Santé de la mamelle : se donner les moyens de la protéger

Quel que soit le département, la race du troupeau, le type de bâtiment, de système de traite… des éleveurs arrivent à avoir de très bons résultats qualité du lait, dans tous les systèmes,  avec de la rigueur. Dans le cadre du programme national « Réduire et prévenir les mammites en élevage laitier bovin » orchestré par le CNIEL et l’Institut de l’Elevage, un état des lieux a été réalisé en Rhônes-Alpes.

 

 

Voici l’évolution des taux cellulaires sur nos départements depuis 2003 :

Les taux cellulaires départementaux ont évolué depuis 10 ans. Pour tous les départements, la même tendance est visible : taux cellulaires plutôt bas de 2003 à 2005, dégradation de 2006 à 2008 et stagnation depuis. Le contexte laitier peut expliquer, en partie, ces évolutions notamment  à partir de fin en 2008 où la production laitière nationale s’est tassée. Ainsi, les réformes ont augmenté dans les élevages et la sélection s’est faite sur des animaux à problème et notamment sur les vaches infectées.

 

Par contre, les niveaux cellulaires départementaux ne sont tous au même niveau. Pour preuve, la Haute-Savoie, avec ses atouts et ses contraintes, arrive à maintenir des comptages départementaux en dessous de 200 000 cellules somatiques. C’est possible mais il faut s’en donner les moyens.

Dans ce département, une attention toute particulière est apportée à la maîtrise des moyens de prévention et de suivi. L’hygiène est au cœur des préoccupations malgré des conditions de traite parfois difficiles l’été. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

EARL du petit Ramard : obtenir de bons résultats en terme de qualité du lait dans des conditions de logement difficiles.

L’EARL du PETIT  RAMARD se situe  à  Condrieu, sur un plateau séchant du sud du département du Rhône. Actuellement, sur cette exploitation, travaillent Marc Bouchet, sa fille Alice, son neveu Quentin et 3 salariés. La ferme regroupe 50 ha SAU répartis entre le maïs irrigué, des céréales autoconsommées et des prairies. La production est de 170000 litres de lait livrés  à la laiterie Guilloteau de Pélussin et  230000 litres transformés en fromages.

Quentin, le responsable du troupeau, apporte énormément d’attention à ses 40 vaches Prim’Holstein à 11800 kg à 31,5 g de TP. La grosse contrainte de cet élevage est le bâtiment qui est très restreint. L’aire paillée n’offre que 6 m2/V.L. L’aire de  promenade est en pente ce qui cause de nombreuses glissades malgré le rainurage et le traitement à la chaleur des surfaces bétonnées. La salle de traite (2 X 3 avec décrochage automatique) est vieillissante : les animaux ont beaucoup de mal à se placer correctement sur les quais,  le gabarit des animaux ayant augmenté.

Malgré ces contraintes, les éleveurs souhaitent avoir des animaux propres. Pour cela, le paillage est fait 2 fois par jour et les bouses sont recouvertes dans la journée. La quantité de paille apportée est importante (environ 1,8 kg / m2) ce qui entraine un échauffement important. Pour limiter cet inconvénient, l’aire paillée est curée systématiquement  toutes les 2 semaines. Pour avoir plus d’hygiène, la queue, le bas ventre, les cuisses et la mamelle de chacune des vaches sont tondus en début d’hiver. Comme le signale Quentin : « la bonne qualité du lait commence par la propreté des animaux ».

Pour obtenir les meilleurs  comptages cellulaires et limiter le nombre de mammites cliniques, le travail se poursuit au niveau de la traite et de la salle de traite. Le trayeur souhaite une traite la plus calme possible. La préparation des trayons et  de la mamelle est faite avec un prétrempage à la mousse. L’essuyage est réalisé avec une lavette individuelle en tissu. Ensuite un papier permet de sécher et de terminer le nettoyage des trayons. L’important pour Quentin est de brancher des trayons parfaitement  propres et que les vaches soient stimulées de façon optimale (ce que montre l’analyse des lactocorders). Avec un haut niveau de production, les sphincters sont sollicités. Donc, il faut que le temps de traite soit le plus court possible.

Pour ces éleveurs, dans  la «chasse » aux cellules, la salle de traite est un maillon clé. Elle doit être parfaitement entretenue (nettoyage des quais après chaque traite). Le lavage de l’installation doit respecter les normes préconisées (température de l’eau, dosage de lessive, turbulence, durée…). De plus ici, avec de la transformation fromagère, on ne peut pas se permettre de prendre le moindre risque. La machine à traire doit être aussi parfaitement réglée car elle peut entrainer des traumatismes irréversibles sur les trayons. Le produit de post- trempage doit assurer une protection des quartiers vis-à-vis des germes d’environnement (point faible de l’élevage) et il doit également préserver la qualité de la peau des trayons.

Quentin précise que la détection des mammites cliniques est primordiale : « la détection des mammites passe avant tout par une très bonne connaissance de mes vaches. Dès que j’ai un doute, je trais les 1ers jets dans un bol à fond noir ». En cas de problème, un traitement antibiotique approprié est appliqué au plus vite. Pour cela, les analyses bactériologiques sont un appui apprécié.

Sur les 12 derniers mois, les résultats sont les suivants :

  • Moyenne des comptages cellulaires  au C.L : 157000 cellules
  • 12 mois sur 12 en qualité globale à la laiterie
  • 92 % des CCI < 300000
  • 2% des CCI > 800000
  • 15 mammites cliniques traitées

Dans cet élevage, pour traire un lait de qualité,  les mots d’ordre sont l’HYGIENE et la RIGUEUR. Malgré un bâtiment ancien, les chiffres  montrent que la prévention a un rôle important.

 

Hervé  DESPINASSE, Conseiller d’élevage au SPEL 69

 

 

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