Rencontre entre éleveurs : la gestion des parcelles en Bio

Deux réunions collectives ouvertes aux éleveurs bovins laits ardéchois ont eu lieu fin mars 2017. L’objectif était de répondre aux interrogations diverses, notamment sur comment dégager une marge suffisante sur l’atelier bovin lait dans la conjoncture actuelle.

Au vue du contexte, une des pistes proposées était le passage en Agriculture Biologique et certains éleveurs, intéressés par ce sujet, se sont questionnés sur la gestion des broussailles sans produits phytosanitaires. Suite à cela, Ardèche Conseil Elevage et la Chambre d’Agriculture de l’Ardèche ont organisé le 14 avril une visite au GAEC des Vents, à Vaudevant, en Bio depuis 2009. Douze éleveurs conventionnels ont participé à cette réunion où le GAEC Ribes (Bio) a également apporté son témoignage.

 

Des révisions de pratiques : rotation et herse étrille

Après une présentation de son exploitation, Christophe Betton a mis l’accent sur le « cœur du bio » : la rotation culturale. Il implante ses céréales soit derrière luzerne (4 ans) ou trèfle (2 ans). L’ammonitrate a été remplacée par le digestat du méthaniseur, (méthaniseur collectif à Cheminas), où le GAEC des Vents emmène son fumier. Sur les prairies naturelles,l’éleveur fait le constatque « les prairies sont plus garnies de légumineuses aujourd’hui, depuis l’arrêt de l’ammonitrate (favorisant pour lui la pousse de graminées)».

Pour pallier aux mauvaises herbes sur céréales, l’accent a été mis sur la herse étrille. L’objectif est de semer avant le 15 novembre, et pour réussir le passage de herse et voir un effet, il faut passer avant le 20 février. « Même si on a l’impression d’abimer la céréale, il n’en est rien ». Antoine Ribes rajoute « Si en te retournant la parcelle te paraît jolie, c’est que tu n’as pas était efficace »

Globalement, les 2 éleveurs s’entendent à dire qu’« En conventionnel, quand tu as un problème tu trouves un moyen pour le résoudre. En bio, tu n’as pas de moyen, donc tu cherches à éviter les problèmes. Le système est moins sécurisé. Il faut tester, faire des essais sur plusieurs années pour adapter son système perpétuellement».

 

Gestion des broussailles : pâturer et broyer

Sans produits phytosanitaires, il a fallu s’adapter : « Tous les barbelés ont disparu de l’exploitation », les exploitants ont investi dans une épareuse et débrousailleuse à dos et consacre plus de temps au débroussaillage mécanique. Le fait de passer tous les ans pour ne jamais se laisser déborder est « devenue une priorité » au GAEC Ribes, et les 2 éleveurs s’accordent à dire que les parcelles sont « plus propres qu’avant ».

De plus, pour les deux éleveurs, la pression au pâturage par les génisses et taries est plus importante.

Christophe rappelle que certains de ses terrains ont peu de potentiel de production fourragère, et que sur ceux-là, il ne s’attarde qu’à maintenir l’existant.

 

Des échanges autour de l’économie

Les éleveurs ont été également questionnés sur le coût des concentrés, ainsi que la faisabilité d’arrêter complètement la complémentation azotée. La plupart des éleveurs bio abandonne les tourteaux du commerce, au profit de matière première (colza, soja,…) au vue des prix plus élevés.

Pour le GAEC des Vents, qui utilise tourteaux de soja et maïs grain, « l’arrêt du soja est impossible car on cherche à maintenir notre niveau de production à 30kg/VL » mais il a réussi à diminuer les quantités, qu’il compense par plus de légumineuses et plus de coupes de luzerne précoces et donc de meilleure qualité. Le coût du soja est de 950 € /tonne en étant d’origine française (exigence Biolait) contre 800 € sinon.

Christophe a aussi précisé aux éleveurs que, grâce aux analyses de fourrages et aux calculs de ration, il ne mettait plus de foin dans la ration des vaches. Il assure la cellulose de la ration avec l’enrubannage et ses ensilages. Cela lui permet de moins déconcentrer la ration et de ce fait, de réduire la part de concentrés distribués.

Enfin, sur le prix du lait, les éleveurs ont donné 450 € les 1000 litres en prix de base 2016.

Le GAEC des Vents et Antoine Ribes concluent ensemble que leur système leur convient comme tel, ils se sentent reconnu et appréciés et ne ferait pas le chemin inverse. Ils assurent vivre correctement de leur métier depuis leur conversion en Bio.

 

Cette réunion a été appréciée par les éleveurs, qui ont pu avancer sur leur réflexion. Tous ont été convié aux visites Bouts de Champs autour des méteils protéiques qui auront lieu sur des élevages bio ou en conversion et qui permettront de reparler d’autonomie protéique et de pratiques en bio. Ces journées auront lieu le 25 et 26 avril 2017, la première au GAEC Ribes et la seconde au GAEC de Deyras.

 

Odile SEIVE, Ardèche Conseil Elevage

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