Pour avoir de bons résultats en première IA il est indispensable de suivre les courbes de croissance permettant d’atteindre les poids à âge type et de mettre en place un système de détection des chaleurs performant. Depuis quelques années les bilans fertilité des lots de génisses montrent une baisse de la réussite à l’IA. Si les fortes chaleurs estivales sont souvent incriminées, il y a néanmoins des fondamentaux à respecter pour inverser la tendance.
200 kg à 6 mois et 420 kg à l’IA
Pour assurer une bonne croissance et optimiser la réussite à l’IA, il est indispensable d’offrir aux génisses les meilleures conditions possibles. Travailler avec des lots de génisses homogènes facilite la conduite. Les six premiers mois d’une génisse ainsi que la période autour de l’insémination sont primordiaux.
Une bonne croissance durant la phase 0-6 mois (objectif : 200 kg à 6 mois) favorisera une puberté précoce et un taux de réussite élevé en 1 ère IA. Un retard de croissance peut entrainer un retard de cyclicité important, jusqu’à 4 à 5 mois.
Ne pas vouloir rattraper un retard de croissance avant six mois par des croissances excessives entre 8 et 15 mois est très pénalisant pour la réussite à l’IA. Les éléments clés sont 420 kg à l’IA, une ration équilibrée sans négliger les oligo-éléments et les vitamines.
Les erreurs à éviter : pas d’insémination pendant une transition alimentaire et pas d’excès d’azote. Enfin, pensez à déparasiter les génisses avant la mise à la reproduction et assurer une bonne ambiance dans le bâtiment (ventilation, humidité, abreuvement, logement…). L’utilisation de semences sexées est à éviter si toutes ces conditions ne sont pas réunies.
Avant tout, trouver le bon timing
Comme pour les vaches, une observation régulière et efficace des génisses est essentielle pour maîtriser la mise à la reproduction. Une surveillance assidue permet de détecter les chaleurs, de suivre la cyclicité des animaux et d’inséminer au meilleur moment. Aujourd’hui, il existe de nombreux outils très performants pour aider à la détection des chaleurs.
Il est préférable d’inséminer en fin de chaleur lorsque la génisse ne se laisse plus chevaucher : soit entre 12 et 24h après le début de ses chaleurs. Il est également préférable de ne pas mettre une élève à la reproduction dès ses 1 ères chaleurs. En effet, il existe une corrélation positive entre la fertilité et le nombre d’œstrus après la puberté. Les génisses sont donc plus fertiles lors de leurs 3 e ou 4 e chaleurs qu’à leur puberté.
Justine FRUGIER, Loire Conseil Elevage
« Equipe de Bertrand Bonin, Groupe d'inséminateurs à Elvanovia
Une bonne alimentation à la base de la réussite à l’IA
Quels outils pour aider à la détection des chaleurs ?
Il existe différentes méthodes d’aide à la détection des chaleurs :
• Des colliers mesurant l’activité des animaux (assisté par ordinateur).
• Des patchs de couleur à mettre sur la croupe des femelles.
• Taureau vasectomisé.
Si toutes ces méthodes ont déjà fait leurs preuves, l’œil de l’éleveur reste important.
Problèmes liés à la mise à la reproduction : comment réagir ?
Retard de puberté : Certaines génisses viennent en chaleur plus rapidement que d’autres. La précocité de la puberté peut varier en fonction de l’alimentation reçue, et ce dès le plus jeune âge. Il existe peu de solutions face à ce problème. Les éleveurs doivent faire preuve patience. La synchronisation des chaleurs peut être une alternative. Cependant, bien que cela permette de cycler les génisses, les résultats sont peu concluants en première IA.
Chaleurs silencieuses : La seule solution envisageable est la synchronisation des chaleurs.
Synchronisation des chaleurs : quels effets ?
Chez Elvanovia, la méthode de synchronisation des chaleurs la plus courante est le Prid Delta (à introduction vaginale). Il est également possible de réaliser une synchronisation par injection hormonale de type GPG (GnRH – PgF2α – GnRH).
La synchronisation est souvent utilisée par des éleveurs ayant des difficultés pour la détection des chaleurs ou souhaitant simplifier la surveillance du troupeau.
Si l’alimentation est bien maîtrisée et la mise à la reproduction suivie correctement, la synchronisation donne des résultats satisfaisants. Les éleveurs peuvent même espérer une réussite à l’IA aussi bonne, voire meilleure que sur des chaleurs naturelles.
Aléas climatiques 2018 : quelles conséquences sur la reproduction ?
Globalement, les génisses ont eu plus de mal à venir en chaleur. Elles ont également connu une baisse de fécondité en première IA. De tels problèmes ont été beaucoup moins marqués sur les vaches.
Ces aléas 2018 ont mis en avant un fait intéressant : les éleveurs ayant maintenu une alimentation régulière et équilibrée tout au long de l’année ont connu moins de problèmes lors de la mise à la reproduction de leurs génisses.
Propos recueillis par Anne-Lise MAZURAT, ACSEL Conseil Elevage