Après 3 années d'interruption, les conseillers de la zone FIDOCL se sont réunis mardi 26 et mercredi 27 avril dans le cadre du séminaire régional. Plus de 100 personnes étaient présentes au lycée agricole de Ressins, dans la Loire.
Le séminaire s'est scindé en deux : une première journée dédiée à des ateliers pratiques autour du métier de conseiller, tandis que la seconde a laissé place à deux conférences animées par des intervenants extérieurs.
Ainsi, quatre ateliers se sont déroulés le jour 1 :
- un atelier sur la méthanisation, grâce à Pierre-Yves Dubois (Keraden) qui travaille principalement sur l'agronomie et la conservation des sols. Ses différentes interventions se sont concentrées sur les principes de base de la méthanisation (la production de rumen, la vie biologique du sol, les entrées de CO2) mais aussi le fonctionnement d'une unité de méthanisation (alimentée par les plantes et les déjections animales) et la composition du biogaz (50% méthane, 40% CO2, souffre, etc.). M. Dubois en a profité pour rappeler que l'objectif d'un atelier de ce type était de générer du chiffre d'affaires complémentaire. L'enjeu est de produire un maximum de biomasse végétale : cela suppose un volume conséquent et une bonne valeur alimentaire pour le troupeau. La restitution des effluents et des digestats au sol est un élément essentiel. Les objectifs fixés peuvent être à court, moyen ou long termes et être adaptés à l'échelle ferme (améliorer la fertilité des sols, produire de la biomasse végétale) ou territoire (gestion du carbone, maitrise des risques environnementaux)
- le groupe robot FIDOCL a mis en place un atelier autour des robots. Le groupe a rappelé les éléments clefs à vérifier avant de procéder à une installation robot : faire un point sur le stock de fourrage, la fosse, le réseau internet (échanges de données). Prendre en compte également la maçonnerie, les différences (techniques et financières) entre les marques, les racleurs, etc. A partir d'études réalisées dans nos départements, il apparaît que les coûts de fonctionnement varient selon les marques entre 9€ et 14€ les 1000 litres. Il est cependant difficile de comparer les contrats. Autres éléments à prendre en considération, le coût des aliments (concentrés), la qualité du lait, l'âge au vêlage et les coûts de production.
- le chef d'exploitation du lycée agricole de Ressins a assuré une visite de la ferme et des installations du site. L'exploitation accueille plus de 100 vaches laitières de race Montbéliarde, pour un droit à produire de 830 000 litres de lait. 2 systèmes de traite, un lot robot et un lot salle de traite, avec deux systèmes d'alimentation. Sont également présents des brebis, des chèvres, des porcs, une unité de méthanisation, un atelier de transformation et une boutique (dont les ventes progressent de 10% chaque année). Les bâtiments accueillant caprins et ovins seront détruits et reconstruits dans les 2 ans à venir. 6 salariés se relaient sur la ferme, auxquels s'ajoutent les élèves du lycée. Le méthaniseur a représenté un investissement de 1,5M€, amorti sur 20 ans, et 20K€ de revenu pour 6/7K€ de marge nette par mois. Au-delà de permettre le regroupement du stockage des effluents, il est entièrement auto-financé.
- enfin, le groupe FIDOCL alimentation a préparé un jeu sous la forme d'un tour de ferme autour du conseil sans données de contrôle de performance ni logiciels. Les équipes avaient pour mission d'analyser les silos d'herbe, de maïs, de foin, en estimant les valeurs, la matière sèche, les odeurs, mais aussi la ration, l'état des vaches, les bouses et les logettes. A partir de l'ensemble des données récoltées grâce à l'observation, l'odorat, le toucher et la consistance, il convenait de proposer des améliorations concrètes à court et moyen termes.
Le jour 2 était donc consacré à deux interventions :
- la première conférence a été animée par deux agriculteurs du GIEE de Magellan, Jérôme Séguinier et Romain Maillault, et portait sur l'agriculture de conservation. Créé en 2014, le GIEE est passé de 6 à 36 membres (céréaliers, polyculteurs-éleveurs), tous répartis dans la Nièvre, avec l'objectif suivant : réussir la transition vers l'agriculture de conservation. En partant d'un constat de problèmes en fertilité des sols et d'impasses techniques en désherbage, ils ont souhaité augmenter leur rentabilité par l'agronomie. Le GIEE fonctionne au travers d'aterliers de co-conception, de tours de plaine, d'expérimentations, d'échanges et de communication. L'agriculture de conservation est née dans les années 1930 aux Etats-Unis (à la suite de graves problèmes d'errosion des sols) et s'est développé dans les années 2000 en France. L'objectif est d'avoir une activité biologique du sol, de la matière organique et une strucutre du sol, à travers 3 piliers : limiter le travail du sol, une rotation diversifée et une couverture permanente des sols. Le couvert permet de piéger le nitrate, de structurer le sol, de gagner de la matière organique, mais aussi de donner une bonne image de l'agriculture et de valoriser en alimentation animale ou débouché énergétique. Exemple de rotation chez Jérôme Séguinier : prairie => blé => maïs ensilage => blé => méteil
- la seconde a mis en avant la stratégie de la filière laitière pour se positionner comme une filière d'avenir, avec les présentations de Benoît Rouyer, directeur prospectives économiques du CNIEL, et Alain Plan, directeur du CRIEL Alpes Massif-Central. Il fût d'abord question de l'évolution du 10 dernières années et notamment une baisse de la collecte de 5% en France depuis 2015, 7% en AURA. On note une hausse des prix des produits laitiers depuis la loi Egalim. Globalement la confiance dans la filière est bonne (75% envers les éleveurs, 72% envers les produits laitiers) mais la tendance est à la baisse. Si l'on se projette sur les 10 prochaines années, les produits laitiers devraient connaître une croissance annuelle moyenne de 1,7%, 0,5% en UE, et l'Asie jouer un rôle croissant. Pour faire face aux défis, l'interprofession laitière a dressé une feuille de route avec les grandes lignes suivantes : une filière responsable, compétitive, rémunératrice, diverse, résiliente, qui crée davantage de valeur, avec des produits simples, essentiels et vecteurs de plaisir. Afin de rendre l'élevage et nos exploitations plus attractives, le CRIEL AMC a mis en place une charte d'avenir bovin lait qui prévoit des dispositions particulières pour les jeunes installés, mais aussi un plan d'actions collectives autour de l'animation, de la communication, du partage d'informations et un lien avec les dispositifs des chambres d'agriculture.
Merci au lycée agricole de Ressins pour son accueil, merci à tous les intervenants pour leurs présentations, à tous les animateurs d'ateliers et à l'ensemble de nos conseillers pour leur présence et leur implication !