Sol/Plante/Animal, écrivez votre histoire

« Chouchoutez votre sol, séduisez par vos fourrages et bichonnez votre prépa vêlage ! », tel pourrait être le résumé des enseignements des deux jours de la formation proposée par Rhône Terre.

 

 

 

Valoriser les sols pour produire des fourrages

La première journée, consacrée au lien du sol à la production de fourrages, a été animée par Chrystel BAUDINET, conseillère agro-fourrages à la Chambre d’Agriculture du Rhône et Patrice DUBOIS, directeur de Rhône Conseil Elevage. L’objectif était de rappeler les notions de base de fertilité d’un sol, pour permettre à chacun de pouvoir appréhender le niveau de fertilité de son sol. Adapter les pratiques permettra à la fois de le « chouchouter » tout en produisant des fourrages « séduisants » pour les animaux, adaptés aux besoins de chaque système de production.  

Il a été proposé aux stagiaires un exercice permettant à chacun d’évaluer la cohérence de son système grâce à un panel d’indicateurs technico- économiques. Savoir évaluer la cohérence était alors incontournable avant tout apport technique. Les échanges furent nombreux et constructifs, mettant également en avant la diversité des systèmes des stagiaires présents. 

 

Fertilité, matières organiques et conservation du sol

 « Un sol fertile assure efficacement une production d’éléments nutritifs et leur transfert vers la plante pour une production de biomasse espérée », a rappelé l’intervenante. L’objectif est de permettre aux éleveurs d’évaluer simplement cette fertilité sur leurs parcelles grâce à la structure du sol, aux indicateurs d’analyses, à la vie biologique du sol. La fertilité inclue nécessairement les matières organiques et leurs divers rôles dans le fonctionnement du sol. Les stagiaires ont ensuite pu compléter cette approche par la réalisation sur le terrain d’un mini-profil 3D, permettant d’évaluer la structure du sol, le développement des systèmes racinaires, la présence de vers de terre.

Parmi les pratiques mises en avant afin de préserver et d’améliorer la fertilité de son sol, l’agriculture de conservation a été présentée aux stagiaires : couverture permanente du sol, allongement et diversification des rotations, réduction voire suppression du travail du sol. L’idée est à la fois de protéger et d’enrichir son sol pour en améliorer la fertilité, tout en valorisant les intercultures en production de fourrages. 

 

Du sol à la qualité des fourrages et la santé des bovins 

Le deuxième volet de la formation a été présenté par Patrice Dubois et Pauline Otz, vétérinaire. Un temps explicatif où les intervenants sont revenus sur le lien entre la qualité des fourrages et la santé des animaux. 

En introduisant la journée, Nina Leuci, ingénieure conseil en santé animale GDS 69, a dévoilé le programme : « On a besoin de plantes en forme pour obtenir un fourrage séduisant pour les bovins, avec de l’appétence et qui soit source d’énergie. On verra aussi quel fourrage pour quel type d’animaux et les indicateurs laitiers et sanitaires pour analyser si le système est cohérent dans sa globalité. »  

 « Il n’y a pas de ration parfaite, on juge la santé des animaux en fonction de la réponse qu’ils donnent, de leur longévité et de la reproduction », explique Patrice Dubois. « Il faut penser vache et prendre en compte les NDF (fibre au détergent neutre) non digestives, rappelle le directeur. Concernant les matières minérales, plus la récolte est tardive et plus le fourrage perd en appétence.»  

 

Préparer pour mieux démarrer

Il faut aussi comprendre ce que disent les vaches, « la prépa vêlage est une phase cruciale pour la santé du troupeau », rappelle Pauline Otz. Après s’être positionnés sur le nombre de vêlages difficiles et de non-délivrances, les éleveurs ont aussi échangé au sujet des mammites et des traitements donnés ainsi que de la mortalité et maladie des veaux. « Une bonne préparation vêlage implique un bon démarrage pour le post-partum et pour la lactation », précise la vétérinaire. Ne pas négliger le tarissement qui est une étape clé. « La note d’état corporelle doit rester stable pendant cette période », conseille Pauline Otz. Après vêlage, l’objectif est d’absorber le maximum d’énergie en développant la flore microbienne et les papilles. « On a 4 à 6 semaines pour développer les papilles en concentrant les rations en énergie. Les papilles aident à dégrader et il faut être prêt à recevoir le défi du début de lactation », enseigne Patrice Dubois. Il faut pousser l’ingestion car le jour du vêlage, « c’est 100 kg qui disparaissent, il faut préparer la digestion », ajoute la vétérinaire. Comme le rappelle Patrice Dubois, « le jour du vêlage est un moment stratégique où se joue  la carrière des futures génisses et la lactation de la vache. Si on réussit, tout est très bien lancé ». 

En post-vêlage, plusieurs problèmes peuvent survenir. Au niveau métaboliqe par exemple avec l’hypocalcémie et l’acétonémie. « Avec l’entrée en lactation, il y a des problèmes de calcium. L’hypocalcémie, accentue les chances de non-délivrance », explique la vétérinaire. Les formes cliniques sont facilement identifiables, mais les subcliniques sont fréquentes et ont un impact économique fort. Deux catégories sont à protéger, les primipares et les fortes productrices.

 

S’évaluer pour évoluer 

Les éleveurs se sont évalués sur la présence des vers de terre, la séduction de leurs fourrages et la forme de leurs vaches. Chacun s’est prêté au jeu et a donné un axe d’amélioration qu’il pensait déjà à mettre en œuvre sur son exploitation. Que ce soit l’apport de fumier à l’automne, l’amélioration de sa préparation vêlage, l’implantation de prairies ou encore la progression du confort du troupeau en été, les éleveurs sont tous repartis en ayant en tête un système de production optimale pour un bon fourrage et pour améliorer la santé de leurs animaux.

 

Charlotte Favarel, Information Agricole du Rhône

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