Soja et Colza de pays, c'est possible !

Les rations de nos régions à base de foin ou pâture, céréales et tourteaux du commerce sont désespérément pauvres en matière grasse

Même avec du Maïs grain (4 % de MG), on arrive difficilement à 2 % de matière grasse sur la matière sèche totale ingérée. Les recommandations sont entre 3 et 4 %. Conséquences : des taux de MG plus bas et la qualité organoleptique des fromages qui peut s’en ressentir.

Malgré leur coût élevé, les additifs à base d’huile de palme sont efficaces, mais ne conviennent pas à tous les éleveurs, que ce soit pour des raisons éthiques ou à cause d’un cahier des charges plus restrictif.

 

 

Des solutions locales !

C’est dans ce cadre que les tourteaux gras de type Expeller sont arrivé il y a quelques années : colza ou soja dit de pays sans OGM, dont les procédés d’extraction permettent de garder 8 % de MG (contre 2 % pour un tourteau classique).

Les graines de colza ou soja sont triturée par la société EXTRUSEL à Chalon sur Saône et mises sur le marché par les fournisseurs. Ces tourteaux sont disponibles pour les caprins : colza expellor, soja expellor ou mélanges dit Duo, voire trio avec une proportion de tourteau de lin. Les résultats techniques, l’appétence et la qualité des fromages sont au rendez-vous, avec une meilleure couverture en énergie et des recherches d’équilibres de ration satisfaisants.Les rations dépassent les 3 % de MG.

 

Des résultats encourageants

Jean François Cuaz, éleveur fromager à CERSOT (71), utilise depuis 3 ans les mélanges de tourteaux duo colza/sojaexpellor. Un mélange céréales/pulpe de betterave est livré par le fournisseur et l’éleveur module la proportion de tourteaux en fonction de la valeur des fourrages et du stade de lactation des chèvres. Cela lui permet d’être au plus près des besoins des animaux et d’être plus réactif sur les périodes clef de la lactation. La production est de 870 kg de lait pour 105 chèvres.

 

Jean-Luc Nigoul, ACSEL

 

 

 

 

« Exemple du GAEC Lepin

Progresser grâce à la génétique

 

Le GAEC Lepin, exploitation de 3 associés avec une salariée, située sur la commune d’Ancy (69) conduit 147 chèvres de race Alpine et 40 vaches laitières, le tout en transformation fromagère. La production est 1300 kg de lait à 40 TB et 34 TP, adhérent à Capgènes depuis 1992 et au contrôle laitier depuis 1979.


Selon vous quel est l'importance de la génétique  pour obtenir des taux élevés?

La génétique est un critère très important. On accouple les chèvres en fonction de leurs index : si ceux des taux sont trop faibles on privilégiera plutôt des boucs améliorateurs en taux. Sinon on ramène du lait. Il est important de connaitre la valeur génétique de l’ensemble des animaux ainsi que leur filiation.


Quels sont vos critères de choix pour sélectionner vos chèvres à l'IA?

Nous faisons  deux lots d’IA : un en juin et l’autre en août. Toutes les primipares et les chèvres dessaisonnées  sont inséminées  en  semences congelées (87 chèvres en 2017). Les chèvres ayant eu une lactation longue sont inséminées en semence fraiche avec des boucs ayant de bonne origines. Nous sélectionnons les index les plus élevés et de préférence en qualification A et B pour faire nos mères à bouc. Cette année nous avons décidé d’inséminer quelques chevrettes pour avancer plus vite en génétique. 


Pensez-vous à d'autres facteurs influençant les taux?

Depuis 1 an nous utilisons un feed-car, ce qui permet de fractionner la ration de concentrés. Nous achetons du foin de Crau .Il nous a permis d’améliorer notre TB. De plus on a fait incorporer 5% de  matière grasse protégée directement dans l’aliment.


A l'avenir comment pensez-vous maintenir voire améliorer vos rendements fromagers?

La génétique est un travail de longue haleine qui porte ses fruits. Pour l’avenir notre ligne de conduite sera la même pour maintenir le rendement fromager. 

 

Propos recueillis par Séverine FONTAGNERES, Rhône conseil élevage

 

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