et des équilibres.
  • Symbiose, c’est la capacité à aller chercher les équilibres, cela nécessite de comprendre les interactions qui modifient l’état de bonne santé.

Pour stimuler l’immunité, il y a 2 possibilités. Les oligo éléments sont favorables à l’immunité cellulaire, les vitamines quant à elles participent à l’équilibre microbien donc à l’immunité de barrière.

Les besoins en vitamines chez les Bovins sont les suivants :

  • Vit A : 4 000 000 UI/mois
  • Vit D : 400 000 UI/mois
  • Vit E : 4 000 UI/mois

 

Les vitamines sont stockées au niveau du foie pendant 20 jours donc un apport mensuel peut être suffisant. Les vitamines issues des foies de poissons seraient plus efficaces mais elles sont plus rares.

Pour faire de l’immunité avec les minéraux il faudrait apporter 20% de plus que les doses recommandées.

Il est aussi possible de faire faire une analyse de poil pour faire le bilan minéral des 2 derniers mois.

 

Un zoom a été fait sur la prévention des maladies néonatales

Le Kéfir de lait a tout sa place dans ce système. L’objectif est alors de constituer une flore de qualité et équilibré qui va envahir le milieu (tube digestif) pour ne pas laisser de place aux pathogènes.

Il se fabrique avec 5 g de poudre de kéfir (on la trouve en magasin diététique) auquel on rajoute 2L de lait. Il faut laisser fermenter 3 jours à 20°C. Le Kéfir est prêt il faut alors distribuer 50 ml de ce Kéfir de lait à chaque veau avec son lait à chaque repas pendant au moins 3 semaines. A chaque fois qu’on prend du Kéfir de lait, il faut rajouter du lait afin de relancer la production de kéfir.

 

 

 

Hiérarchiser les solutions alternatives

Les solutions alternatives ont une réelle efficacité dans un contexte de bonne immunité, sinon elles auront peu d’intérêt et ne vous satisferont pas. Quel quels soient il faut se former…

En conclusion, pour changer de cap en termes de traitement, Gilles Grosmond conseille :

  • Faire le bilan du système en place
  • Rechercher un conseil autorisé (besoin de plus d’analyse qu’auparavant…)
  • Avoir une vision globale et détaillé de l’élevage
  • Renoncer à toutes les recettes
  • Etre ambitieux sur les résultats recherchés
  • Augmenter son savoir donc se former = gain d’efficacité et de simplicité
  • Ne pas refuser la sérénité…

 

 

 

Cette conférence a été permise grâce au soutien financier de la Région Auvergne Rhône Alpes et du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes

 

 

Odile SEIVE- Ardèche Conseil Elevage

 

Tags: